Depuis que le film Napoléon de Ridley Scott est sorti en salle, je lis des avis très partagés à son sujet. Beaucoup y sont allés de jeux de mots faciles en parlant de “Bérézina” ou de “Waterloo cinématographique”… Je me suis donc rendu au cinéma hier soir pour me faire ma propre opinion. Bien calé dans la salle Dolby du Pathé en centre-ville de Toulouse, j’étais prêt à embarquer pour 159 minutes de métrage synthétisant une vingtaine d’années dans la vie de l’un des souverains français les plus emblématiques !
Un Napoléon humain, très humain
Avec un sujet comme Napoléon, on peut choisir un grand nombre d’axes : la politique, l’action militaire, la tragédie, la reconstitution historique… Là où le film étonne, c’est que Ridley Scott n’a choisi aucun de ces axes attendus. Pour le réalisateur américain, Napoléon est avant tout un homme dont les choix ont été guidés par des motivations sentimentales. Derrière le rêve d’un empire se cache surtout le désir d’impressionner une femme, Joséphine. Derrière le conquérant, il y a un enfant qui veut prouver sa valeur à la première femme de sa vie : sa mère.
Ainsi, ne cherchez pas le réalisme historique dans ce film, ce n’est pas l’objet. Qu’importe que Joaquin Phoenix ait trente ans de plus que le personnage qu’il joue et qu’il ne lui ressemble pas physiquement… Qu’importe qu’il ait ou non vraiment tiré avec ses canons sur les pyramides, qu’il n’ait pas été réellement présent à la décapitation de Marie-Antoinette… D’ailleurs, les scènes historiques sont assez anecdotiques dans ce film, qui préfère présenter Napoléon dans son intimité, en particulier les vicissitudes de sa vie sentimentale.
Si vous vouliez voir le légendaire Napoléon de Stanley Kubrick (grande fresque qu’il n’a jamais tournée mais dont il rêvait), c’est raté ! Ridley Scott fait du Ridley Scott, avec tout ce que cela implique d’irritable ou de satisfaisant.
Un réalisateur qui surprend toujours
Finalement, ce que l’on reproche à Ridley Scott, c’est de ne plus faire les mêmes films que dans les années 70 et 80. Eh oui, après 50 ans de carrière, le réalisateur ne nous livre pas un énième Blade Runner ni un Huitième passager. Faut-il lui en vouloir ?
Moi-même je suis souvent partagé devant les films que Ridley Scott a réalisés ou produits ces dernières années : Prometheus, Seul sur mars, House of Gucci, Le Dernier duel… Il y en a pour tous les goûts (et pas des meilleurs…).
Certes, je comprends la déception de tous ceux qui espéraient voir dans Napoléon de grandes scènes d’action ou des analyses politiques et militaires subtiles. Même la grandeur tragique – qui seyait si bien au personnage – est évitée. Mais pour tous les déçus, il reste la série de 2002 avec Christian Clavier, si vous préférez le casting français aux performances en roue libre de Joaquin Phoenix. Pour ma part, je garde en tête des images marquantes : la mort de Marie-Antoinette totalement théâtralisée, le général Bonaparte qui écoute le murmure d’un pharaon momifié, une scène de sacre totalement… désacralisée !
Et puis j’ai une affection particulière pour Rupert Everett, qui semblait avoir disparu des plateaux de cinéma depuis de nombreuses années. Quel plaisir de le voir revenir sur les écrans !
Bref, comme avec ses films précédents, Ridley Scott ne m’a pas convaincu à 100 %, mais je trouve que le procès que l’on fait à son film est un peu dur. Il y avait certes d’autres choses à raconter sur ce grand personnage, mais j’apprécie qu’un artiste fasse des choix quitte à ne pas donner au public exactement ce qu’il attend, quitte à nier la vérité historique pour livrer une œuvre de fiction plus personnelle. À ce titre, la vie de Napoléon semble presque un prétexte à raconter autre chose que ce que l’on trouve dans les livres d’histoire et les biographies.
Et vous, avez-vous également lu plein d’avis contradictoires sur Napoléon ? Selon vous, de quel côté penche la balance ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
