La saison 2024-2025 de l’Opéra National du Capitole commence en grande pompe. En effet, c’est le metteur en scène visionnaire Stefano Poda qui ouvre le bal avec Nabucco, chef-d’œuvre de Verdi. L’opéra est extrêmement attendu, car on se souvient avec excitation du triomphe qu’avait été Rusalka (Dvořák) il y a deux ans, et Ariane et Barbe-Bleue (Dukas) quelques années encore auparavant.
Hier soir, je me suis rendu à la première de Nabucco. Le succès a-t-il été au rendez-vous ? Découvrez-le dans cet article.
Nabucco, chef-d’œuvre de Verdi
Verdi est un compositeur souvent programmé dans les opéras et les festivals. En 2023 par exemple, nous avions eu le plaisir de voir La Traviata au Capitole, qui avait su conquérir le public toulousain. En revanche, cela faisait de nombreuses années que Nabucco n’avait pas été présenté.
Cet opéra de Giuseppe Verdi, créé en 1842, se déroule à Jérusalem et Babylone. Le roi Nabucco (sobriquet de Nabuchodonosor), réduit le peuple juif en esclavage avant de le condamner à mort sous l’influence néfaste de sa fille Abigaille. Dans sa mégalomanie, il va même jusqu’à renier Baal (le dieu des païens) pour se proclamer dieu lui-même. Seule son autre fille, Fenena, convertie au judaïsme par amour pour le neveu du roi de Jérusalem, pourra ramener Nabucco et Abigaille sur le chemin de la rédemption.
Une rentrée réussie
La première représentation de Nabucco hier soir a été un succès, c’est indéniable. En effet, Verdi et Poda sont des valeurs sûres et le public était au rendez-vous. C’est bien simple : toutes les représentation affichent complet et une date a même été ajoutée à la fin de la série.
Pour ma part, j’avais de grandes attentes. Les mises en scène précédentes signées Stefano Poda avaient été un tel choc visuel que je suis venu convaincu de retrouver la même magie dans la scénographie de Nabucco. Et forcément, quand on a beaucoup d’attentes, on s’expose à être un peu déçu.
Le décor est impressionnant, c’est un fait. Il s’agit d’une grande boîte scénique extrêmement moderne (voire futuriste) dans laquelle toute l’histoire du peuple juif semble synthétisée, portée par un chœur omniprésent. Pas de reconstitution historique ni de référence directe à notre actualité. Poda reste dans une forme d’abstraction graphique esthétisante qui est un peu sa marque de fabrique.
Les gentils sont en blanc, les méchants sont en noir : pour ceux à qui le manichéisme de l’opéra avait échappé, les costumes sont là pour le souligner. On retrouve aussi les mêmes influences que dans les spectacles précédents : robes fluides, tresses aux allures de dreadlocks, gémellité entre les personnages… Je dois avouer que j’ai éprouvé parfois un sentiment de déjà-vu.
Les interprètes étaient au top. Si la présence de la basse Nicolas Courjal (dans le rôle de Zaccaria) est toujours un plaisir (rappelez-vous, il incarnait Mefistofele dans l’opéra du même nom en 2023), j’ai surtout été impressionné par la soprano Yolanda Auyanet, qui joue la très jalouse Abigaille. Mais le véritable personnage central de cet opéra, c’est bien entendu le chœur. Dirigé par Gabriel Bourgoin, le Chœur de l’Opéra national du Capitole est à la hauteur de la partition qui lui est confiée.
Côté danse, je suis resté sur ma faim. Les interprètes gesticulent, prennent des poses artificielles, miment des combats au ralenti, avec beaucoup de grimaces et des « arrêts sur image » un peu redondants. Stefano Poda a semblé moins inspiré pour ce spectacle qu’il ne l’a été auparavant. Mais nul n’est infaillible, on ne peut pas faire mouche à chaque fois.
Nabucco : un spectacle à voir jusqu’au 8 octobre 2024
Si vous voulez découvrir Nabucco, sachez que le spectacle reste à l’affiche jusqu’au 8 octobre, à 20h en semaine et à 15h les dimanches.
Bien que les représentations affichent complet, sachez qu’il est toujours possible de se présenter à la dernière minute au guichet et qu’il y a souvent quelques spectateurs absents dont il est possible de récupérer les fauteuils. Le spectacle dure 2h30 avec entracte.
Quand vous l’aurez vu, revenez ici nous dire ce que vous en aurez pensé, on a hâte d’en discuter.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.