Au cours de l’été dernier, en traversant la Gironde, j’ai eu l’occasion de passer par la commune de La Sauve et d’y découvrir son abbaye (fondée en 1079), site envoûtant et hors du temps. Chef-d’œuvre de l’art roman du XIIe siècle, l’abbaye de La Sauve-Majeure représente un magnifique témoignage d’architecture religieuse ayant traversé les siècles. Elle déploie un paysage à ciel ouvert sur plus de 2 hectares et présente des décors sculptés de toute beauté : animaux fabuleux, héros, récits bibliques se racontent sur les chapiteaux de l’église. L’ascension de la tour-clocher, « phare » de l’Entre-deux-Mers, offre un panorama unique de vignobles et de forêts. Le cloître et l’espace lapidaire complètent la visite.
Vous connaissez mon amour pour les vieilles pierres. Forcément, je ne pouvais pas passer à côté de cette découverte.
L’Abbaye de La Sauve-Majeure, une expérience monastique originale
À la fin du XIe siècle, la vie monastique connait partout un renouveau et La Sauve-Majeure s’inspire des expériences spirituelles diverses qui naissent à cette époque. Gérard de Corbie – fondateur de l’abbaye – et ses compagnons souhaitent vivre pleinement les enseignements de la règle de Saint-Benoît établie au VIe siècle, selon laquelle les moines doivent s’adonner au travail manuel, intellectuel et spirituel au sein même des monastères.
Située sur les chemins de Saint-Jacques et grâce à des protecteurs puissants, La Sauve-Majeure va connaître un développement rapide et important. À la fin du XIIe siècle, elle est la plus puissante des abbayes d’Aquitaine. Jusqu’au XIIIe siècle, elle bénéficie de l’attention particulière des Plantagenêts qui règnent sur l’Anjou, l’Aquitaine et l’Angleterre. Elle ne connaîtra le déclin qu’après le XIVe siècle. Puis la Révolution française mettra fin à la vie monastique en 1790.
En 1910, il sera même question de détruire le monument, mais le coût de la démolition va paradoxalement le sauver. Les ruines de l’abbaye sont rachetées par l’État en 1960 et cette dernière est classée en 1998 au patrimoine mondial de l’Unesco, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle est désormais gérée par le Centre des monuments nationaux.
Merveilleux médaillons et chapiteaux
Bien que l’édifice soit en ruine, certaines parties sont en excellent état. Les bas-reliefs, médaillons et autres chapiteaux sont particulièrement impressionnants. Sur l’un d’entre eux, on découvre par exemple l’histoire de Samson décomposée en 3 épisodes : le transport des portes de Gaza, le combat contre le lion et la trahison de Dalila.
Le chapiteau de Daniel dans la fosse aux lions est une évocation indirecte de l’histoire de Christ. En effet, le séjour du prophète Daniel dans la fosse aux lions est rapproché de la descente du Christ aux Enfers après la crucifixion. Mais Daniel triomphe des fauves comme Jésus triomphe de Satan.
Si vous passez à proximité de La Sauve, n’hésitez pas à aller découvrir son abbaye, sublime témoignage des siècles passés !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
1 comment
C’est absolument magnifique <3