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Mai 2018, le bilan culturel

by Julien
avant la retraite bernhard

Un beau bilan culturel ce mois-ci. Les jours rallongent et les beaux-jours reviennent enfin ! Et les belles nuits, comme celle passée à Toulouse lors de la Nuit Européenne des Musées avec Charlotte.

 

 

Plaire, aimer et courir vite, de Christophe Honoré : Deux ans après Les malheurs de Sophie, le cinéaste est de retour avec un film présenté à Cannes, mais peine à se renouveler. Même Pierre Deladonchamps, si émouvant dans Le fils de Jean, n’arrive pas à convaincre (ou bien est-ce le rôle qui l’a rendu si froid ?). Je ne parlerai même pas de Vincent Lacoste… Bref. ça commence à faire un petit moment que Christophe Honoré n’a plus créé la surprise. Je ne retiendrai qu’une chose de ce film : la prestation éclair de Marlène Saldana (dont les moments de bravoure au théâtre nous avaient déjà subjugués en 2015 dans Fin de l’histoire).

L’homme qui tua Don Quichotte, de Terry Gilliam : Après des années de galère, l’ex-Monty Python a enfin réussi à réaliser son grand film : l’adaptation du plus grand best-seller de tous les temps. Le pari est réussi, avec un film aussi baroque et délirant que les romans de Cervantès. Néanmoins, si vous n’êtes pas connaisseur du texte et de son originalité (notamment la mise en abyme du tome 2), vous aurez du mal à apprécier ce film que vous risquez de trouver totalement foutraque ! Et pourtant non, c’est malin, référencé et vraiment très drôle. Mais pas forcément facile d’accès.

 Everybody knows, d’Asghar Farhadi : C’est en ignorant totalement ce que j’allais voir que j’ai pris un billet pour Everybody knows. Connaissant les films antérieurs du cinéaste iranien, je m’attendais à un drame, mais rien de plus précis. J’ai été totalement embarqué dans ce métrage espagnol (casting, ambiance…) qui prend un virage à 180 degrés après la première demi-heure ! Je ne vous résumerai pas l’intrigue pour ne pas vous gâcher le plaisir de la surprise, mais ce film est très réussi, semant le doute scène après scène !

 

 

 Avant la retraite, de Thomas Bernhard, par le groupe Merci : Transformation radicale du Sorano à Toulouse pour ce nouvel « objet nocturne » de Solange Oswald. La salle est métamorphosée en long cercueil. Accueil assuré par Himmler himself, dans son aquarium de formol, pour fêter férocement son anniversaire ! Vous avez bien lu : Avant la retraite est une invitation à une fête nazie où il est de bon ton de se déguiser en jeune fille aryenne, en officier SS ou en déportée juive. La metteure en scène résume parfaitement son projet : « Pour enterrer une fois pour toute l’idéologie nazie, comme en enterre les déchets toxiques. » Que la fête commence !

 #balancetonpère, d’après Molière, par Claire de Beaumont : Les élèves du lycée Raymond-Naves ont donné un coup de fébrèze sur l’œuvre du plus célèbre dramaturge français et ont parcouru une grande partie de ses pièces pour rappeler à quel point l’auteur était féministe avant l’heure. Dans ce spectacle aux connotations très actuelles, les femmes (filles, mères et épouses) se donnent la main pour s’opposer à l’oppression exercée par les maris et les pères. Voltaire et Olympe de Gouges prêtent également leur verbe dans les intermèdes pour faire entendre haut et fort les revendications de ces femmes modernes ! Un projet intelligent et drôle, porté avec talent par une jeune génération bien décidée à faire bouger les lignes. Bravo !

 

 

Légume vert, de Philippe Vigand : Le titre et l’illustration sur la couverture donnent tout de suite le ton : Philippe Vigand n’est pas un auteur tout-à-fait comme les autres. Depuis plus de 20 ans, il est atteint du locked-in syndrom suite à un AVC. Et pour résumer ce syndrome en peu de lignes, il faut imaginer une personne paraplégique, qui n’est plus en état de bouger ni de parler, mais qui entend, voit et comprend tout ! Son seul moyen de communiquer : des clignements de paupières et un logiciel qui analyse ses mouvements oculaires. Dans ce journal de bord, une série d’anecdotes autour de son syndrome. Tour à tour, il évoque ses sentiments, l’image qu’il renvoie (ou qu’on lui renvoie), sa relation avec ses proches, etc. Mais toujours avec une touche d’humour, d’autodérision, ou un regard cinglant sur le monde qui l’entoure ; ce qui prouve bien que, s’il a perdu toute motricité, il a gardé un esprit intact et extrêmement vif ! Jamais de fatalisme ni d’apitoiement dans ses récits, mais Philippe Vigand ne joue pas non plus les moralistes. Bref, Philippe Vigand sait toujours trouver la dose juste pour raconter sa vie et c’est passionnant !

Méta-Baron, d’Alejandro Jodorowsky, Jerry Frissen, Valentin Sécher & Niko Henrichon : Dans cette suite de La caste des Méta-Barons, les auteurs et dessinateurs nous racontent les aventures de Sans-Nom, le dernier d’une lignée de guerriers surpuissants. Les nouveaux épisodes mettent en lumière ses ennemis successifs qui vont à tour de rôle s’opposer à lui au nom du Techno-Pape pour garder le contrôle de la planète Marmola et de l’Epiphyte. Au niveau du scénario, tous les tomes se valent mais en termes de dessin et de couleurs, les tomes 1, 2 et 5 ont ma préférence grâce à la collaboration de Valentin Sécher, qui a un style réaliste des plus époustouflants. Chaque planche est une œuvre d’art, aussi fabuleuse à regarder qu’à lire !

 

Et vous, quels ont été vos plaisirs culturels en mai ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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