La rentrée a eu lieu ! Pour certains, c’est un moment difficile à passer. Pour d’autres, c’est une période pleine de promesses et d’enthousiasme. Je fais partie du second groupe : pour moi, le mois de septembre rime avec culture, ouverture des théâtres, concerts… Ce n’est pas que je m’ennuie pendant les vacances – bien au contraire – mais la rentrée a toujours ce petit quelque chose de grisant. Forcément, pour ce mois de septembre, j’ai pleinement profité de ce que la ville rose avait à offrir et je n’ai (presque) pas été déçu. C’est parti pour le bilan culturel !
Anatomie d’une chute, de Justine Triet
Il y a des succès que l’on ne comprend pas… C’est le cas d’Anatomie d’une chute, qui a reçu une Palme d’or au dernier festival de Cannes et cartonne au box office depuis plusieurs semaines. Je suis allé le voir ce mois-ci, après avoir longtemps déserté les salles de cinéma. Je n’ai pas du tout été emballé par cette histoire judiciaire qui s’étire en longueur et ne m’a absolument pas captivé par sa forme (à se demander s’il y a vraiment quelqu’un derrière la caméra, une fois passée la première scène assez fortiche). Une déception !
Bien, reprenons, de Roman Gigoi-Gary
Un musicien reprend à la première mesure ; il rejoue la partition de sa vie, l’histoire de sa quête pour se construire musicalement, trouver sa place, identifier ses limites et apprivoiser ses doutes. Une suite autobiographique comme une fiction où le réel se révèle poétique, humoristique, absurde, sensible. Pédagogie poussiéreuse de conservatoire, repas de famille, flûte à bec, conseillers pôle-emploi… Roman Gigoi-Gary règle quelques comptes pour notre plus grand plaisir ! Seul en scène, il est l’homme orchestre qui est aussi bon acteur que derrière son instrument de musique ou son ordinateur. Une sacrée performance, doublée d’une analyse touchante de ce qui fait l’ADN d’un artiste contemporain.
By Heart, de Tiago Rodrigues
Tiago Rodrigues nous épate à chacun de ses spectacles. Il livre avec By Heart une expérience théâtrale captivante qui célèbre la puissance des mots et de la mémoire collective. Tiago Rodrigues guide le public à travers l’apprentissage d’un poème, révélant comment la littérature peut forger des connexions humaines profondes. Une expérience émouvante et intellectuellement stimulante qu’il joue déjà depuis plusieurs années et qu’il ne faut pas manquer !
A(pa)trides, la très tragique et très pathétique histoire d’Oreste le très maudit, par les Laborateurs
J’ai beaucoup aimé le parti pris des Laborateurs pour nous raconter le mythe des Atrides, famille maudite du théâtre grec. Oreste, maudit par sa propre mère mais aussi bien longtemps avant par son aïeul Thyeste, essaie d’imaginer tant bien que mal un scénario dans lequel les membres de sa famille ne s’entretuent pas et où personne ne finit maudit. Oui mais… c’est sans compter sur le fait que – dans la logique d’une tragédie – nul ne peut échapper à son destin. Alors qu’il réinvente sa propre histoire (jusqu’aux versions les plus absurdes), il est sans cesse rattrapé par de nouvelles malédictions qui le ramènent au même point.
On découvre ainsi comment Oreste, le dernier des Atrides, est devenu un « apatride », banni pour avoir simplement exécuté des actes qui étaient programmés par les dieux bien avant sa naissance.
La pièce est également une réflexion passionnante sur la politique contemporaine, les guerres fratricides, l’impuissance (ou le manque de volonté) de la communauté internationale… Les quatre comédiens qui incarnent tour à tour tous les personnages de la pièce sont d’une énergie folle et d’un incroyable talent. Bravo à eux !
Par autan, par le Théâtre du Radeau (François Tanguy)
Il est des formes de théâtre plus radicales que d’autres. Il y a du théâtre grand public et du théâtre pour spectateurs avertis. Clairement, je ne conseillerais pas les spectacles du Théâtre du Radeau à des néophytes. Réputé pour sa complexité artistique et sa philosophie scénique profonde, ce théâtre exige une compréhension préalable du théâtre expérimental, de l’absurde et de la symbolique. Ses productions peuvent ainsi sembler énigmatiques et conceptuelles, nécessitant une sensibilité et une expérience théâtrale accrues pour être appréciées pleinement.
Les Pêcheurs de Perles, de Georges Bizet mis en scène par Thomas Lebrun
J’étais à la première des Pêcheurs de Perles, opéra qui ouvre la saison au Théâtre du Capitole. Georges Bizet nous invite sur l’île de Ceylan pour une tragédie à l’orientale à l’esthétique très marquée. Tous les moyens ont été utilisés pour faire de cet opéra un grand spectacle : Orchestre National, chœur et ballet. Il m’a manqué un soupçon d’émotions, mais sûr que le spectacle progressera de ce côté-là au fil des représentations à venir (il est l’affiche jusqu’au 8 octobre).
Víkingur Ólafsson, au festival Piano aux Jacobins
Víkingur Ólafsson est un grand interprète de la musique classique contemporaine grâce à sa remarquable virtuosité, son interprétation émotionnelle et sa capacité à transcender les frontières stylistiques. Sa maîtrise du piano et son engagement à explorer un répertoire varié, allant de Bach à la musique contemporaine, lui permettent de créer des performances exceptionnelles qui résonnent avec les auditeurs. Lors de l’édition 2023 du festival Piano aux Jacobins, son art a transcendé le public avec les Variations Goldberg exécutées impeccablement. Une magnifique rentrée musicale !
Émile & Images, à Bruguières
On s’appelle Culture déconfiture, alors forcément, après avoir passé une soirée avec Jean-Sébastien Bach et Víkingur Ólafsson, j’ai équilibré la balance en allant au concert d’Émile & Images qui rejouaient leur répertoire dans une fête de village (à Bruguières). Capitaine abandonné, Les Démons de minuit, Ville de Lumière… Pas vraiment de surprise ni de véritable émotion.
La Mare au Diable, de George Sand
Grand classique de la littérature du XIXème siècle, mais je dois vous avouer que je n’avais jamais lu d’œuvre de Georges Sand. En explorant des thèmes universels tels que l’amour, la famille et la nature, La Mare au Diable présente des personnages plus complexes qu’ils n’y paraissent et une narration riche, tout en reflétant l’évolution sociale de son époque. L’œuvre est également louée pour son style littéraire élégant et son influence sur la littérature romantique française. Pas forcément le genre de romans que je préfère, mais on se laisse happer par l’écriture et la psychologie des personnages.
Le Spleen de Paris, petits poèmes en prose, de Charles Baudelaire
Publié en 1869, Le Spleen de Paris brise les conventions littéraires de son époque en introduisant des poèmes en prose, créant un nouveau genre. L’œuvre explore la vie urbaine, la mélancolie et la beauté de la vie quotidienne, préfigurant la modernité littéraire. Ses thèmes intemporels et sa prose exquise en font un chef-d’œuvre incontournable de la littérature française que je relis régulièrement ! Mon poème préféré ? « Enivrez-vous »… De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.
Le Jeu de l’Amour et du Hasard, de Marivaux
Encore un classique que je lis et relis sans cesse, année après année. Marivaux signe ici une œuvre subtile et satirique. Sa représentation astucieuse des jeux de l’amour et de la classe sociale au XVIIIème siècle en fait une comédie de mœurs jouissive qui explore les masques sociaux, la séduction et les malentendus amoureux avec intelligence. L’œuvre a influencé le théâtre et la littérature et demeure une pièce maîtresse du théâtre français classique pour sa pertinence continue.
Et vous, quels ont été vos plaisirs culturels de la rentrée ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.