Nous vous avions déjà parlé il y a quelques années du musée Ingres de Montauban. Mais pendant l’année 2019, le musée a fait peau neuve et il a profité de sa mue pour changer également de nom et devenir le musée Ingres Bourdelle, en hommage au sculpteur montalbanais (dont plusieurs œuvres étaient déjà conservées dans ses murs). Agrandi, modernisé, digitalisé, le musée se déploie aujourd’hui sur 2700 m² avec de nouveaux espaces et une muséographie qui le font rentrer de plain-pied dans le vingt-et-unième siècle.
La visite commence au sous-sol, dans la salle du Prince Noir…
La visite commence au sous-sol, dans la salle du Prince Noir, avec l’étrange et hypnotique installation contemporaine de Miguel Chevalier appelée L’Oeil de la machine. Au fond de la salle, les plus célèbres chefs-d’oeuvre d’Ingres sont projetés, mais simultanément des capteurs placés sous la voûte médiévale saisissent les déplacements de chaque visiteur et envoient des signaux à un algorithme qui déforme l’image projetée selon un processus de tessellisation, la décomposant en milliers de polygones.
Poursuivant ainsi les déformations anatomiques voulues par Ingres qui préfère sacrifier la vraisemblance à la beauté, cette installation interactive génère de nouvelles formes. Les lignes et contours des corps, si importants pour le peintre, sont accentués, étirés à l’extrême par le déplacement des visiteurs.
Les collections du musée
La visite se poursuit aux différents étages du musée, où l’on retrouve les célèbres oeuvres d’Ingres (notamment des dessins préparatoires) mais aussi des toiles d’Armand Cambon, dont les drapés m’impressionnent toujours autant ! Une installation particulière a même été imaginée pour présenter l’oeuvre monumentale intitulée Le Songe d’Ossian haute de 3 mètres 48, visible aussi bien depuis le premier étage que depuis le second, grâce à un système de lucarne inédit et très ingénieux qui donne un point de vue plongeant sur le tableau.
J’ai également été interpellé par une huile sur toile du dix-septième siècle représentant une Allégorie religieuse autour du thème des saints innocents. Un détail macabre et amusant situé sur la droite du tableau a attiré mon œil : on y voit le Christ crucifié dont le sang coule de la poitrine en cascade. En contre-bas, de petits enfants semblent prendre une douche sanglante, tandis qu’un squelette prend une pose alanguie. Étrange, non ?
Dans la chapelle du musée…
Enfin, le parcours s’achève dans la chapelle où toute une galerie de tableaux s’offre au regard des spectateurs. J’ai particulièrement été interpellé par l’une des peintures accrochées en hauteur et qui illustre la naissance du dessin, sujet classique où une artiste (ou une muse) trace sur la pierre la silhouette d’un éphèbe d’après le contour de son ombre.
Le musée Ingres Bourdelle a complètement réussi son pari et on espère que les visiteurs seront nombreux pour le (re)découvrir dans sa nouvelle forme !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.