Voilà plusieurs années que je suis le travail du chorégraphe Mourad Merzouki. Nous l’avions découvert en 2015 avec le ballet légendaire Pixel qui mêlait danse hip-hop et scénographie numérique. Cette année, la compagnie Käfig était de retour dans le cadre de la programmation d’Odyssud (salle de spectacle fermée temporairement mais qui accueille ses spectacles hors les murs). Pour l’occasion, nous nous sommes rendus au Casino Barrière où était présentée Folia, leur dernière création.
Un spectacle de folia
La Folia, c’est d’abord une énergie créatrice. Elle inspire les artistes et donne naissance aux projets les plus fous et les plus baroques. C’est justement le cas de ce spectacle né de la fusion de la musique baroque, du hip-hop, de la danse contemporaine et de la danse classique.
Sur la scène, 7 musiciens et 12 danseurs revisitent la création de l’univers et l’histoire du monde. Les interprètes dansent avec les planètes, imaginent une Terre plate, tourbillonnent comme des astres dans le cosmos. Des musiciens jaillissent des étoiles et interprètent des morceaux qui peuvent évoquer le Ballet Royal de la nuit de Lully, les Quatre saisons de Vivaldi ou la Cold Song de Purcell. Il s’agit en réalité de musiques baroques méditerranéennes – comme des Tarentelles italiennes – réorchestrées par le Concert de l’Hostel Dieu et Grégoire Durrande avec des sonorités électro.
Au milieu des danseurs, la soprano Heather Newhouse est comme un soleil autour duquel les artistes gravitent.
D’origine portugaise, la Folia, dont le terme signifie en portugais « amusement débridé » ou bien encore « folie », est liée au monde populaire, celui des bergers et des paysans. Le principe qui fait son succès est simple : une basse obstinée de huit mesures, sur laquelle se construisent des variations ou diferencias, est répétée avec insistance et générosité. Adoptée par les italiens, puis par l’Europe entière, elle évolue vers plus de virtuosité et de théâtralité sous la plume de Vivaldi. Son esprit et son style deviennent ainsi synonymes de créativité et de liberté.
Festival1001notes.com
Avec ce spectacle, Mourad Merzouki continue de lancer des ponts entre les cultures classique et hip-hop. En voyant Folia, il est d’ailleurs difficile de ne pas penser au travail de la chorégraphe Bintou Dembélé qui avait déjà associé avec brio le hip-hop et la musique baroque dans les Indes Galantes de Rameau (mis en scène par Clément Cogitore). J’ai particulièrement aimé le dernier tableau du spectacle Folia dans lequel le danseur Joseph Gebrael danse comme un derviche tourneur. Un moment hypnotique (que j’aurais même aimé voir durer encore plus longtemps). Les pas de deux classiques sont aussi très impressionnants.
La saison d’Odyssud continue en 2023
À chaque rendez-vous, la compagnie Käfig (Carte blanche, Correria Agwa, etc.) nous régale. Avec Folia, Mourad Merzouki a une fois de plus tenu ses promesses.
Bien que la salle d’Odyssud à Blagnac soit actuellement fermée pour travaux, la programmation suit son cours. Le prochain rendez-vous est donné en janvier 2023 pour célébrer la nouvelle année avec une revisite du ballet Casse-Noisette par Blanca Li. Le spectacle sera joué les 3 et 4 janvier au Casino Barrière à 20h30. Une bonne idée pour commencer l’année dans la bonne humeur !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
