Jusqu’à dimanche, la compagnie By Collectif présente sa dernière pièce au Théâtre du Pavé : Rachel, danser avec nos morts. Dans cette pièce écrite par les comédiens eux-mêmes, nous sommes témoins d’une histoire de famille à la fois émouvante et drôle et d’un mariage fort en émotions. Nous l’avons vue hier soir et nous l’avons adorée.
Rachel, danser avec nos morts… Rachel se marie porté à la scène
À l’origine de Rachel, danser avec nos morts il y a un film. Un film que j’adore. Le film du génial Jonathan Demme qui a permis à Anne Hathaway de montrer toute l’étendue de son talent : Rachel se marie. Sorti en 2008, c’était l’histoire de Kym, fraîchement sortie de cure de désintoxication, de retour dans sa famille pour le mariage de sa sœur Rachel… mais les traumatismes familiaux refaisaient lentement surface.
Depuis le départ, notre collectif est habité par le même double questionnement : comment l’individu arrive-t-il à exister au sein d’un système ? Entendu que le couple, la famille, la société sont autant de systèmes qui encadrent et délimitent la place de l’individu et par conséquent le définissent. Et comment le système se modifie en fonction de l’action de chaque individu ?
By Collectif
Lorsque j’ai lu les premiers mots du résumé dans le programme du Théâtre du Pavé « Rachel se marie… » j’ai tout de suite eu envie d’aller voir de quoi il retournait car ce film m’avait vraiment marqué à l’époque. Il y a un an, j’avais eu un plaisir immense à découvrir le travail de By Collectif avec leur adaptation de la pièce Oncle Vania de Tchekhov (voir l’article Vania, une même nuit nous attend tous). C’est un plaisir de retrouver ici toute la bande de comédiens, qui se permettent même quelques petits clins d’œil à leur ancienne création.
Donc, Rachel se marie…
Le contexte du mariage donne à toute la famille l’occasion de se retrouver dans la maison familiale au bord de la mer… Ou plutôt « presque toute la famille » car il y a un absent. Un absent auquel tout le monde pense. Une absence pesante qui finit par être trop présente et oppressante.
Les futures mariées (Rachel – Lucile Barbier – et Lou – Julie Kpéré) vont tout faire pour ensoleiller la journée des noces malgré l’énergie très négative de la grande sœur Anna (Delphine Bentolila, qui succède à Anne Hathaway dans le rôle de la sœur de Rachel). Les artistes de By Collectif utilisent tous les moyens qu’ils maîtrisent à la perfection pour emporter le public dans leur histoire et transformer le drame en comédie, notamment par la convocation de tubes musicaux comme Girls Just Want to Have Fun de Cindy Lauper ou bien le refrain de Wanna Be Startin’ Somethin’ de Michael Jackson « Ma Ma Se, Ma Ma Sa, Ma Ma Coo Sa » qui ne me sort plus de la tête depuis, comme l’an dernier le tube de Raffaella Carra.
Des draps blancs jonchent la scène et deviennent tantôt des écrans de cinéma, des protections pour les meubles, des nappes, une silhouette de fantôme, une houppa ou un dancefloor, entre autres… Avec un minimum de moyens, By Collectif parvient à faire exister cette famille et cette maison, revendique la théâtralité de son récit et nous fait passer par toutes les couleurs du prisme des émotions.
Rachel, danser avec nos morts est à l’affiche au Théâtre du Pavé à 20h30 ce soir et demain soir, et une représentation a même été ajoutée dimanche 23 octobre à 16 heures. Ne manquez surtout pas ce spectacle exceptionnel !
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.