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Février 2017, le bilan culturel

by Julien

Ce mois-ci, Culture déconfiture a repris un peu du poil de la bête, notamment côté spectacles ! On reprend le rythme de croisière et on fait le bilan !

Split, de M. Night Shyamalan : Un dédoublement de personnalité, c’est une chose. Quand le décuplement est porté à la puissance 23, on bascule dans un autre monde. Tel est le problème de Kevin (James Mc Avoy) à la psyché partagée entre vingt-trois personnalités, quand une vingt-quatrième fait son apparition. Sur le papier, le scénario est original. Finalement, on retombe dans un thriller assez ordinaire, surtout prétexte à une performance d’acteur. On est loin de l’originalité de The Voices par exemple, où la fantaisie côtoyait le glauque avec brio ! Mais bon, ça se regarde…

Nicht Schlafen, d’Alain Platel : Ce ballet relève d’un improbable mélange des mouvements classiques et contemporains, arabesques et entrechats mêlés aux contorsions et aux acrobaties les plus spectaculaires ! Les visages dansent aussi : langues, paupières, sourcils… Le corps entier, jusqu’au moindre poil, entre en transe ! Le théâtre et le chant sont aussi convoqués car les artistes présents sur le plateau touchent à tout avec un immense talent. Les chants africains de Boule Mpanya et Russel Tshiebua résonnent avec la musique de Mahler et c’est le théâtre entier qui rentre dans le rythme ! La Joie de vivre et l’énergie succèdent à des images parfois très violentes (David Le Borgne qui danse une bouleversante mise à mort) à l’image des trois chevaux écartelés sur scène, figés entre un élan de course et une mort subite !

Battlefield, de Peter Brook : Comment le prince Yudishtira, vainqueur d’une guerre fratricide, peut-il retrouver la paix intérieure et se montrer à la hauteur alors que les remords hantent son esprit ? Ses proches vont tour-à-tour lui conter des fables afin de lui faire comprendre le sens de sa vie et l’aider à affronter son destin. Simpliste et enfantin aux premiers abords, ce texte est porté par un quatuor de comédiens hors-pair qui lui donnent une grande puissance. Ils deviennent tour-à-tour les héros évoqués par les fables qu’ils se racontent : une mangouste, un pigeon, un ver-de-terre, le Gange, la Mort… Incroyable de voir comment ces personnages variés prennent vie sur le plateau avec un minimum de moyens. Un art dans lequel Peter Brook excelle.

 Haydn et Beethoven, par le Chamber Orchestra of Europe : Après une première partie consacrée à Haydn, l’orchestre a joué la symphonie n°6, Pastorale, opus 68 de Beethoven. Dans ce concert, j’ai surtout apprécié les sautillements du chef d’orchestre, car j’avais la chance d’être assis derrière les musiciens, donc pile en face du chef ! Cette place est assez inhabituelle et ça fait donc extrêmement plaisir de voir un chef d’orchestre jouer avec tant de fougue et toujours le sourire aux lèvres. Il faut dire que le monsieur est québécois, il n’a pas trahi la réputation de ses concitoyens !

 Les chaises, d’Eugène Ionesco par Xristine Serrano : Dans un espace intime (40 spectateurs), deux vieux organisent l’arrivée de multiples sectateurs pour écouter le discours d’un grand orateur. Mais, malheur ! il va falloir des chaises pour tout ce beau-monde. Qu’à cela ne tienne, les spectateurs vont devoir donner de leur personne pour faciliter l’organisation de ce grand événement. Bref, c’est Ionesco comme vous ne l’avez jamais vu, ni jamais vécu ! Avec Claire de Beaumont (dont je vous avais parlé en tant que metteur en scène de Pour un oui ou pour un non) ici comédienne.

 Peste et Choléra, de Patrick Deville : Voilà un roman qui m’a totalement captivé ! C’est presque une biographie : celle d’Alexandre Yersin. Médecin, bactériologiste et explorateur, il découvrit le bacille de la peste et inventa son premier traitement. Mais comme il fuyait les honneurs et la lumière et qu’il s’est exilé au Viêt-Nam, il n’a pas atteint en France la notoriété de Louis Pasteur (dont il était un disciple) ni d’autres grands hommes du vingtième siècle. Ce roman nous raconte l’état du monde de 1863 à 1943, du Second Empire à la Seconde Guerre mondiale. J’ai aimé découvrir plusieurs anecdotes : par exemple, Yersin avait inventé une mixture à base de Kola et de Cannelle pour soulager ses malades, le Ko(la)-ca(nnelle), prononcé “coca“. Il n’a jamais fait breveter cette invention, qui aurait pu le rendre millionnaire… d’autres s’en sont chargé à sa place ! Si vous ne connaissez pas Peste et Choléra, je vous le recommande vivement pour son récit passionnant mais aussi son style très émouvant !

Et vous, vos découvertes culturelles en février ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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