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Août 2022, le bilan culturel

by Julien
bilan culturel

Vous entendez ce petit bruit ? Mais si, tendez l’oreille ! C’est la sonnerie qui nous signale que la grande récréation estivale est finie et qu’il est temps de reprendre le chemin du travail ! Mais avant d’enfiler notre belle tenue de rentrée, on fait bien sûr le bilan de ce qu’on a lu et vu pendant les vacances. C’est parti pour le bilan culturel du mois d’août !

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, de Stefan Zweig

Je vous ai parlé le mois dernier de Lettre d’une inconnue, fameuse nouvelle du même auteur. J’ai eu le plaisir de trouver ce mois-ci cet autre titre qui est un must read réputé. Ce roman aurait aussi bien pu s’appeler “Vingt-quatre heures de la vie d’un joueur compulsif” car si la narratrice est bien une femme, son récit est centré sur 24 heures qu’elle passa vingt ans plus tôt avec un jeune homme accro aux jeux d’argent.

Comment la vie d’une femme peut-elle être bouleversée par une rencontre éphémère ? Zweig décrit avec beaucoup de précisions tous les mouvements de l’âme et du cœur de cette héroïne qui tente de comprendre de manière rétrospective comment 24 heures seulement ont changé le cours de sa vie.

Comme dans les romans précédents de Zweig que j’ai lus, j’ai trouvé le ton un peu trop emphatique. Mais quel style ! Même si les sentiments sont grandiloquents, on a envie de se laisser entraîner dans cette confession et de partager le bouleversement de sa narratrice. J’ai surtout trouvé que Zweig décrivait bien la fébrilité du jeune homme, un joueur totalement dévoré par sa passion pour le casino.

Rosy & John, de Pierre Lemaitre

Un été sans polar ne serait pas vraiment réussi, n’est-ce pas ? Heureusement, je suis tombé sur ce petit opus de Pierre Lemaitre qui fait partie de sa série d’enquêtes menées par l’un de ses personnages les plus célèbres : Camille Verhoeven.

Ce court roman se présente comme le quatrième tome de la trilogie Verhœven. Oui, 4 tomes dans une trilogie, ce n’est pas commun. Mais comme le rappelle Lemaitre dans sa préface, les trois mousquetaires aussi étaient quatre, alors pourquoi pas les tomes de sa trilogie ?

Cette enquête semble se dérouler après Alex (le tome 2) mais peu importe que vous l’ayez lu ou non, que vous connaissiez les personnages récurrents de la saga ou pas… Cette fois, l’enquêteur fait face à un poseur de bombes qui va mettre ses nerfs à rude épreuve !

Je n’ai pas été totalement emballé par ce petit polar de Lemaitre, lui qui m’a toujours fasciné avec ses enquêtes précédentes. Pour moi, Alex et Travail soigné sont deux modèles du genre, terriblement bien ficelés, avec des retournements que je n’avais pas vus venir. Robe de marié est aussi un souvenir intense de lecture, et que dire de Trois jours et une vie, une plongée fascinante dans la psyché d’un assassin…

Certainement parce qu’il est trop court, mais aussi parce qu’il s’agit d’un roman “de commande” pour Le Livre de Poche, j’ai trouvé Rosy & John un peu plus convenu, moins surprenant. J’avais été habitué à être davantage déstabilisé par ses intrigues qui m’avaient amené là où je ne m’attendais pas.

Ceci dit, avec ses 142 pages seulement, ce polar m’a fait passer une matinée agréable sur la plage. Je ne m’en souviendrai pas longtemps, mais ça fait le taf pour des vacances farniente.

Les Hommes protégés, de Robert Merle

Je vous ai parlé avec enthousiasme le mois dernier de La Mort est mon métier. Il y a quelques années, je découvrais Robert Merle à travers son roman Malevil, qui est l’un de mes romans préférés (tous auteurs et toutes époques confondus). Avec Les Hommes protégés, Merle signe (encore) un chef-d’œuvre !

Sur fond de pandémie et teinté d’une certaine dose de féminisme, ce roman tente de rééquilibrer (ou de réinterroger) la place des hommes et des femmes dans une société dystopique. Robert Merle interroge les inégalités et le sexisme systémique en inversant les rôles. Comme toujours, c’est écrit de manière impeccable et c’est suffisamment long pour qu’on prenne le temps de s’immerger dans le récit. Les rapports femme-homme (dans le couple et dans la société) sont interrogés de manière particulièrement intelligente et actuelle bien que le roman ait été écrit en 1974 par un homme.

La Maison des Lumières, de Didier van Cauwelaert

La semaine dernière, j’étais à Venise et ai pu visiter la fondation Peggy Guggenheim dans laquelle est conservé l’une des répliques de L’Empire des Lumières de René Magritte. Il se trouve que c’est là que se trouve le plus grand format des dizaines de versions que le peintre surréaliste à réalisé de ce tableau. C’est aussi dans ce musée et devant cette toile que commence La Maison des Lumières, le roman de Didier van Cauwelaert.

Rêve, expérience paranormale, canular ou simple illusion, le héros de ce roman bascule inexplicablement à l’intérieur du tableau et il y fait des rencontres étonnantes, puis va se voir confier une quête à poursuivre dans le monde réel.

Le roman est très court (moins de 200 pages) et se lit d’une traite. L’auteur insuffle un certain humour dans ce récit gentillet, accessible et divertissant. Malgré son manque de fond, ce petit livre nous offre quelques heures de lecture sympa sur l’instant.

Au taf, de Vaïnui de Castelbajac

Il y a un peu d’ironie à lire un recueil sur le monde du travail quand on est en vacances, non ? Justement, avec humour et pas mal d’ironie, Vaïnui de Castelbajac croque la vie au bureau histoire de nous rappeler pourquoi on est si bien quand on en est loin !

vainui de castelbajac au taf

Circé, de Madeline Miller

J’étais passé à côté du phénomène qu’avait été Le Chant d’Achille, mais cette année mes collègues m’ont offert Circé, le deuxième roman de Madeline Miller, et je dois avouer que j’ai été séduit par le parti pris de cette romancière.

Son pari ? Nous faire découvrir un personnage mythologique de façon romancée. Et c’est vraiment très réussi. Dans ce récit à la première personne, elle nous fait redécouvrir le mythe de la sorcière Circé, que l’on connaît surtout comme un personnage secondaire de l’Odyssée. C’est elle qu’Ulysse croise sur l’île d’ Æaea et qui change ses compagnons en pourceaux. Mais les légendes qui concernent Circé sont beaucoup plus nombreuses que cet épisode raconté par Homère.

J’ignorais que le personnage de Circé était aussi lié au légendaire monstre Scylla, au dieu marin Glaucos, à la reine de Crète Pasiphaé, à la sorcière Médée, et qu’après avoir été proche du héros Ulysse, elle avait aussi croisé la route de Pénélope et de Télémaque…

Le talent de Madeline Miller est de nous faire prendre la mesure d’une vie éternelle (car Circé est une fille de Titan immortelle) et ressentir la solitude d’une femme qui traverse l’existence en exil sur l’île magique d’Æaea. Circé a toujours été un personnage qui m’a plu (connaissez-vous la chanson que Juliette lui a consacrée sur l’album Mutatis mutandis ?) et ce roman lui a offert une deuxième vie que j’ai pris beaucoup de plaisir à (re)découvrir.

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Bref, le mois d’août a été un signe placé sous le signe de la lecture. Et vous, qu’avez-vous découvert d’intéressant cet été ? Quel est votre bilan culturel ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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