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Un animal doué de raison, Robert Merle [CRITIQUE]

by Julien
Un animal doué de raison Robert Merle

Vous connaissez ma passion pour Robert Merle, dont je vous parle régulièrement sur Culture déconfiture depuis que j’ai lu – et adoré – son roman Malevil. Depuis, j’essaie de lire chaque année un ou deux livres de cet auteur français qui, décidément, fait partie de mes préférés du XXe siècle. Ce mois-ci, je me suis plongé dans Un animal doué de raison, une œuvre de 1967 qui explore les relations entre des humains et des dauphins. À travers ses pages, Merle nous propose une réflexion sur la communication interespèces, tout en suscitant des questionnements sur la nature de l’intelligence et de la conscience.

Un animal doué de raison : l’histoire fascinante de la communication interespèces

Au cœur d’Un animal doué de raison se trouve l’histoire d’une équipe de chercheurs américains travaillant sur un projet audacieux : établir une forme de communication avec les dauphins. En pleine guerre froide entre les États-Unis et le bloc de l’Est, ces chercheurs s’immergent dans le monde marin pour étudier et interagir avec ces créatures étonnantes, et leur apprendre à parler anglais (oui oui).

Le récit prend vie à travers les yeux de protagonistes tels que Sevilla (a.k.a. Pa), directeur du département de recherche sur les cétacés, et le dauphin dénommé Ivan (a.k.a. Fa). Les interactions entre les humains et les dauphins sont complexes et nuancées, et Merle parvient à les dépeindre avec une sensibilité remarquable. À travers des moments d’émerveillement, de frustration et de découverte, le roman explore les limites de la compréhension entre deux espèces si différentes et pourtant si proches.

Un style narratif déconcertant

Je dois dire que, en raison de son style, Un animal doué de raison est un roman auquel j’ai un peu moins adhéré. La moitié des chapitres sont écrits comme de très longues phrases sans point ni majuscule, comme un long flux dans lequel le récit se mélange au discours des personnages sans aucune distinction. Bien sûr, dans un roman qui a choisi le langage comme objet de sa réflexion (puisque c’est l’histoire de dauphins qui apprennent à parler la langue des humains), on peut comprendre la démarche audacieuse de Robert Merle. C’est un peu comme si, nous aussi, nous baignions dans une langue nouvelle, à la fois familière et inédite. Si la thèse de l’auteur vise à démontrer que le langage structure la pensée, le défi est parfaitement relevé.

insoutenables longues etreintes

Contrairement à La Mort est mon métier (1952), L’Île (1962), Malevil (1972) et Les Hommes protégés (1974) que j’avais lus d’une traite tellement j’étais absorbé, Un animal doué de raison n’a pas su me captiver par son intrigue qui m’a semblée un peu datée. Malgré tout, j’ai retrouvé le même plaisir qu’auparavant dans de nombreux chapitres, notamment ceux où les émotions humaines et animales s’entremêlent, offrant une perspective riche sur la nature de la conscience et de l’identité.

Un roman à part

Vous l’avez compris, malgré ses qualités narratives et son originalité stylistique, Un animal doué de raison est le roman de Robert Merle que j’ai le moins apprécié jusqu’à présent. Quoi qu’il en soit, ce roman offre une plongée fascinante dans le monde des dauphins et des humains, tout en soulevant des questions essentielles sur la nature de l’intelligence, la connexion entre les espèces, la conscience du bien & du mal et les dangers du capitalisme.

Bien que ce roman n’ait pas suscité le même enthousiasme que d’autres œuvres de Merle, il reste une lecture enrichissante pour ceux qui s’intéressent aux questions – très actuelles – des relations entre l’homme et le monde animal. Les fans d’Hugo Clément, on attend votre avis 😉

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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