Hier soir, le concert de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse à la Halle aux Grains mettait à l’honneur les compositeurs Igor Stravinski, Claude Debussy et Paul Dukas. C’est à ce dernier que le spectacle devait son nom : L’Apprenti sorcier. Un titre qui lui convenait à merveille, tant l’ONCT a su ensorceler le public avec ce programme du début du XXème siècle. Pascal Rophé, du bout de sa baguette (magique), a dirigé l’orchestre avec maestria.
L’Apprenti sorcier, chef d’œuvre de Paul Dukas
Clef de voûte du concert, L’Apprenti sorcier était probablement le morceau le plus attendu de la soirée. Incontestablement, cette musique est l’une des plus célèbres de tout le répertoire classique et la plus connue de son compositeur, Paul Dukas. En s’inspirant d’une nouvelle de Goethe racontant l’histoire d’un jeune sorcier paresseux et maladroit, le musicien a signé en 1897 un scherzo fantastique qui l’a rendu célèbre dans le monde entier et dont la popularité a été amplifiée par le film Fantasia de Walt Disney (1940), dans lequel Mickey incarne ce piètre magicien. Quand l’ONCT a commencé à entonner les célèbres mesures de L’Apprenti sorcier, pas de doute que tout le monde avait alors en tête l’image de la petite souris américaine avec son chapeau pointu !
En formidable conteur, Paul Dukas [1865-1935] nous invite à suivre avec précision cette histoire au travers notamment d’un grand crescendo orchestral marqué par le thème bondissant et ridicule des bassons (les balais) et les vagues d’eau de plus en plus impressionnantes des cordes. Dukas nous invite à sourire tout au long de la pièce et même à rire lorsque le dernier accord final claque dans l’air, évoquant la soufflante que l’apprenti sorcier n’a certainement pas manqué de recevoir de la part de son professeur !
Max Dozolme dans le programme du concert du 26 avril 2024
Je ne me souvenais pas que le morceau était aussi court : seulement 12 minutes pour nous raconter cette petite histoire. En tous cas, l’un des pouvoirs de cette musique est d’être irrésistiblement entêtante, puisque je continuais encore d’en fredonner l’air une fois rentré chez moi… et je ne devais probablement pas être le seul.
Stravinski et Debussy
La soirée était aussi marquée par un changement de programme. Le célèbre clarinettiste suédois Martin Fröst étant souffrant, il a dû être remplacé par Floriane Tardy, clarinettiste solo de l’ONCT. Cela a donc bouleversé le programme initialement prévu. La création française du concerto de Michael Jarrell a été reportée sine die et c’est Floriane Tardy qui s’est chargée d’interpréter la Première Rhapsodie pour clarinette et orchestre de Claude Debussy. La clarinette étant l’un de mes instruments préférés, j’ai bien entendu apprécié la performance de la musicienne. Elle a été très chaleureusement applaudie par le public à qui elle a su faire oublier l’absence de Martin Fröst.
Trois morceaux de Stravinski étaient également au programme de la soirée. Je dois dire que, parmi les compositeurs du XXème siècle, Stravinski est loin d’être celui que j’affectionne le plus. Avec leurs dissonances et leurs ruptures de rythme, ses musiques ont toujours eu du mal à me satisfaire esthétiquement. Ça, c’est vraiment une affaire de goût et je ne jette pas la pierre à l’ONCT qui les a parfaitement exécutées. Exception à la règle, L’Oiseau de Feu (ajouté à la programmation pour remplacer le concerto de Michael Jarrell) a été un pur régal !
Les musiciens de l’ONCT ont une nouvelle fois prouvé qu’ils sont loin d’être des apprentis mais que ce sont bien de véritables sorciers !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.