Hier soir, pour sa troisième représentation, l’opéra de Puccini La Bohème a encore triomphé au Capitole. Depuis le début de la saison, les succès critique et public s’enchaînent. L’opéra Rusalka et le ballet Roméo et Juliette ont conquis les cœurs en octobre et avec La Bohème, l’Opéra National du Capitole transforme l’essai. Retour sur un spectacle qui tient l’affiche jusqu’au 6 décembre.
La Bohème, chef-d’œuvre de Puccini
Pour moi, le pari n’était pas gagné d’avance. Je ne suis pas un grand fan de la musique de Puccini, bien que j’aie pu apprécier par le passé Turandot (en 2013 dans la mise en scène de Yánnis Kókkos) et Madame Butterfly (en 2004 dans la mise en scène de Nicolas Joël). D’ailleurs, je ne connaissais strictement aucun air de La Bohème, c’est dire si je m’étais peu penché sur cette œuvre.
La mise en scène d’André Barbe & Renaud Doucet, actuellement au Capitole, traduit parfaitement l’idée que l’on se fait de la vie de bohème. Dans un décor qui évoque un marché aux puces parisien, au milieu de marchands ambulants, quelques artistes vivent sans le sou en attendant de trouver le grand amour. Deux couples se font et se défont au cours de deux actes et quatre tableaux qui nous font passer du rire aux larmes.
Pour cette Bohème, nous sommes beaucoup revenus au texte de Murger. Nous avons été frappés par le passage du roman où Musette perd son logement et voit tous ses meubles déposés sur le trottoir. Et c’est ainsi que nous sommes arrivés à l’idée que nous pourrions situer l’action sur un marché aux puces de Paris. Les objets ont une mémoire du temps, et cette mémoire, cette énergie, se transmet.
Barbe & Doucet
Pendant la première partie du spectacle, j’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire. J’avais le sentiment que tout ce qui animait la scène était un peu de l’ordre de l’anecdotique. En vérité, les deux premiers tableaux sont là pour camper le décor et présenter les couples : l’écrivain Rodolphe & la couseuse Mimi ; le peintre Marcel & la demi-mondaine Musette. Les grands sentiments romantiques arrivent après l’entracte, partie dont j’ai préféré la musique et l’intrigue qui prennent un ton plus tragique.
Une somptueuse scénographie et des interprètes émouvants
Le décor de La Bohème regorge de détails. Dans un Paris de carte postale, on entre dans l’appartement des artistes par la porte d’un placard, la rue devient une mansarde et on voit à travers les murs ce qu’il se passe dans les maisons. J’ai particulièrement aimé le travail des lumières de Guy Simard qui magnifient cette scénographie : le lever de soleil au début du troisième tableau ou le jeu de transparence derrière le rideau de scène dans le quatrième tableau sont vraiment magiques. L’émotion va crescendo tout au long du spectacle, jusqu’au final qui vous noue le ventre et la gorge.
Les interprètes sont également au top et j’ai pris beaucoup de plaisir à revoir sur la scène du Capitole la soprano Marie Perbost dans le rôle de Musette, après l’avoir appréciée dans celui de Pamina (La Flûte enchantée) et de La Folie (Platée). Pour camper l’une des héroïnes de La Bohème, les metteurs en scène se sont inspirés de Mistinguett avec qui la parenté est évidente.
Au final, cet opéra ne m’aura pas fait aimer davantage la musique de Puccini. En revanche j’ai apprécié ce voyage spatio-temporel qui a ressuscité le temps d’une soirée le Paris des années 1920.
Si vous êtes à Toulouse, vous avez encore quelques jours pour aller découvrir La Bohème au Capitole. Le spectacle est rejoué ce soir mais également les vendredi 2, samedi 3 et mardi 6 décembre à 20h, ainsi que le dimanche 4 décembre à 15h.
Crédit photo de couverture : Mirco Magliocca
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