La Pierre de Rosette est certainement l’un des objets archéologiques les plus célèbres au monde, aujourd’hui conservée au British Museum de Londres (depuis 1802). Ce qui fait la célébrité de cette pierre, c’est qu’elle a permis au français Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens, une écriture dont la signification avait été oubliée depuis l’Antiquité romaine. L’égyptologue était un français originaire de Figeac (Lot) et il n’en a pas fallu davantage pour que sa maison de naissance soit transformée en véritable musée en l’honneur de ses travaux et de toutes les écritures du monde.
Le musée Champollion à Figeac est une petite merveille. Avec une muséographie impeccable et répartis sur quatre niveaux, plusieurs espaces nous font découvrir les secrets des écritures à travers le monde et à travers les époques, de l’origine de l’écriture dans les temps préhistoriques à la gravure numérique d’aujourd’hui (en passant par l’histoire du livre, de la presse, et surtout des fameux hiéroglyphes qui ont passionné des générations de philologues).
Le rez-de-chaussée du musée est consacré à Champollion : on peut y voir entre différents artéfacts égyptiens une reproduction de la Pierre de Rosette et les documents retraçant les recherches linguistiques telles qu’elles ont été menées au XIXème siècle. Le musée a l’intelligence de nous expliquer les erreurs et fausses-pistes des chercheurs aussi bien que les bonnes trouvailles, mettant en perspective l’exploit qu’a représenté le travail de Champollion. C’est un étage passionnant, où l’on apprend que l’écriture égyptienne ne se résume pas aux hiéroglyphes mais à une combinaison de trois types d’écriture : le hiéroglyphe (dessins idéogrammes), le hiératique (simplification, stylisation du hiéroglyphe, où les dessins prennent aussi la valeur de phonèmes) et le démotique (simplification du hiératique permettant une écriture cursive). La Pierre de Rosette était une stèle sur laquelle un décret avait été gravé à la fois en hiéroglyphe, en démotique et en grec ancien. Ce fut la base des recherches de Champollion et la clé-de-voûte de son travail.
Au premier étage, deux salles expliquent la naissance des écritures, les premiers supports (tablettes, papyrus, parois, etc.) et montrent les différents berceaux géographiques de ces civilisations de l’Indus à l’Europe, en passant par la Mésopotamie. Le tout est agrémenté d’installations interactives pour dynamiser la visite avec intelligence.
Au deuxième étage, direction l’Asie et la Méso-Amérique avec les rituels sacrés liés à l’écriture et les récits de création du monde. Puis une salle nous amène vers l’invention des alphabets tels que nous les utilisons aujourd’hui : grec, latin, arabe, hébreux ou cyrillique.
Le troisième étage enfin évoque les supports modernes de l’écriture, avec la naissance des livres d’abord manuscrits (sur des vélins ou du papier) puis sous la presse de Gutenberg. Avec la facilité de reproduction des écrits, c’est la lecture qui s’est démocratisée avec les affiches, les journaux, les bibliothèques privées et les livres de poche, jusqu’aux documents administratifs qui encombrent nos étagères. Mais les moyens d’écriture et de diffusion n’ont pas cessé d’évoluer, avec l’invention au XXème siècle de l’écriture numérique binaire des ordinateurs (les fameux bits), gravés sur bandes, disques-durs, disquettes, cédéroms et dévédéroms, ou encore clés USB. Bref, une histoire de l’écriture qui continue son chemin et qui n’a pas fini de nous étonner !
Pour les passionnés d’Egypte, on vous parle aussi du Roman de la momie, chef-d’oeuvre de Théophile Gautier, en cliquant ici.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
2 comments
Typiquement le genre de musée que j’adorerais visiter à coup sûr ! C’est passionnant…
En effet, je suis persuadé que tu y trouverais ton bonheur !