Quelle joie de revenir enfin au théâtre, après plus de six mois d’absence ! En effet, c’était depuis le mois de février que nous n’étions pas revenus dans une salle et on peut dire que ça nous avait manqué. Alors pour une reprise digne de ce nom, nous sommes allés au Théâtre du Capitole écouter un récital de la soprano Sabine Devieilhe, accompagnée au piano par Alexandre Tharaud (l’un de mes musiciens préférés dont je pense avoir tous les albums).
Le programme : des poèmes d’amour du dix-neuvième siècle mis en musique par Debussy, Ravel, Poulenc et Fauré.
La première partie
Les deux musiciens sont entrés en scène sous les applaudissements, le public était manifestement heureux de retrouver ses artistes ! Alexandre Tharaud, dans son habituel costume noir, et Sabine Devieilhe dans une longue robe chair. Sabine Devieilhe est une soprano dont nous vous avons déjà parlé, puisqu’elle se produit régulièrement avec l’Ensemble Pygmalion dont nous essayons de ne pas rater les représentations quand ils viennent à Toulouse.
La première partie du spectacle a permis de réentendre de grands classiques de la poésie du dix-neuvième siècle (Théodore de Banville, Romain Bussine, Armand Silvestre, Sully Prudhomme, Paul Verlaine, Paul Gravollet, Stéphane Mallarmé) mais aussi du début du vingtième siècle (Paul Bourget, Louis Aragon).
J’ai été particulièrement sensible au poème Après un rêve, de Romain Bussine mis en musique par Gabriel Fauré, que je ne peux m’empêcher de vous faire partager. Qu’en pensez-vous ?
Cinq mélodies populaires grecques, puis les Ariettes oubliées de Paul Verlaine
Après une très brève interruption, cinq poèmes de Michel Calvocoressi ont été chantés sur une musique de Maurice Ravel. Ces Cinq mélodies populaires grecques furent une très belle découverte, en particulier la très poétique Chanson des cueilleuses de lentisques dont les échos rebondissaient dans le piano et dans tout le théâtre avec magie !
La dernière partie était consacrée à mon poète fétiche, Paul Verlaine, dont les Ariettes oubliées étaient mises en musique par Claude Debussy. Il y a un plaisir encore plus particulier à entendre chanter des textes dont vous connaissez déjà les paroles, surtout Il pleure dans mon coeur, Green, ou encore Chevaux de bois dont je vous avais déjà parlé ici.
Entre les différentes parties du concert, les deux artistes ont également pris la parole pour partager leur bonheur de revenir enfin devant un public et être à nouveau sur la scène, qu’Alexandre Tharaud a affectueusement surnommée “sa maison“. Un petit frisson m’a parcouru ! Je ne devais pas être le seul, puique le concert s’est achevé dans un tonnerre d’applaudissements. Malgré une jauge à moitié vide (protocole sanitaire oblige), j’avais rarement entendu la salle aussi enthousiaste.
Trois rappels
Le plaisir de Sabrine Devieilhe et Alexandre Tharaud n’était probablement pas feint, puisqu’ils sont revenus à trois reprises pour gratifier le public de rappels réclamés.
Tout d’abord, Le Feu de Ravel (L’enfant et les sortilèges) où le chant de la soprano se mêle à son rire malicieux avec une incroyable virtuosité. Puis Sabrine Devieilhe a voulu nous faire partager une chanson de Kurt Weill qu’elle a elle-même découverte pendant le confinement : Youkali ! On peut que la remercier de nous l’avoir faite découvrir à notre tour (rendez-vous sur sa page Facebook pour l’entendre chanter cet air avec Raphaël Pichon).
Pour finir en beauté, le duo nous a fait entendre un air des Indes Galantes de Jean-Philippe Rameau, un morceau qui m’a forcément fait très plaisir puisque c’est avec son album consacré à Rameau que j’ai commencé à m’intéresser à Alexandre Tharaud il y a vingt ans.
Ce fut une rentrée musicale particulièrement réussie. On est ravis de pouvoir partager à nouveau ces sublimes instants de musique et de spectacle avec vous. Pour les prochains rendez-vous, nous vous parlerons du retour de Juliette sur scène, mais aussi du récital tant attendu de Cecilia Bartoli avec les musiciens du Prince-Monaco (déprogrammé au printemps dernier pour les raisons que vous savez).
Et vous, avec quels artistes prévoyez-vous de revenir dans les salles de spectacle en 2020 ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.