Home À écouter Mam’zelle Nitouche, une opérette cent ans avant Sister Act

Mam’zelle Nitouche, une opérette cent ans avant Sister Act

by Julien
mamzelle nitouche

Hier soir, j’ai eu le plaisir d’être invité au théâtre du Capitole de Toulouse pour découvrir une opérette sensationnelle : Mam’zelle Nitouche, un vaudeville chanté de la fin du dix-neuvième siècle signé Hervé.

A peine entré dans la salle et installé dans mon fauteuil, un constat : mais que fait donc une poule en liberté sur la scène du Capitole ? Elle n’a pas l’air farouche et semble au contraire remuer la tête au rythme des instruments qui s’accordent dans la fosse d’orchestre. J’aurais du me douter dès mon passage par le foyer du théâtre que le spectacle n’allait pas être comme tous les autres, accueilli par un clown et un jongleur qui saluaient le public ! On est loin de l’opéra prout-prout et on sent d’emblée que l’on va passer un moment sans prise de tête ce soir.

Au centre, Mam’zelle Nitouche (Lara Neumann) fait la joie des soldats ivres (crédit photo : Patrice Nin)

Mam’zelle Nitouche est une opérette sur le thème du dédoublement. Au casting, un organiste de couvent qui devient la nuit un compositeur d’opérette parisiennes (Matthieu Lécroart) ; et une jeune novice exemplaire, qui se transforme en reine des nuits parisiennes à la fin du jour (Lara Neumann). Ensemble, les discrets monsieur Célestin et Mademoiselle Denise vont quitter le couvent et se transformer en Floridor et Mam’zelle Nitouche, deux stars des théâtres et des lieux de débauche. Le ton est donné, et les Gloria In Excelsis se transforment peu à peu en chansons frivoles. Ambiance Sister Act garantie, avec des choeurs de bonnes sœurs et de novices au faux-airs de petites filles modèles, qui fument et boivent en cachette dès que la mère-supérieure a le dos tourné.

C’est au théâtre de Pontarcy que se déroule l’acte II, tout en froufrous (crédit photo : Patrice Nin)

La mère-supérieure justement, parlons-en ! Faire jouer cet austère personnage par une comédienne au premier degré aurait manqué de sel… C’est donc à Miss Knife, l’alter ego d’Olivier Py, que le rôle a été confié. J’avais déjà eu l’occasion d’entendre Miss Knife en concert il y a quelques années dans un format de cabaret, ce fut donc un immense plaisir de la retrouver sur la scène du Capitole dans un rôle de religieuse (quand on sait qu’Olivier Py a fait des études de théologie, on imagine que ses enseignants doivent aujourd’hui avoir des crises d’urticaire chaque fois qu’il monte sur scène travesti en mère-sup’). Vous l’aurez compris sans que je le précise, Miss Knife est excellente dans ce rôle, mais aussi au deuxième acte où elle incarne une sulfureuse meneuse de revue. Olivier Py réapparait au troisième acte (habillé en homme cette fois, et c’est suffisamment rare pour le préciser) dans un rôle de soldat qui aurait préféré travailler dans une mercerie. Bref, on dirait que ces personnages ont été taillés sur mesure pour lui !

Le passage qui m’a le plus fait rire est bien sûr l’apparition au couvent d’une Sainte qui vient conseiller miraculeusement la pauvre Denise en proie à ses états d’âmes. Mais pas n’importe quelle Sainte… Vous l’aurez compris, la Sainte des nuits parisiennes, c’est Sainte Nitouche bien sûr !!

Clémentine Bourgoin (en Sainte Nitouche) et Lara Neumann (en pauvre Denise) – photo : Patrice Nin

Bref, Mam’zelle Nitouche est le spectacle idéal pour une fin de saison. Je suis ravi que le théâtre du Capitole ressuscite l’opérette et lui redonne une place dans sa programmation, dans ces temps parfois un peu moroses.

Si vous voulez découvrir en famille ce spectacle chanté, il y a encore deux représentations de prévues : l’une ce samedi soir à 20 heures, et une autre demain après-midi (dimanche 19 mai) à 15h.

Pour les fans d’Olivier Py, il sera rapidement de retour sur les planches toulousaines, puisqu’il mettra en scène les Dialogues de Carmélites de Francis Poulenc du 22 novembre au 1er décembre prochains, toujours au Capitole. Mais ses carmélites seront-elles plus sages que celles de Mam’zelle Nitouche ? Rien n’est moins sûr…

Crédit photo : Patrice Nin

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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2 comments

Anne 19 mai 2019 - 8 h 45 min

Mon fils a répété cette semaine dans le décor (pour un prochain spectacle, mais c’est celui-là qui était en place), il m’en a parlé!

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Julien 20 mai 2019 - 8 h 34 min

Le décor était très impressionnant !

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