Qu’est-ce qu’on nous a bassinés avec Anatomie d’une chute ! « Et nanani c’est un chef-d’oeuvre », « et nanana c’est un tour de force », « et tralalère c’est une palme d’or méritée »… Forcément, devant tant d’éloges, j’ai eu envie d’aller me faire ma propre opinion. Et comme souvent quand on entend trop de bien d’un film, on est déçu. Je dirais même que mon sentiment va bien au-delà de la déception avec Anatomie d’une chute : je me suis ennuyé ferme !
Anatomie d’une chute, palme d’or 2023
Il y a des palmes qui m’ont totalement emballé. Je vous ai parlé de Parasite en 2019, qui est véritablement un grand film de cinéma. La vie d’Aldèle (2013) ou encore Le Ruban blanc (2009) figurent encore dans mon palmarès personnel des meilleurs films de ces dernières décennies. Alors forcément, je n’ai pas bien compris ce qui suscitait autant d’enthousiasme concernant Anatomie d’une chute, qui bat des records d’entrées en salle cette année.
Anatomie d’une chute est ce qu’on peut appeler un film judiciaire : un enseignant est mort après une chute du dernier étage de son chalet. Seule son épouse, écrivaine à succès, était présente dans la maison au moment des faits. Il n’y a aucun témoin. Elle prétend qu’elle dormait au moment de cette chute. L’Avocat général estime quant à lui qu’elle pourrait être impliquée. La voici donc mise en examen pour homicide.
Sur le papier, l’histoire pourrait donc sembler captivante. En effet, le doute sur les événements pourrait créer pour le spectateur une forme de suspense. Voire une excitation. Que préfère-t-on découvrir ? Qu’il s’agit d’un banal suicide d’enseignant ? Ou d’un meurtre prémédité par une romancière machiavélique ?
Malheureusement, ce pseudo-suspense fait long feu. À aucun moment on ne doute vraiment de ce qui a pu se passer au moment de cette chute, si bien qu’on passe 2 heures à attendre qu’éclate au procès une vérité qu’on avait vu venir depuis le début. En trois mots comme en cent : c’est chiant !
Le film ne nous fait même pas voir les coulisses de la machine judiciaire, comme L’Hermine l’avait si bien fait en 2015.
On est à mille lieues d’autres films du genre qui sont pour moi des références en matière de cinéma judiciaire : 12 hommes en colère de Sidney Lumet (1957) et La Vérité d’Henri-Georges Clouzot (1960). Henry Fonda dans le premier et Brigitte Bardot dans le deuxième ne sont pas étrangers à la puissance de ces films qui continuent de faire date un demi-siècle plus tard.
Un téléfilm plutôt qu’un film de cinéma
Dans Anatomie d’une chute, le casting est inégal. Globalement, aucun acteur ne livre une prestation vraiment mémorable. Sandra Hüller, dans le rôle de l’accusée, est passable. Pas l’actrice du siècle, mais elle fait ce qu’elle peut. Idem pour son avocat Swann Arlaud, à la fois correct et oubliable. En ce qui concerne Antoine Reinarts (l’Avocat général), il livre exactement la même prestation que dans tous les films où il joue. C’est à dire un jeu faux et sans variation. Dommage, son rôle était celui qui demandait peut-être le plus de subtilité…
J’ai été amusé de voir apparaître parmi les témoins Wajdi Mouawad, un metteur en scène de théâtre dont je vous ai parlé si souvent avec enthousiasme sur Culture déconfiture. On en peut pas dire que son apparition dans le film restera dans les annales. Je n’ai pas cru une seule seconde à son personnage de psy, qui aurait pourtant pu instaurer un peu de doute dans cette affaire.
Les seuls acteurs qui me restent en mémoire sont l’enfant (Milo Machado Graner) et le chien (Messi). Enfin, surtout le second. Il a d’ailleurs reçu une palm dog pour son rôle dans ce film. Et c’est vrai que si je devais distinguer un seul acteur dans ce film, ce serait certainement le canidé !
Bref, vous l’avez compris, Anatomie d’une chute est un film très dispensable. Sur le plan cinématographique, il n’y a rien à retenir. Vous aurez exactement la même expérience si vous le voyez dans votre canapé car il n’y a pas de travail d’image dans ce métrage. Quant au jeu ou au scénario, tout est déjà dit…
Moi qui n’étais pas retourné au cinéma depuis plusieurs mois, je ne me sens pas très motivé à y remettre les pieds après une telle déception. Et vous, avez-vous vu Anatomie d’une chute ? Qu’avez-vous pensé de cet immense succès ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
3 comments
Après Sybil, j’ai trouvé le film réussi ! Je l’ai vu hier bien après l’engouement et je ne m’attendais à rien avant de le voir (je suis passé complètement à côté de la promo). Le film n’est pas parfait et l’avocat général est agaçant mais j’ai apprécié sans toutefois le mettre au niveau d’un parasite qui pour moi reste la dernière grande Palme.
Oh oui, Parasite, là on était vraiment sur un grand film, je suis d’accord !
Pareil je ne comprends pas cet engouement, film mortellement long et ennuyeux. Un fait divers : meurtre ou suicide ? On attend, on attend , mais il ne se passe rien , rien ..même la scène finale est d une platitude absolue. Un beau chalet et un beau paysage enneigé ne font pas nécessairement un bon film . On est loin d un thriller. Un bon téléfilm , guère plus .