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Mai 2016, le bilan culturel

by Julien

En mai, fais ce qu’il te plait ! Il n’a pas fallu me le dire deux fois ! Ce mois de mai a été très riche sur le plan culturel, en particulier en matière de spectacles. Ce mois-ci, la rubrique musicale fait son retour pour la première fois en 2016, avec deux concerts vus ces dernières semaines. C’est parti pour le bilan !

(Cliquez sur les titres pour voir les articles complets et les photos de chaque événement)

 

Au cinema

 

X-Men Apocalype, de Bryan Singer : Ce nouvel épisode de la saga clôt la deuxième trilogie amorcée en 2011 par le film X-Men le Commencement. Sans surprise, il apporte toutes les réponses attendues par le spectateur qui permettent de faire le lien avec la première trilogie. En conséquence, il y a assez peu d’originalité mais Bryan Singer a rempli sa mission et parfaitement respecté son cahier des charges : divertir, répondre aux questions, combler les vides et divertir encore. Bref, X-Men Apocalypse est un film à voir si vous êtes amateur de la saga. Vous ne serez sans doute pas déçus, tant que vous n’en attendez rien de plus qu’un épisode bouche-trou !

Le Livre de la jungle, de Jon Favreau : Depuis quelques années, Disney revisite ses classiques en les adaptant en film traditionnel. Après les navrants Cendrillon et Maléfique, c’est au tour de Mowgli de passer à la moulinette cinématographique. Ne vous attendez surtout pas à retrouver la fantaisie et les couleurs du film d’animation de 1967… Si Jon Favreau a assuré du côté des décors et du casting, il  a rendu l’atmosphère terriblement sombre et les personnages plutôt menaçants. Le Roi Louis a perdu tout son swing et Baloo son déhanché légendaire ! Le point fort du film ? Son générique de fin en animation qui, pour le coup, fait vraiment preuve d’originalité et de fantaisie !

Julieta, de Pedro Almodovar : Ce nouveau film est une réussite totale ! Julieta (prononcez « Rouliéta » et non « Djoulièta » si vous ne voulez pas vous faire disputer par l’ouvreuse) adopte le ton et la forme de la confession pour nous raconter la vie d’une femme marquée par les drames et les désillusions. Pour faire le récit de ce parcours complexe, Almodovar a fait appel à Emma Suarez et Adriana Ugarte, deux actrices que l’on voit sur l’affiche et qui incarnent tour à tour Julieta à deux moments de sa vie. Du suspens, de l’émotion, de la justesse… Parfait sur toute la ligne !

Cafe Society, de Woody Allen : Désolé, mais je n’accroche définitivement pas avec Kristen Stewart ! Une planche en bois a plus de charisme que cette espèce d’imposture sur pattes… Je n’ai pas bien compris l’engouement qu’il y a eu autour de ce nouveau film de Woody Allen. J’ai l’impression que chaque année on nous annonce que l’éternel Woody fait son grand retour, puis qu’on est perpétuellement déçu… Je dois quand même admettre que j’ai apprécié une partie du casting : Jesse Eisenberg en jeune avatar du cinéaste, la ravissante Blake Lively, mais surtout deux actrices géniales et jubilatoires : Sari Lennick dans le rôle de la sœur et Jeannie Berlin dans celui de la mère juive ! Elles n’apparaissent malheureusement que dans quelques scènes mineures de ce film, vampirisé par l’irritante KStew ! Beurk !

Ma Loute, de Bruno Dumont : Voilà un film qui fait son entrée illico presto dans le Top 10 de mes films préférés ! Cette comédie est hors-norme et ne ressemble à aucune autre avec son humour très décalé où les scènes oscillent sans cesse entre grotesque et pathétique. Bruno Dumont a choisi de diriger dans ce film des inconnus parfois à la limite de l’amateurisme : le tendre et mystérieux Brandon Lavieville qui joue le rôle éponyme de Ma Loute, l’incandescente Raph dans le rôle de Billie qui m’a subjugué, et enfin l’irrésistible duo composé de Didier Despres et Cyril Rigaux pour incarner un tandem d’inspecteurs incompétents aux faux-airs de Dupond et Dupont mais aux vrais-airs de Laurel et Hardy ! En effet, le scénario du film tourne autour d’une enquête policière dont je préfère ne rien vous révéler car, quoi que vous imaginiez, il n’y a aucune chance que votre hypothèse soit la bonne ! Ce film est d’une totale originalité qui dépasse vos attentes si bien que vous ne saurez même pas le classer du point de vue du genre : est-ce une comédie ? un polar ? une satire sociale ? un drame ? Certainement tout à la fois, ce qui le rend si puissant !

 

Au theatre

 

Les amoureux de Marivaux, par Shirley et Dino : Un quatuor de jeunes comédiens joue des scènes choisies de plusieurs pièces de Marivaux : La Surprise de l’amour, La Dispute, La Commère, La Méprise, L’heureux Stratagème… enchaînant rôles et situations comiques, les ponctuant de chansons d’amour de la variété française a capella, le tout dans une mise-en-scène signée Shirley et Dino ! Simple mais très efficace !

Le songe d’une nuit d’été, de William Shakespeare, par Laurent Pelly : Après La Cantatrice Chauve en mars, Laurent Pelly présente sur scène sa version d’une des comédies les plus célèbres du dramaturge élisabéthain. Sa mise en scène est à la fois très sombre et très visuelle. En effet, la scène est constamment baignée dans l’obscurité de la nuit et les éclairages proviennent d’une multitude de petites ampoules suspendues qui figurent les étoiles et la lune. Les personnages mortels jouent en pyjama et ne se départissent jamais de leurs oreillers, tandis que les personnages féeriques sont vêtus de costumes somptueux et hissés par des treuils qui donnent l’impression qu’ils volent ou flottent dans les airs. Tout participe à recréer l’atmosphère étrange et merveilleuse d’un rêve !

Alex Lutz, formule enrichie, mis en scène par Tom Dingler : Alex Lutz s’était départi pour l’occasion de son costume de Catherine, la très cathodique secrétaire de la revue de presse du Petit Journal sur Canal +, personnage peut-être plus connu que son interprète qui se qualifie lui-même de « semi-célébrité » ou d’acteur « vaguement connu ». Il incarne ici avec talent une série de personnages pittoresques qui ont conquis le public qui a gratifié l’artiste d’une longue ovation !

Jeux de rôles, par les élèves du lycée Raymond Naves de Toulouse : Sous-titré « Juste assez pour ne pas t’empêcher de mourir » (une réplique de la pièce Fin de partie de Beckett), ce spectacle choral est un chassé-croisé de scènes tirées du répertoire qui illustrent les relations ambiguës entre maîtres et valets (dialectique hégélienne, quand tu nous tiens !). Mis en scène par Michèle Gary, Elise Ribault et chorégraphié par Alain Abadie, ce spectacle était interprété par des élèves de la section théâtre du lycée Raymond Naves de Toulouse. Ce fut un plaisir tout particulier pour l’amateur de théâtre que je suis de voir qu’une nouvelle génération de passionnés est en germe et fait un aussi bon travail ! Bravo à tous !

Orestie (une comédie organique ?), d’après Eschyle, par Roméo Castellucci : Le côté « comédie », je le cherche encore ! J’ai rarement vu un spectacle de théâtre aussi radical ! Imaginez la rencontre des Atrides avec Alice au Pays des Merveilles et Antonin Artaud… Vous avez du mal ? Ne vous inquiétez pas, si vous n’avez pas vu cette Orestie italienne, c’est normal ! La scène était baignée dans une obscurité orageuse pendant la première heure et montrait la première partie de la trilogie des Atrides : un acteur trisomique en guise d’Agamemnon, une obèse lubrique et nue pour incarner Clytemnestre, un colosse à cagoule de lutteur pour jouer Egisthe, et enfin une autre femme obèse et nue dans une minuscule cage de verre remplie de sang pour le rôle de Cassandre… Pour faire le lien entre les scènes : un lapin blanc (et son chœur de lapinous) qui finit pendu par les oreilles à convulser spasmodiquement dans une marre de sang. Glauque à souhait ! Le deuxième acte mettait en scène la vengeance d’Electre et son frère Oreste, à grand renfort d’ânesse et de singes vivants, mais aussi une carcasse de bouc sanguinolente, le tout dans une blancheur virginale… voilà, voilà ! Ça se passe de commentaire, non ? Ah oui, j’oubliais le deus ex machina final avec un acteur manchot et semi-nu pour incarner Apollon ! Au cas où le reste était trop joyeux…

 

En concert

 

Chamber Orchestra of Europe et Patricia Kopatchinskaja : La salle a crépité d’applaudissements pour ce programme autour de trois compositeurs de renom : Weinberg (symphonie n°10), Prokofiev (concerto pour violon n°2) et Beethoven (symphonie n°7). Le clou du spectacle était évidemment l’incroyable Patricia Kopatchinskaja. Je n’avais jamais vu une interprète pareille dans le monde classique ! Alors oui, un concert avec une chanteuse qui virevolte comme une balle rebondissante, je connaissais (Camille, Olivia Ruiz…). Mais une violoniste ?! Jamais une artiste de sa catégorie n’a mis autant d’énergie dans son interprétation ! Pas la moindre partie de son corps qui ne soit mobilisée : jambes, bras, mais aussi visage… Tout exprimait l’émotion du concerto de Prokofiev ! Même un sourd aurait adoré le spectacle tant il y avait de plaisir à la voir se démener sur scène !

Georges et moi, par Alexis HK : L’ex-Deschiens François Morel a prêté sa plume pour l’écriture de ce spectacle qui se présente comme un dialogue entre Alexis et Georges (ou plutôt un monologue d’Alexis pour Georges). En cela, l’affiche du concert est fort parlante : Alexis sur le divan et Georges en psychanalyste : concept idéal pour que le chanteur s’épanche, raconte le monde contemporain et souligne à quel point les textes de Brassens étaient visionnaires et intemporels. Tout y passe de l’irrévérence à la liberté de penser, en passant par la misogynie et l’amitié. De ce fait, le spectacle s’inscrit entre le tour de chant et le théâtre. Alexis HK est plus qu’un interprète, il est aussi un personnage, et il excelle sur les deux tableaux !

 

Et vous, qu’est-ce qui vous a plu en mai ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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