Le premier épisode d’Alien Earth m’a littéralement scotché à l’écran. Visuellement, la série frôle la perfection : lumière blafarde, textures métalliques, halos de brume… tout évoque Alien, le huitième passager. Même la bande son, oppressante juste ce qu’il faut, parvient à retrouver cette tension sourde qui faisait de l’original de Ridley Scott un cauchemar si fascinant. J’ai donc profité des vacances de Toussaint pour binge watcher toute la première saison.
Alien Earth, entre Alien et Blade Runner
Dès les premières scènes, un sentiment de déjà-vu — au meilleur sens du terme — s’impose. Alien Earth semble tisser un fil invisible entre deux monuments de la science-fiction : Alien et Blade Runner. Rien d’explicite, mais la filiation saute aux yeux, surtout à travers le personnage de Kirsh (incarné par Timothy Olyphant), dont la présence hantée et les interrogations métaphysiques rappellent furieusement Roy Batty, l’androïde tragique du film de 1982. Impossible d’y voir un simple hommage – et encore moins une hasardeuse coïncidence.
La série ose poser de vraies questions, proches de celles de Ghost in the Shell : si l’on remplace peu à peu toutes les parties de notre corps par des organes synthétiques, à quel moment cesse-t-on d’être humain ? Ces dilemmes existentiels donnent au début d’Alien Earth une profondeur inattendue qui déplace un peu le curseur de ce à quoi la saga nous avait habitués. Malheureusement, cette réflexion se dilue à mesure que la série avance et qu’elle révèle trop — beaucoup trop — de ses monstres.
Quand la peur devient familière
À trop vouloir montrer ses créatures sous toutes leurs coutures, la série perd ce qui faisait le charme du premier film : le mystère, la suggestion, la peur du hors-champ. Plus on voit l’alien, moins il fait peur… Et le comble ? C’est de faire d’un xénomorphe une sorte d’animal de compagnie pour l’héroïne. Un choix qui frôle le ridicule et qui m’a rappelé le dresseur de vélociraptors du premier Jurassic World (qui m’avait tant ulcéré).
Les autres aliens présentés dans la série (car le xénomorphe n’est qu’un spécimen parmi tant d’autres) sont plus ou moins oubliables, voire ridicules. Le seul alien un tant soit peu inquiétant est le parasite qui vient se loger dans la tête d’un mouton… Son regard fixe et son immobilité totale au fil des épisodes crée un véritable suspens.
Alien Earth avait tout pour être un grand retour aux sources de la SF horrifique — elle finit en promenade spatiale, belle à regarder mais un peu vide de sens.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.







