Jusqu’au 1er décembre, Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc se joue au Théâtre du Capitole (Toulouse) dans une mise en scène d’Olivier Py. J’étais invité à une représentation ce dimanche et j’ai été vraiment touché par ce récit que je ne connaissais pas.
L’action se passe pendant la Révolution Française. Effrayée par les événements de son époque, la jeune Blanche de la Force décide de se retirer du monde et de devenir religieuse à Compiègne. Ainsi devient-elle carmélite sous le nom de Blanche de l’Agonie du Christ. Peu de temps après, la prieure du Carmel meurt dans une terrible agonie et fait une terrible prédiction : la chapelle va être profanée. En effet, la congrégation est rapidement mise à mal par les révolutionnaires. Les ordres religieux sont dissous et les religieuses condamnées à mort.
Olivier Py n’en est pas à son coup d’essai en ce qui concerne l’opéra. Il y a peu, nous vous parlions par exemple de sa collaboration dans la création de Mam’zelle Nitouche (également au Capitole). Dans ce spectacle, les religieuses étaient déjà présentes (il incarnait lui-même une mère supérieure) mais le ton était plus à la comédie, façon Sister Act avant l’heure. Avec Dialogues des Carmélites, Py renoue avec ses premières amours, lui qui en parallèle de ses études de théâtre avait mené des études de théologie. Sa mise en scène est sobre, dans un dégradé en noir et blanc qui laisse le public se concentrer sur la beauté des chants et la force des scènes.
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Je retiendrai particulièrement deux tableaux de ce spectacle. Tout d’abord, la fin de l’Acte I, qui montre l’agonie de la prieure (incarnée par Janina Baechle). La scène semble comme renversée, le public voit la religieuse sur son lit comme si l’on se trouvait nous-mêmes au plafond. Le trompe-l’oeil est parfaitement réussi, on a le sentiment de voir la scène depuis le ciel et d’assister à la mort du personnage comme si l’on était Dieu. Je n’avais jamais vu un pareil effet sur une scène d’opéra et j’ai trouvé cela très fort !
Enfin, la scène finale est de toute beauté. Les carmélites entonnent en choeur le Salve Regina alors que le bourreau s’apprête à faire tomber les têtes une à une. Devant un ciel de diamants, le choeur rétrécit lentement au rythme de la guillotine que l’on entend s’abattre. A chaque bruit de la lame, difficile de ne pas sentir son propre ventre se nouer.
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Le public a longtemps applaudi à la fin de la représentation car le spectacle était indéniablement une réussite. Malgré une panne des surtitrages (ô joie de l’informatique), aucune difficulté à suivre cet opéra chanté en français. Le public n’en a pas tenu rigueur car artistiquement, tout était au top ! Si vous aussi vous voulez découvrir ce spectacle très poignant, il vous reste encore une semaine pour en profiter.
Avez-vous déjà vu Dialogues des Carmélites ? Qu’en avez-vous pensé ?
Crédit photos : Patrice Nin
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
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Zut, je lis l’article trop tard…