Le mois de septembre a été riche sur le plan culturel. Entre expo, cinéma et concerts, on peut dire qu’on n’a pas chômé et que le ton pour la saison 2025-2026 est donné. Si on continue sur cette voie-là, l’année devrait être excellente. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs : c’est parti pour le bilan culturel du mois de septembre 2025 !
La Venue de l’Avenir, de Cédric Klapisch
Depuis En Corps, Klapisch s’était fait discret au cinéma. Merci pour ce beau retour avec un film sur le thème de l’héritage (familial et culturel). Quatre inconnus – qui partagent pourtant une ancêtre commune – sont un jour réunis pour décider du sort d’une maison abandonnée, laissée en héritage par une aïeule oubliée. Bien que tout les sépare a priori, ils vont devoir apprendre à se connaître et à s’entendre pour mener une enquête qui va les entraîner sur les traces de cette ancêtre qui a vécu tous les changements du XIXe siècle, et les reconnecter à l’essentiel.
Conjuring : l’heure du jugement, de Michael Chaves
Un grand film ? Sans doute pas. Mais un rendez-vous incontournable pour moi, qui adore la saga du couple Warren, les célèbres spécialistes de possessions et autres maisons hantées. Pour cette ultime aventure, les scénaristes se sont inspiré de la dernière enquête menée par le couple en Pensylvanie, où une famille était persécutée par un terrible démon. Les jump scares sont au rendez-vous, mais on ne retrouve pas l’effroi du tout premier épisode qui fit date dans l’histoire du cinéma d’horreur, c’est dommage !
Donwton Abbey : le Grand Final, de Simon Curtis
Ça y est, le rideau se baisse une dernière fois sur la famille Crawley, après 15 ans où on les a suivis avec passion – que ce soit sur le petit écran pendant les 6 saisons de la série, ou dans les salles obscures pour les longs-métrages. Ce n’est pas du grand cinéma, ça ne parlera peut-être pas à tous ceux qui n’ont pas suivi depuis le début (parce qu’il y a beaucoup de personnages et d’intrigues), mais c’est une vraie madeleine de Proust, et il est difficile de ne pas laisser couler une petite larmichette lors de la dernière séquence, lorsqu’il faut dire adieu à ces personnages qu’on a tant aimés. Merci pour ces 15 ans en votre compagnie !
Sirāt, d’Olivier Laxe
Ce film est le phénomène du moment, et effectivement il y a bien quelque chose en termes d’ambiance, de distribution et de bande-son. Mais il y manque l’essentiel : un propos. Parce que, je suis désolé, mais les films qui restent volontairement flous et se cachent derrière le fameux « chacun peut y comprendre et y projeter ce qu’il veut », ça me bassine un peu. Je ne peux pas dire que j’ai détesté ni même que je n’ai pas aimé… Mais s’il y avait eu un scénario, on aurait pu avoir un très bon film ! D’ailleurs, j’ai souvent pensé au cours de la projection à Mad Max : Fury Road, et même au chef-d’œuvre Le Salaire de la peur. Dommage.
Les Variations Goldberg, par Fazıl Say
Le pianiste turc était le premier invité de la nouvelle édition du Festival Piano aux Jacobins. Pour l’occasion, il a partagé avec le public toulousain ses propres compositions (merveilleuse découverte dont je vous parlais ici) ainsi que son interprétation des Variations Goldberg. Un beau programme pour inaugurer un Festival désormais incontournable de la vie culturelle toulousaine.
Rhapsody in Blue, par Clayton Stephenson
Pour son premier concert en France, l’Américain a choisi Toulouse. Sous la salle capitulaire du Couvent des Jacobins, il a joué Gershwin, Arlen, Stravinsky, Schubert et Bach. Un grand moment de musique : voilà un jeune artiste qu’on espère encore entendre longtemps !
Études pour piano – Intégrale, par Vanessa Wagner
La pianiste Vanessa Wagner nous a invités à un grand moment de communion avec l’Intégrale des Études pour piano de Philip Glass. Il est rare – pour ne pas dire exceptionnel – que cette œuvre soit jouée in extenso. Quelle chance d’avoir fait partie des privilégiés de ce moment musical extraordinaire, magnifié par le cadre si poétique et spirituel des Jacobins.
Thaïs, de Jules Massenet mis en scène par Stefano Poda
L’Opéra National du Capitole frappe fort cette année encore pour son ouverture de saison. En invitant une nouvelle fois Stefano Poda, on n’est pas totalement surpris mais la recette fonctionne à tous les coups. Visages caravagesques, décors marmoréens, puissance visuelle… C’est du grand spectacle, et c’est exactement ce que l’on veut voir dans une grande maison culturelle comme le Capitole !
Beloved, de Toni Morrison
L’exposition consacrée à Mickalene Thomas au Musée des Abattoirs m’a furieusement donné envie de lire ce grand classique de la littérature américaine. Une famille d’anciens esclaves vivant à Cincinnati est persécutée par le fantôme d’un bébé… Il faut remonter toute l’histoire de occupants de cette maison, et notamment la mère de famille Sethe, pour comprendre l’origine de cette malédiction. Le récit est non seulement bouleversant par ce qu’ils raconte (inspiré de faits réels), mais surtout pour son style incroyable. De la très grande littérature !
La Résistible Ascension d’Arturo Ui, de Bertold Brecht
En 1941, Brecht tenta d’expliquer aux Américains comment l’ascension d’Hitler avait pu être possible en Europe. Au lieu de faire un exposé explicite, le dramaturge a détourné les codes du music-hall et les stéréotypes des histoires de gangsters, transposant l’histoire du fascisme en Europe en mafia du chou-fleur à Chicago. C’est intelligent, c’est drôle, et ça raisonne d’une drôle d’actualité en 2025… Bref, il est urgent que des metteurs en scène se réemparent de cette pièce et la mettent en écho avec les images d’aujourd’hui ! (ça tombe bien, c’est mon projet avec mes élèves de spécialité Théâtre cette année, avec à la clé 3 représentations au Théâtre de la Cité de Toulouse en mai 2026). Puisqu’on vous dit que l’ascension des extrêmes « résistible » !
Et vous, qu’avez-vous vu et lu ce mois-ci ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.