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Mars 2018, le bilan culturel

by Julien
bilan paques

Avec cinq spectacles vus ce mois-ci, mars a été particulièrement riche culturellement même si tous les avis ne sont pas au vert ! Des concerts, de l’humour et du théâtre traditionnel… De quoi rasséréner les appétits les plus féroces et contenter les goûts les plus éclectiques ! C’est parti pour le bilan culturel, tandis que je défais ma valise en me remémorant un si beau voyage à la Réunion. On n’a pas attendu pas le mois de mai pour faire ce qui nous plaît !

Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand : Séparés, Antoine et Miriam s’affrontent au sujet de la garde de leur plus jeune fils, Julien. Tour à tour, l’enfant est trimballé entre sa mère – dévastée mais peut-être aussi surprotectrice et castratrice – et son père – un homme sanguin, bafoué dans ses droits et sans cesse provoqué jusqu’à être poussé à bout. Si cela est très efficace sur le plan de la forme, l’absence de discours moralisateur, de jugement, de conclusion, de prise de position m’a laissé un peu coi.

Call me by your name, de Luca Guadagnino : La moiteur de l’été, les références culturelles et intellectuelles, les tiraillements du cœur, un certain parti-pris photographique, un chouïa d’indécence ou de provocation… Cette romance s’adresse principalement à un public adolescent qui y retrouvera les émois et les problématiques de son âge. Peut-être aussi que certains trouveront ce film exigeant dans ses références. Pour les spectateurs adultes en revanche, l’histoire paraîtra cousue de fil blanc, puisqu’il n’y a quasiment aucun doute sur les événements qui vont se dérouler d’une scène à l’autre. Pas de surprise esthétique non plus, malgré des pics de maîtrise dans plusieurs séquences, affadis par la longueur des scènes qui finissent par provoquer un léger ennui.

Alex Vizorek est une œuvre d’art : L’humoriste belge dézingue gentiment l’art contemporain et ses travers dans des sketches sur les thèmes de la musique ou de la peinture. J’ai donc été assez déçu par la faible teneur en matière d’art car ce spectacle était encadrés de longs propos sans rapport avec le sujet. Le sketch sur l’art contemporain et ses absurdités est celui qui m’a le plus amusé, avec ses monochromes, achromes ou happenings surréalistes. Mais dans le fond, les saillies de Vizorek sont presque superflues tant le concept de chaque œuvre suffit à démontrer sa propre absurdité, si bien que l’on ne sait plus si l’on rit grâce à l’humoriste ou simplement grâce aux œuvres qu’il a sélectionnées.

Bérénice, de Jean Racine par Célie Pauthe : Que c’est long ! De cette mise en scène trop esthétisante, je retiendrai surtout les entractes, des extraits du film Césarée de Marguerite Duras, voix sublime et texte magnifique au son du violoncelle.

Cendrillon, de Joël Pommerat par Philippe Flahaut : J’adore cette pièce, adaptée du célèbre conte par Joël Pommerat, qui nous raconte avec subtilité et humour les étapes du deuil. Si l’écriture de la pièce n’est jamais caricaturale, la nouvelle mise en scène présentée ce mois-ci au Théâtre du Pavé l’est un peu plus que la version originale (plus hystérique, avec du travestissement, de la musique électrique…). Plus de simplicité dans la forme aurait pu suffire.

B’Rock Orchestra, dirigé par René Jacobs : Les Grands Interprètes ont présenté un programme autour de Schubert et Mozart, avec la soprano Robin Johannsen. Pour Schubert, la Symphonie n°1, en ré majeur, D. 82 et la Symphonie n°6, en ut majeur, D. 589. Pour Mozart, Arie “Ah se in ciel, benigne stelle”, KV 538 ; Rezitativ “Ah, lo previdi!”, Arie “Ah, t’invola” et Cavatine “Deh, non varcar”, KV 272 ; Rezitatik “Misera, dove son!” et Arie “Ah, non son io che parlo” KV 369 ; Arie der Ilia “se il padre perdei” de “Idomeneo” KV 366… Si tout cela vous parle, tant mieux ! Moi, très franchement, pas trop. Du coup j’ai profité de l’entracte pour m’éclipser, désolé pour les interprètes.

Le dernier voyage du compagnon Mozart, par l’Ensemble Pygmalion dirigé par Raphael Pichon : Cela faisait longtemps que je voulais entendre en live le Requiem de Mozart. L’Ensemble Pygmalion nous a invité à le suivre dans Le Dernier voyage du compagnon Mozart. Dans un crescendo magnifique les mouvements se sont enchaînés, les voix de joignant les unes aux autres, puis les instruments aux voix. C’était sublime. Bravo !

Cœur des Ténèbres, de Joseph Conrad : A la fin du dix-neuvième siècle, dans une colonie belge, un officier de la marine marchande britannique est chargé de retrouver un certain Kurtz, directeur d’un comptoir et collectionneur d’ivoire qui n’a plus donné signe de vie. En s’enfonçant dans la jungle, le jeune héros Charles Marlow va également découvrir le cœur des ténèbres. Il y a bien sûr le noir de la peau des hommes, mais il y a surtout celui de la nuit et celui de la brousse, et enfin celui du mystérieux Kurtz dont le portrait est toujours elliptique mais terrifiant. J’ai trouvé du Lovecraft dans cette nouvelle, quand il y avait du Flaubert dans Un avant-poste du progrès. J’ai hâte de découvrir un peu mieux les récits de Conrad qui m’a séduit par son style. Prochain titre : Le Nègre du Narcisse.

Lovecraft, contre le monde, contre la vie, de Michel Houellebecq : Longtemps été méprisé des universitaires, Lovecraft est réhabilité par l’essai de Houellebecq qui tente de nous donner des clés d’analyse pour appréhender le style et l’univers de Lovecraft. Cette analyse donne un tout nouvel éclairage sur l’état d’esprit de cet écrivain et les origines de ses obsessions. Raciste, misanthrope et réactionnaire, on comprend peu à peu que l’univers de Lovecraft est moins fictionnel qu’il n’y paraît : sa mythologie horrifique n’est qu’une transposition de sa vision du monde réel et moderne, qu’il hait viscéralement. Antisémitisme, xénophobie, pensées nihilistes… on comprend pourquoi les textes de Lovecraft sont aussi puissants et angoissants. Ses récits nous font partager une vision du monde absolument noir et font resurgir des peurs primaires dont on sait, fondamentalement, qu’elles ne sont pas fictionnelles.

Au final, cela fait beaucoup de rouge et très peu de vert. Mais rien que pour l’Ensemble Pygmalion, ce mois de mars valait vraiment le coup ! Et vous, quels ont été vos plaisirs culturels du mois de mars ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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1 comment

PetitDiable 10 avril 2018 - 14 h 47 min

Ca donne envie!

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