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En attendant le vote des bêtes sauvages, Ahmadou Kourouma

by Julien
en attendant le vote des betes sauvages

En République du Golfe, les griots Bingo et Tiécoura racontent la geste de Koyaga, le chasseur et président-dictateur au cours de six veillées. Des origines du guerrier à l’avénement du tyran, les épisodes s’enchaînent sur le ton des contes africains et au rythme des proverbes, en attendant le vote des bêtes sauvages… Sorcellerie et complots politiques ne sont pas en reste dans ce texte pamphlétaire aux accents magiques et épiques.

 

Ahmadou Kourouma publie en 1998 ce roman puis reçoit en 1999 le prix du Livre Inter. Je ne connaissais pas encore cet écrivain francophone, qui est pourtant l’une des plus belles plumes du continent africain.

Sous prétexte de faire l’éloge de leur chef d’état, les deux narrateurs font un portrait à l’acide des dictateurs africains du vingtième siècle et des présidents européens (notamment français) qui ont collaboré à leur ascension. Si Koyaga n’est qu’un dictateur imaginaire dans un pays de fiction, le lecteur ne peine pas à reconnaître les personnages historiques dont Kourouma s’est inspiré.

Ce qui m’a particulièrement plu dans ce roman, ce sont les épisodes magiques où la sorcellerie et les métamorphoses concourent au triomphe du dictateur. On voit comment l’homme politique crée sa propre légende grâce au soutien de ses poètes et des médias. A de nombreuses reprises, on ne sait plus si l’on est en train de lire un roman ancré dans la réalité ou un conte traditionnel, car la fiction se mêle sans cesse au contexte historique.

J’ai également adoré les nombreux proverbes africains qui introduisent et concluent les chapitres, permettant de dégager la morale de chaque veillée (à condition que l’on prenne le temps d’y réfléchir).

 

Le chasseur à l’affût du gibier de temps en temps s’arrête pour écouter le vent. Imitons-le nous aussi, soufflons un peu. Annonce le sora qui donne un intermède musical. Le cordoua Tiécoura exécute des gestes lubriques. Bingo dit des proverbes sur la mort :

On tarde à grandir, on ne tarde pas à mourir.

Le lieu où l’on attend la mort n’a pas besoin d’être vaste.

Si Dieu tue un riche, il tue un ami ; s’il tue un pauvre, il tue une canaille.

 

Et vous, connaissiez-vous Kourouma et ses romans ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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