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Noir c’est noir : un blogueur au musée Soulages

by Julien
rodez soulages

J’ai récemment mis à profit un passage par Rodez pour visiter le fameux Musée Soulages qui fait la renommée de la préfecture de l’Aveyron. Les lecteurs de Culture déconfiture le savent, l’art contemporain et moi, ça fait deux. Je me suis donc rendu dans ce musée avec plus de curiosité que d’envie, prévoyant une inévitable déception.

 

Une anthologie :

Première qualité du musée : il abrite la plus grande collection au monde de l’artiste Pierre Soulages et regroupe toutes les techniques employées au cours de sa carrière : peintures, eaux-fortes, sérigraphies, lithographies ainsi que les ébauches des travaux des vitraux de l’abbaye de Conques. Je dois immédiatement dire que, prises séparément, je n’ai pas spécialement apprécié les œuvres que j’ai vues. Que ce soient les monochromes noirs ou les œuvres plus colorées mais tout aussi abstraites, elles ne m’ont procuré aucune émotion. Des traits, des tâches, des aplats… Tout cela me laisse dans une grande perplexité, quand ce n’est pas une triste indifférence. En revanche, j’ai trouvé tout à fait intéressante l’idée d’anthologie, mettre les œuvres en résonance les unes à côté des autres, percevoir des variations entre des toiles qui, isolées, auraient pu sembler identiques ou répétitives. Cela permet de voir les nuances entre des œuvres qui semblent partager des caractéristiques identiques. Tel noir semble doré, quand celui qui lui fait face irise des reflets rouges. Tout d’un coup, la démarche de l’artiste prend de la profondeur.

Votre blogueur au musée Soulages (Rodez)

 

L’outre-noir :

Devant les toiles de Soulages, on semble voir les reflets de lumière se dégager des tableaux et se mettre à onduler. Quand vous vous déplacez devant les oeuvres (certaines vous dépassent physiquement) vous voyez les « couleurs » changer, ce qui est étonnant puisqu’il n’y a en fait qu’un seul pigment : le noir. L’ensemble de son travail est fondé sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir, appelé plus tard « outre-noir » ou « noir-lumière ».

Ce que l’on voit devant mes toiles, c’est de la lumière transformée, transmutée par le noir. Il s’agit d’une lumière qui vient du mur vers celui qui regarde. Du coup, l’espace de la toile n’est plus sur le mur, comme dans la peinture traditionnelle ou derrière, comme dans une perspective. Il est devant. […] Ce qui m’intéresse, c’est la réflexion de la lumière sur les états de surface de cette couleur noire, états de surface qui varient.

Culture déconfiture voit noir, au musée Soulages (Rodez)

J’ai donc été très intéressé par cette découverte d’un artiste singulier du paysage contemporain, même si cela ne m’a pas fait changer radicalement d’avis sur ce type d’art. Selon moi, cet artiste a fait un superbe travail de recherche, une exploration des techniques qui gagnerait par la suite à donner lieu à de nouvelles étapes moins concrètes.

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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4 comments

Allychachoo 4 juin 2018 - 15 h 37 min

Je rêverais de me perdre devant ces tableaux noirs…

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Anne 4 juin 2018 - 18 h 52 min

C’était aussi mon sentiment, les textures sont plus belles en vrai, même si ça fait un peu “expérimentations diverses avec des gros outils”!

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Lajourle 4 juin 2018 - 20 h 20 min

Personnellement j’étais très sceptique mais j’ai tellement aimé le travail de la matière, les eaux-fortes, la lumière qui se dégage de ses “noirs” que j’y suis retournée 3 fois ! Et l’abbaye de conques est à voir après la visite du musée, à différentes heures de la journée pour voir la luminosité de ses vitraux

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Julien 4 juin 2018 - 22 h 07 min

3 fois ! Waw ! Perso, je n’ai pas abusé des bonnes choses, une fois m’a suffi 🙂 Je n’ai pas eu le temps d’aller à Conques, mais c’est vrai que l’aperçu que l’on en a au musée donne envie de faire la visite ! Ce sera donc pour une prochaine virée aveyronnaise !

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