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Mörk, Ragnar Jónasson [CRITIQUE]

by Julien
Ragnar Jónasson Mörk © Culture déconfiture

Lorsque je suis parti en Islande l’été dernier, une amie s’est empressée de mettre dans mes mains une série de romans de Ragnar Jónasson, auteur originaire de cette île dont les polars se déroulent à Siglufjördur, la ville la plus septentrionale. Pendant mon séjour là-bas, je n’ai pas vraiment eu le temps de lire. Mais quelques mois plus tard, de retour chez moi, je me suis lancé à la découverte de ces romans, histoire de replonger un peu dans l’ambiance islandaise. Le premier que j’ai ouvert est Mörk, une enquête de l’inspecteur Ari Thór Arason.

Mörk, la deuxième enquête de l’inspecteur Ari Thór

L’avantage avec les romans de Ragnar Jónasson, c’est qu’ils peuvent être lus indépendamment les uns des autres. Bien que je n’aie pas lu Snjór, son premier livre, je n’ai eu aucune difficulté à rentrer dans Mörk.

La première bizarrerie de ce roman, c’est son titre. Littéralement, il signifie « Frontière ». Ce n’est pourtant pas son titre original, puisque dans la version islandaise le roman est intitulé Náttblinda, ce qui se traduit par « Cécité nocturne ». Pourquoi remplacer un titre islandais par un autre ? Je n’ai pas vraiment saisi l’intérêt. D’autant que le titre original est bien plus évocateur de l’ambiance de ce roman : en hiver, les nuits islandaises sont terriblement longues (le soleil n’est visible qu’entre 11h et 16h). C’est dans ce contexte de nuit quasi-permanente que ce déroule l’enquête d’Ari Thór, le flic dont on suit les enquêtes.

Alors qu’il a la grippe, Ari Thór est temporairement remplacé par un collègue, Herjólfur, sur une enquête de trafic de drogue aux abords d’une vieille maison abandonnée. Or, cette nuit-là, Herjólfur de fait tirer dessus et est grièvement blessé. Ari Thór se voit donc dans la nécessité de reprendre du service pour comprendre qui a abattu son collègue et pour quelles raisons.

On s’imagine vivre dans un pays d’où les armes et la violence sont bannies, mais la réalité est bien différente. Il y a beaucoup trop d’armes à feu en circulation ici. J’ai entendu des chiffres à la radio… Ça confirme ce que je savais déjà. Parmi les personnes que je connais, la moitié possède un permis de port d’armes. L’Islande, un pays paisible, sans violence ? Conneries ! C’est sûr, en surface tout a l’air tranquille, aimable, mais derrière les portes closes, c’est un secret embarrassant que l’on cache. La violence domestique. Et personne ne veut le reconnaître, encore moins en parler.

Ragnar Jónasson, Mörk (chap. 33, p. 214, éd. Points)

Mon avis

L’avantage de ce genre de polar, c’est que c’est facile à lire. Jónasson maîtrise parfaitement la recette du page turner : beaucoup de suspects, des secrets et de potentiels mobiles à gogo, des chapitres très courts et efficaces qui donnent envie d’enchaîner sur le suivant.

Ceci dit, je dois avouer que je m’attendais à mieux. J’imaginais un style beaucoup plus glaçant (sans jeu de mots), une ambiance beaucoup plus poisseuse. Bien sûr, il y a le froid. Bien sûr, il y a la nuit. Deux éléments omniprésents qui font la saveur d’une enquête à l’islandaise. Mais j’aurais aimé, je crois, plus de psychologie et plus de suspense.

Ce roman ne m’a pas fait l’effet escompté, comme j’ai pu le ressentir avec les polars de Pierre Lemaitre par exemple. Ou Jesse Kellerman. J’ai lu chaque chapitre sans m’ennuyer un seul instant, mais je n’avais ni la trouille au ventre, ni l’envie irrésistible de connaître le fin mot de cette histoire. D’ailleurs, le dénouement m’a laissé de marbre.

En revanche, cette déception initiale ne m’a pas ôté l’envie de découvrir les autres enquêtes d’Ari Thór. Si les romans policiers de Ragnar Jónasson, ont si bonne réputation, je suis persuadé qu’il y a une bonne raison. D’ailleurs, je suis en ce moment même en train de lire Sótt, une autre de ses enquêtes. Elle comporte beaucoup plus de mystères et de personnages douteux… et je suis donc beaucoup plus emballé et curieux d’en découvrir le dénouement. Mais tout ceci fera l’objet d’un autre article très bientôt, promis !


Et vous, êtes-vous amateurs de polars polaires ? Quels auteurs ou quels titres conseillez-vous ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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1 comment

Allychachoo 15 avril 2024 - 16 h 42 min

J’ai dans ma famille de grandes lectrices de polars nordiques, donc j’ai eu pas mal de recommandations ! Mais vu ma grande incapacité à retenir qui est qui quand j’en lis, j’avoue que j’ai du mal… J’avais adoré à l’époque la saga Millenium de Stieg Larsson, mais c’est le seul qui m’a vraiment marqué. J’en ai lu 1 ou 2 d’Arnaldur Indridason, mais je ne sais plus lesquels… (voici ce qui arrive quand j’oublie de chroniquer ici !!!). Et à découvrir, j’ai dans ma PAL Camilla Grebe, Camilla Läckbert, Jo Nesbo… Les options sont interminables !

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