Hier soir, j’ai eu la chance d’assister à la répétition générale du triptyque Paysages intérieurs présenté au Théâtre de la Cité. Les artistes du Ballet de Capitole y reprennent trois ballets signés Thierry Malandain et Carolyn Carlson. Pour l’occasion, la salle était remplie d’un public plus jeune qu’à l’accoutumée : une majorité de collégiens et d’étudiants en art, ainsi que quelques professionnels. Le succès fut au rendez-vous pour cette ultime répétition réalisée dans les conditions du spectacle. Le public toulousain pourra le découvrir dès ce soir et jusqu’à dimanche.
Paysages intérieurs, trois pièces brèves et intenses
Quel plaisir de retrouver les danseuses et les danseurs du Capitole dans cette création qui s’inscrit dans le festival de danse ICI&LÀ (qui se déroule à Toulouse depuis le 27 janvier dernier). En moins d’1 heure et demi, les artistes nous font redécouvrir les univers de deux chorégraphes emblématiques de notre époque : Thierry Malandain et Carolyn Carlson.
Thierry Malandain, je vous en avais déjà parlé récemment lorsque le Ballet du Capitole a présenté Daphnis et Chloé en juin 2022. Cette pièce m’avait subjugué, ce qui est rare pour du « classique ». En revanche, je n’avais jamais jamais vu de ballet chorégraphié par Carolyn Carlson, mais j’ai été très emballé en voyant que son ballet était associé à un compositeur que j’adore : Philip Glass. Bref, j’étais très curieux de découvrir Paysages intérieurs.
Nocturnes (musique de Frédéric Chopin, 30 minutes) – Thierry Malandain
La première partie de Paysages intérieurs est consacrée aux Nocturnes de Frédéric Chopin. Sur une musique mélancolique et poétique, les danseurs sont contraints par un espace scénique très étroit où les corps se croisent et se mêlent. Les six brefs tableaux féminins (3e nocturne), masculins (4e nocturne) ou mixtes (pas de deux ou scènes collectives) s’enchaînent avec douceur et se font écho. J’ai retrouvé dans cette pièce toute la grâce que j’avais tant aimée dans Daphnis et Chloé.
Les paysages intérieurs exhalent ainsi de mystérieux parfums de poésie dansée. Paysages intérieurs, comme un souffle d’âme !
Programme du spectacle
Wind Women (musique de Nicolas De Zorzi, 15 minutes) – Carolyn Carlson
Cette pièce 100 % féminine est certainement celle des trois qui m’a le moins convaincu. La musique laisse imaginer qu’un vent marin souffle sur la scène, tandis que 14 sylphides flottent dans leurs robes vaporeuses. Par de nombreux aspects, Wind Women fait penser au deuxième acte de Giselle, ballet romantique emblématique au cours duquel des créatures oniriques dansent jusqu’à la mort dans une lumière lunaire. Wind Women dessine un paysage intérieur abstrait et évanescent dans lequel l’esthétique prend à mon goût un peu le pas sur l’émotion…
If to leave is to remember (musique de Philip Glass, 20 minutes) – Carolyn Carlson
Sur la musique incantatoire du Quatuor n°3 Mishima – issue de la bande-originale du film Mishima : A Life in Four Chapters qui rend hommage à l’écrivain japonais – les danseurs sont traversés par d’intenses émotions. Les relations entre les interprètes sont dures, violentes. Avec à sa musique envoûtante et à sa succession rapide de tableaux visuellement très forts, If to leave is to remember clôt magistralement le triptyque des Paysages intérieurs.
Paysages intérieurs est à voir au Théâtre de la Cité ce vendredi soir à 21h00, samedi 11 février à 18h30 et dimanche 12 février à 15h30 (où vous pourrez me retrouver). Un spectacle à recommander à tous les amateurs de danse et de beaux spectacles.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.