Hier soir, avait lieu la quatrième représentation d’Eugène Onéguine de Piotr Illitch Tchaïkovski à l’Opéra National du Capitole de Toulouse. Alors qu’en début de saison les Toulousains ont pu entendre Moussorgski et son épique Boris Godounov (dans la mise en scène d’Olivier Py), le Capitole nous a invités une dernière fois en Russie avec un opéra dont le livret est lui aussi inspiré de Pouchkine. La boucle est bouclée.
Stéphane Degout est Eugène Onéguine
Dans cette nouvelle production mise en scène par Florent Siaud, c’est le baryton Stéphane Degout qui incarne Eugène Onéguine. Celui qui a triomphé dans Wozzeck en 2021 et que nous avions adoré en concert avec Raphaël Pichon (Mein Traum) est parfaitement à la hauteur du rôle qui lui a été confié.
Outre sa voix, j’ai été particulièrement sensible au jeu de Stéphane Degout, qui a su donner au personnage qu’il a incarné tout ce qu’il faut pour qu’on le trouve à la fois séduisant (et que l’on comprenne donc l’attirance que Tatiana, l’héroïne, éprouve pour lui) et détestable. On retrouve chez lui cette dichotomie, si souvent difficile à toucher du doigt. Incarné par Degout, Eugène Onéguine fait partie de ces héros que l’on adore détester, à l’instar d’Alceste (Le Misanthrope, Molière) ou Hans Karl Bühl (L’Homme difficile, Hofmannsthal). Un régal !
Une mise en scène efficace
Le jeune metteur en scène Florent Siaud était aux manettes pour cette nouvelle production. On retrouve dans cette version de l’opéra le faste de la culture russe. Les costumes (de Jean-Daniel Vuillermoz) et décors (de Romain Fabre) sont magnifiques, et les danses chorégraphiées par Natalie van Parys ajoutent encore un peu de folklore à ce somptueux cadre.
Chaque tableau commence par des phrases tirées du roman de Pouchkine, rappelant l’origine littéraire de l’opéra. Par un système de voiles transparents, ces évocations poétiques semblent flotter au milieu de la scène, comme les visages qui apparaissent parfois en filigrane tels des fantômes qui hantent les cœurs et les esprits des protagonistes. Le procédé est plutôt astucieux mais surtout très onirique.
Enfin, le spectacle est magnifié par la présence de la soprano Valentina Fedeneva qui incarne Tatiana, l’héroïne de ce drame lyrique. Sa voix puissante et claire a conquis le public, comme la longue ovation qui lui a été dédiée lors du salut a pu en attester.
Si vous n’avez pas encore vu Eugène Onéguine, pas de panique, il reste encore deux représentations les 30 juin (15h) et 2 juillet (20h) prochains.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.