Lorsque j’ai vu en 2020 le film The Father, réalisé par Florian Zeller et mettant en scène le talentueux Anthony Hopkins, j’ai été bouleversé par sa justesse et son intelligence. Cette œuvre cinématographique m’a incité à me plonger dans l’univers littéraire de l’auteur, bien que je n’aie jamais lu l’un de ses romans auparavant. Mais je suis tombé sur La Fascination du pire, l’un de ses premiers romans de publié en 2004 (il n’avait alors que 25 ans et était considéré comme un prodige). J’ai décidé de l’emporter avec moi en vacances dans l’espoir de découvrir sa plume. Malheureusement, cette lecture m’a laissé sur ma faim et a été loin de répondre à mes attentes.
La fascination du pire : un titre partiellement mensonger car la fascination n’y est pas
Le seul point positif que je trouve à ce roman est sa brièveté avec seulement 157 pages. Cependant, pour le reste, rien n’est à garder. L’histoire se concentre sur deux écrivains français en voyage au Caire, qui expriment leurs lamentations sur le déclin de l’esprit européen au profit de l’Islam. Malheureusement, le ton général est souvent lourd et déplaisant.
Le mot « pute » est utilisé à peu près à chaque page, généralement en corrélation avec les mentions des femmes voilées, devenant une obsession dans ce récit. Les références nombreuses à Flaubert et à sa Correspondance (notamment ses lettres sur son voyage en Égypte) ne font qu’accroître le sentiment de déception, rappelant constamment que l’on est bien loin d’une écriture évoquant le génie littéraire de Flaubert.
Zeller commet la même erreur en essayant de se trouver quelques affinités avec la pensée de Kundera à propos de l’art du roman européen. La Fascination du pire est précisément la démonstration que cet art vit ses derniers instants. Heureusement que nous avons aujourd’hui des auteurs comme Alain Damasio pour nous prouver le contraire !
Le dernier chapitre où l’auteur tente de faire une sorte d’autocritique de son livre n’apporte pas de réelle rédemption à l’ensemble de l’œuvre. Avoir conscience que l’on a écrit un récit navrant dans un style affligeant n’a malheureusement pas le pouvoir alchimique de transformer la boue en or.
Des opinions partagées
Sur la quatrième de couverture, Bernard-Henri Lévy écrit que ce roman est « parfaitement salutaire ». Quant à Claire Julliard du Nouvel Observateur, elle affirme que « le roman, polémique à souhait, est vif et drôle ». Nos opinions divergent et il est clair que ce livre ne convainc pas tout le monde. Une amie m’a également dit que son roman précédent Neiges artifielles était d’un meilleur acabit.
Florian Zeller s’est donc révélé un réalisateur talentueux avec The Father, un film qui a su toucher le cœur du public par sa justesse et son émotion (lauréat de 2 oscars, 2 BAFTA, 3 BIFA, 2 European Film Awards, 1 César… et j’en passe). Cependant, son roman La Fascination du pire n’a malheureusement pas réussi à susciter le même enthousiasme en ce qui me concerne. Malgré cela, il reste un auteur dont l’œuvre peut continuer à intriguer et susciter des débats passionnés. Si vous avez lu d’autres romans de Florian Zeller, n’hésitez pas à partager vos impressions, car les opinions sur cet auteur semblent être variées.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.