Vous aimez les spectacles d’humour ? Mais vous aimez aussi le belcanto ? Alors les Cata Divas ont un spectacle pour vous ! Ce trio féminin totalement déjanté propose un concert haut en couleur au cours duquel deux cantatrices qui se détestent doivent performer ensemble, sous le regard inquiet d’une pianiste qui peine à sauver les apparences.
Hier soir, les Catas Divas étaient de passage à la Comédie de Toulouse où nous étions invités. Nous avons vécu un concert mémorable pour le meilleur et pour le rire !
Les Cata Divas : faire rire avec la culture lyrique
A priori, la culture classique n’est pas ce qu’il y a de plus fun au monde. Si le monde lyrique tient clairement le haut du classement en ce qui concerne la beauté et la virtuosité, il faut reconnaître que c’est aussi un monde souvent auréolé d’une réputation austère, réservé aux érudits et autres initiés. Vous savez sans doute que je suis un aficionado de la musique classique, que je vais voir quasiment tous les concerts organisés par les Grands Interprètes (Cecilia Bartoli, Pygmalion, Philippe Jaroussky…) et les opéras du Capitole (La Bohème, Le Barbier de Séville, La Flûte enchantée…). Mais lorsque j’ai entendu parler des Cata Divas, ma curiosité a été titillée. En effet, la Comédie de Toulouse est bien le dernier théâtre dans lequel je me serais attendu à voir un spectacle lyrique. Voilà un spectacle qui prend un virage pour le moins inattendu.
Céline Laborie est la première diva de ce concert : superficielle, écervelée, elle n’en est pas moins une soprano confirmée. Habituée des grandes scènes et des spectacles d’opéras, elle a été formée au Conservatoire de Toulouse qui l’a primée en 2012 avec les Félicitations du Jury. Avec beaucoup d’autodérision, elle incarne tous les clichés que l’on imagine sur les grandes divas : capricieuse, vénale et totalement égocentrique. Bravo pour le second degré !
À ses côtés, Cécile Piovan est une mezzo des campagnes, rustre, au langage peu châtié… Primée elle aussi par le conservatoire de Toulouse, elle est l’antithèse de sa partenaire et rivale sur la scène. C’est un duel de Castafiores qui s’annonce pour ce récital totalement barré. Forcément, on se demande comment les deux divas vont pouvoir chanter à l’unisson.
Afin de calmer le jeu entre les deux cantatrices irréconciliables, Jeanne Vallée au piano s’improvise médiatrice : quand on aime son public, on laisse les rancunes au vestiaire ! Mais face à deux furies comme Céline et Cécile, c’est un peu mission impossible !
Vraie comédie et véritable concert lyrique
Si la comédie des Cata Divas écrite et mise en scène par Julie Safon s’appuie sur une trame assez classique (celle des meilleures ennemies ou des « sœurs fâchées »), l’intrigue est surtout un prétexte pour présenter au public un véritable concert lyrique de haute volée. Avec un immense talent et une grande virtuosité, Céline et Cécile interprètent les plus célèbres morceaux du répertoire classique (tantôt en solo, tantôt en duo). Il est rare d’entendre au cours d’un même concert autant de standards : l’air de la Reine de la nuit de Mozart, la chanson d’Olympia d’Offenbach, l’air de Cupidon d’Orphée aux enfers (dite « chanson des bisous », reprise en chœur par le public), air de La Périchole (« Je suis grise »), duo des Fleurs de Lakmé, ou la Barcarole des Contes d’Hoffmann… Même si vous n’êtes pas un grand connaisseur du répertoire classique, vous connaissez forcément déjà tous ces grands airs !
Comme Marianne James en son temps avec l’Ultima Récital, les Cata Divas dépoussièrent le genre du concert lyrique et donnent un nouveau souffle à la comédie. Si le spectacle est bien moins piquant et caustique que celui de Maria Ulrika Von Glott (la chanteuse nazie imaginée et incarnée par Marianne James en 1992), les Cata Divas proposent un vrai divertissement qui saura plaire à tout le monde, mélomanes confirmés comme néophytes.
N’hésitez pas à découvrir sur leur site les dates et les lieux de leur tournée. Sans la moindre hésitation, je vous recommande d’aller découvrir ce spectacle familial et drolatique qui fera l’unanimité.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.