Oyez, oyez, Toulousaines et Toulousains ! Joël Pommerat est de retour à Toulouse à partir de mercredi, et c’est un événement à ne rater sous aucun prétexte ! Dans le paysage théâtral contemporain, certaines productions se démarquent par leur capacité à captiver et à émouvoir le public. Le spectacle Cendrillon de Joël Pommerat est indéniablement l’une de ces créations essentielles qui transcendent les attentes et enchantent les spectateurs. Depuis sa création en 2011, le succès de la pièce ne se dément pas. Avec une mise en scène ingénieuse et un jeu d’acteurs remarquable, cette adaptation moderne du conte classique séduit autant par son esthétique que par sa profondeur narrative.
Cendrillon, le conte revisité
Il y a quelques années, j’avais fait un petit focus sur les contes que Joël Pommerat a adapté au théâtre : Pinocchio, Le Petit chapeton rouge et bien sûr Cendrillon. Et ce dernier est, selon moi, le plus abouti des trois. Dès les premiers instants, la mise en scène de Joël Pommerat transporte le public dans un univers onirique et étrange. À travers un savant mélange de lumières, de décors minimalistes et d’effets visuels subtils, le metteur en scène parvient à créer une atmosphère à la fois féerique, sombre et contemporaine. Chaque élément de la scénographie immerge le spectateur dans l’histoire intemporelle de Cendrillon, que ce soit le langage gestuel du narrateur sur lequel s’ouvre le conte ou la maison de verre dans laquelle vit la belle-famille de l’héroïne et sur laquelle les oiseaux viennent s’écraser…
Une distribution d’excellence
Au cœur de cette production, le jeu des comédiens et comédiennes apporte une dimension humaine et émotionnelle saisissante. Chaque personnage est interprété avec une profondeur et une nuance qui rendent l’histoire encore plus captivante, notamment Sandra et le prince (Léa Millet & Caroline Donnelly), deux jeunes enfants percutés de plein fouet par la disparition de leurs mères. Chacun gère à sa façon ce deuil, et c’est bien là tout le propos du spectacle.
Je me suis intéressé particulièrement à cette histoire quand je me suis rendu compte que tout partait du deuil, de la mort (la mort de la mère de Cendrillon). À partir de ce moment, j’ai compris des choses qui m’échappaient complètement auparavant. J’étais en mémoire des traces de Cendrillon version Perrault ou du film de Walt Disney : une Cendrillon beaucoup plus moderne, beaucoup moins violente, et assez morale d’un point de vue chrétien. C’est la question de la mort qui m’a donné envie de raconter cette histoire, non pas pour effaroucher les enfants, mais parce que je trouvais que cet angle de vue éclairait les choses d’une nouvelle lumière.
Joël Pommerat, propos recueillis par Christian Longchamp
Les acteurs incarnent avec brio les tourments et les espoirs de Sandra/Cendrillon, du prince et des autres protagonistes, offrant ainsi une dimension psychologique riche et nuancée à l’ensemble de la pièce. Le personnage de la belle-mère (Catherine Mestoussis) est particulièrement émouvant à ce titre.
Une réinterprétation poignante du conte classique
Bien plus qu’une simple adaptation de Cendrillon, le spectacle de Joël Pommerat propose une réflexion profonde sur des thèmes universels tels que la résilience, le souvenir, le temps qui passe. À travers des dialogues percutants et des moments d’une grande intensité émotionnelle, la pièce explore les facettes les plus sombres et les plus lumineuses de l’âme humaine. Le spectateur est ainsi invité à redécouvrir ce conte intemporel sous un nouvel angle, empreint de modernité et de sensibilité.
En somme, le spectacle Cendrillon de Joël Pommerat s’impose comme une œuvre théâtrale essentielle, capable de toucher les cœurs et les esprits de tous ceux qui ont la chance d’y assister. Entre une mise en scène inventive, un jeu d’acteurs remarquable et une réinterprétation poignante du conte classique, cette production offre une expérience théâtrale inoubliable, où la magie opère à chaque instant. Rendez-vous au Théâtre de la Cité du 20 au 28 mars pour (re)découvrir cette pièce majeure du théâtre contemporain.
Retrouvez nos critiques précédentes des spectacles de Joël Pommerat :
- 2015 : Ça ira (1) – Fin de Louis
- 2022 : Contes et légendes
Si vous aimez Cendrillon, vous apprécierez peut-être aussi la version de Rossini qui sera donnée à l’Opéra National du Capitole de Toulouse à partir du 29 mars dans la mise en scène de Barbe & Doucet.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.