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Jeux floraux : un double anniversaire grandiose avec Tarmo Peltokoski et l’ONCT

by Julien
Tarmo Peltokoski, 2021 © Peter Rigaud

Vendredi soir, Tarmo Peltokoski dirigeait l’Orchestre National du Capitole dont il est désormais le directeur musical désigné. L’occasion était particulière : nous célébrions les 700 ans des Jeux floraux, cette grande institution poétique dont la création remonte à l’an 1323. Chaque 3 mai, elle remet depuis 1324 des « Fleurs » aux lauréats des différents concours qu’elle organise. Le 3 mai dernier, l’anniversaire a pris une tournure exceptionnelle avec une grande soirée à la Halle aux Grains, réunissant les membres de l’Académie des Jeux floraux, de grands poètes et l’ONCT, qui fêtait lui aussi un anniversaire particulier : les 50 ans de sa création en 1974. Eh oui, avant cette date, Toulouse n’était dotée que d’une formation municipale.

Retour sur une soirée historique.

Les 700 ans des Jeux floraux

Pour célébrer ce grand anniversaire, l’Académie des Jeux floraux avait invité deux immenses poètes contemporains à venir partager leurs textes avec le public toulousain. Pour ouvrir la soirée, c’est la québécoise Hélène Dorion qui a lu un extrait de Cœurs, comme livres d’amour. Car la poésie célébrée par les Jeux floraux ne se limite pas à l’Occitanie ou à la France, elle rayonne dans toutes les régions francophones. Hélène Dorion en est la parfaite représentante, elle qui est la première auteure vivante à figurer au programme du baccalauréat en France.

Hélène Dorion (© Maxime G. Delisle) et Marc Alexandre Oho Bambe (©Bernard Girard)
Hélène Dorion (© Maxime G. Delisle) et Marc Alexandre Oho Bambe (© Bernard Girard)

Après l’entracte, c’est Capitaine Alexandre qui s’est présenté au pupitre. Le poète et slameur camerounais a lu Il y a aura toujours quelque chose à sauver, texte qui a suscité une grande émotion et une écoute attentive. Je dois confesser mon ignorance et dire que je ne connaissais pas ce poète, mais je suis enchanté que les Jeux floraux m’aient permis de faire sa connaissance !

Tarmo Peltokoski à la baguette, Chen Reiss au chant

Le programme musical de la soirée était vraiment exceptionnel. La soirée était divisée en deux temps, avec une première partie consacrée aux Quatre derniers lieder de Richard Strauss. Ce sont ces chants qui m’ont donné envie d’aller voir ce concert, car ils font partie de mes morceaux préférés. Or, j’écoute généralement ces quatre lieder dans une version piano-voix interprétés par Barbara Bonney et Malcolm Martineau. Je n’ai pas du tout l’habitude d’entendre la version orchestrale de ces morceaux.

Tarmo Peltokoski Chen Reiss Orchestre National du Capitole de Toulouse ONCT © Romain Alcaraz
Tarmo Peltokoski & Chen Reiss avec l’ONCT © Romain Alcaraz

Pour l’occasion, c’est la soprano israélienne Chen Reiss qui était l’invitée de l’ONCT. Que dire, si ce n’est que son interprétation des Quatre derniers lieder a été majestueuse ? L’écoute dans la salle était quasi religieuse. Ces chants crépusculaires, poétiques et très délicats, ont été interprétés avec beaucoup d’émotion.

Après l’entracte, l’orchestre a joué la Symphonie n°9 en ré mineur, WAB 109 d’Anton Bruckner. Quelle intensité ! Moi qui n’avais jamais vu Tarmo Peltokoski à la direction, je dois dire que j’ai été scotché. Le chef a la réputation d’être un maestro magnétique et intense ; il est parfaitement à la hauteur de ce que l’on dit de lui. J’ai été captivé pendant les 57 minutes de la symphonie. Bien qu’il ait peu souvent dirigé l’orchestre au cours de cette saison, on sent qu’il a déjà noué un lien fort avec les musiciens et qu’il les dirige à la perfection. Du haut de ses 24 ans, il fait preuve d’un charisme éclatant : j’ai rarement senti une telle écoute et une telle concentration dans l’auditoire. Tout le monde retenait son souffle et le silence a été long après la dernière note, avant que la joie n’éclate en ovation.

Tarmo Peltokoski Orchestre National du Capitole de Toulouse ONCT © Romain Alcaraz
Tarmo Peltokoski face à l’Orchestre National du Capitole de Toulouse (ONCT) © Romain Alcaraz

Ce fut aussi pour moi l’occasion d’entendre pour la première fois la Symphonie n°9 de Bruckner, qui a aussitôt intégré ma playlist. Si vous ne connaissez pas, je vous engage à la découvrir.


Bonne nouvelle : il y aura de nouveau du Bruckner au programme de l’ONCT au cours de la saison prochaine avec un grand concert symphonique le 19 octobre. Quant à Tarmo Peltokoski, il ouvrira la saison 2024-2025 avec Wagner et Malher le 28 septembre. La billetterie est déjà ouverte, ne manquez pas ces grands événements !

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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