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Le triomphe de Larsen C au Théâtre de la Cité

by Julien
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Le festival de danse ICI&LÀ se poursuit à Toulouse et c’est dans ce contexte que le Théâtre de la Cité accueillait le spectacle Larsen C, interprété par la Leon and Wolf Dance Company dirigée par le chorégraphe Christos Papadopoulos. À travers cette pièce hypnotique, les danseurs nous invitent à observer la fonte des glaces.

Larsen C, la fonte de l’Antarctique

Le titre du spectacle interpelle. Larsen C. On pense immédiatement au phénomène acoustique du larsen ; d’ailleurs la bande son originale du spectacle évoque ces sifflements et ces grésillements caractéristiques. Pourtant, à mieux écouter, on reconnaît d’autres bruits. Notamment l’un de mes bruits préférés : le craquement du glaçon plongé dans l’eau. Vous savez, ce petit bruit aigu de la glace qui se fissure. Et en effet, l’origine du spectacle est bien là.

Effectivement, Larsen C est le nom de l’un des trois segments de la barrière glaciaire de Larsen (en mer de Wedell, Antarctique). C’est non seulement le plus grand des 3 segments mais c’est aussi le seul qui ne se soit pas encore désintégré sous les effets du réchauffement climatique.

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Larsen C (mer de Wedell – Antarctique)

À travers cette pièce, les 6 interprètes tentent de rendre perceptible ce qui passe inaperçu. Alors pendant les répétitions du spectacle, Christos Papadopoulos demandait à ses danseurs d’agir comme des icebergs.

Larsen C explore les qualités de corps, le point où le mouvement est à la fois perdu et trouvé, où il émerge et se dissout, sans signification et chargé de sens. En accord avec sa conception philosophique et politique de l’Humain, le mouvement selon Christos Papadopoulos n’est ni affirmation d’un geste, ni reproduction d’un pas, ni émergence d’une figure. Au contraire, indissociables du fond spatial et temporel dans lesquels ils évoluent, les corps sont mobiles dans un environnement lui-même mouvant.

Feuille de salle de Larsen C

Des danseurs qui captivent

Dans le clair obscur de la scène, les danseurs émergent et disparaissent sans crier gare. En perpétuel mouvement, comme s’ils flottaient et étaient ballottés par les ondes, leurs gestes fluides évoquent des vibrations, des vagues… Premier sur le plateau, le danseur Georgios Kotsifakis nous fige de son regard pénétrant intense, magnétique et glacial. Le rythme du spectace d’abord très lent s’accélère peu à peu tandis que les danseurs se font de plus en plus nombreux sur scène. Quand ils font corps, on a le sentiment de voir un banc de poissons dans un ballet parfaitement synchronisé et vibrant.

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Larsen C – Christos Papadopoulos © Pinelopi Gerasimou

Bien que les interprètes soient souvent 6 sur scène, je dois avouer que j’ai eu du mal à décrocher mon regard de Georgios Kotsifakis, figure centrale et nucléaire de Larsen C (à droite sur la photo ci-dessus).

J’ai également beaucoup apprécié de travail de lumière d’Eliza Alexandropoulou qui déstructurait les corps et l’espace, si bien que je ne comprenais parfois plus très bien ce que je voyais… Les proportions physiques devenaient totalement surréalistes par un simple changement d’éclairage. Les images construites tout au long du spectacle étaient purement hypnotiques. Moi qui adore regarder danser le feu lorsque j’allume ma cheminée, je ne me serais jamais imaginé être aussi fasciné par la danse de la glace.

Après Encantado de la Brésilienne Lia Rodrigues et Paysages Intérieurs par le Ballet du Capitole, Larsen C est le troisième spectacle de danse que je vois dans le cadre du festival ICI&LÀ. Si vous aimez la danse, n’hésitez pas à aller voir d’autres spectacles prévus au cours de cet événement, le festival dure encore jusqu’au 16 février.

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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