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Chœur des amants, un duo à l’unisson au Théâtre Sorano

by Julien
Choeur des amants Tiago Rodrigues Gregoire monsaingeon Océane Cairaty

Si vous êtes des lecteurs assidus de Culture déconfiture, vous savez qu’ici on adore le travail de Tiago Rodrigues. Il a ouvert la saison théâtrale 2023-2024 de façon magistrale avec By Heart au Théâtre Garonne. Il y a deux ans, il a bouleversé le public toulousain avec Dans la mesure de l’impossible, mais il a aussi créé la polémique avec Catarina et la beauté de tuer des fascistes. Il y a trois ans, il nous avait un peu moins convaincu avec Please Please Please. Cette semaine, son nom était l’affiche au Théâtre Sorano avec la pièce Chœur des amants dont il fut l’auteur et le metteur en scène il y a presque vingt ans (en 2007), un spectacle intime et délicat porté aujourd’hui par deux nouveaux acteurs.

Au cœur du Chœur des amants

Chœur des amants est une pièce qui porte bien son nom. Ils sont deux sur scène et nous racontent, à l’unisson – ou pas – l’histoire de leur couple. Elle, c’est Océane Cairaty, actrice sublime qui joue ici un rôle mêlant la force du caractère à la fragilité des sentiments. Figure féminine de ce couple, elle est un jour prise d’asphyxie et doit en urgence être prise en charge à l’hôpital. Pour la première fois, le couple sent qu’il peut être séparé arbitrairement, à tout instant et définitivement.

Lui, c’est Grégoire Monsaingeon, la figure masculine du couple. Souvenez-vous, on l’a récemment vu jouer sous la direction de Gwenaël Morin dans Le Songe (Bottom, l’artisan déjanté et affublé d’une tête d’âne, c’était lui). Je ne l’ai pas tout de suite reconnu car le rôle qu’il joue dans Chœur des amants est aux antipodes du précédent. Dans ce duo, il est la moitié qui assiste, impuissante, à la disparition possible de l’autre. L’amour est-il plus puissant que la mort ? Passer une vie ensemble, c’est aussi apprendre à accepter que fatalement, un jour, quelque chose de plus fort que nous nous séparera.

Une mécanique qui fonctionne toujours

Dix-sept ans après sa création, la mécanique de la pièce fonctionne encore. Les deux amants nous racontent en même temps les événements qui ont marqué l’histoire de leur couple, juxtaposant des versions légèrement différentes des mêmes anecdotes… une synchronicité qui déraille dans les moments de crise, comme si le couple ne se comprenait plus, n’avait plus vécu la même histoire.

La pièce est plutôt brève (1 heure top chrono) ce qui donne un sentiment de course contre la montre, surtout dans le premier quart d’heure où pèse d’emblée le risque de perdre sa moitié d’un instant à l’autre.

Quoique très romantique, le propos n’en est pas moins drôle par moments. Le running gag au sujet du film Scarface, l’incapacité de la jeune femme à différencier sa gauche et sa droite… Tout cela fonctionne très bien. La pièce nous touche parce qu’elle n’est faite que de petits moments de vérité qui, mis bout à bout, rendent les personnages réels. Pourtant, je n’ai pas été aussi profondément ému par ce Chœur des amants que par les autres pièces de Tiago Rodrigues. S’agissant d’une pièce de jeunesse, on peut comprendre qu’elle n’ait pas toute la puissance de ses autres textes, qui ont bénéficié de l’expérience et de la maturité de leur auteur.

Quoi qu’il en soit, avec Chœur des amants, Tiago Rodrigues confirme sa place au panthéon de mes dramaturges et metteurs en scène préférés. Il sera de retour à Toulouse en fin de saison avec Antoine et Cléopâtre, du 2 au 5 mai au Théâtre Garonne. Serez-vous présents au rendez-vous ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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