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La visite de la vieille dame, Friedrich Dürrenmatt [CRITIQUE]

by Julien
La Visite de la vieille dame Friedrich critique

Attention, comédie ultra-grinçante ! La Visite de la vieille dame est une pièce corrosive qui va vous faire rire autant que vous ébranler dans vos certitudes morales !

Rien ne va dans la petite bourgade de Güllen : toutes les entreprises sont en faillite, la municipalité est ruinée, les habitants sont sans le sou, les trains ne marquent même plus l’arrêt dans sa gare… Plus rien ne peut sauver la ville, sauf un miracle. Et un miracle, c’est ce qui ne va pas tarder à se produire. La vieille Clara Zahanassian, multimilliardaire, va revenir dans sa ville natale, et on la sait très généreuse. Oui, mais voilà, quand elle a quitté Güllen dans sa jeunesse, Clara n’était pas la femme richissime que l’on connait aujourd’hui. Les habitants l’ont bannie parce que, fille-mère, elle jetait le déshonneur sur la ville. Tout le monde lui a tourné le dos, la réduisant à la prostitution pour survivre. Plusieurs décennies plus tard, saura-t-elle pardonner à ses anciens concitoyens et les sortir de la misère qui les ronge ?

Contre toute attente, Clara est prête à pardonner. Et c’est précisément la raison de sa venue : pour sauver Güllen, elle compte offrir cent milliards ! Cinquante pour la ville et cinquante à se répartir entre tous les habitants.

Oui, mais il y a une contrepartie. Pour cent milliards, Clara veut la justice. Elle veut que les habitants de Güllen tuent Alfred Ill, son ancien amant, qui n’a jamais reconnu leur enfant et ne l’a pas défendue quand la ville l’a chassée. Sauf qu’Alfred Ill, tout le monde le connaît à Güllen et tout le monde l’apprécie. Et une vie humaine ça na pas de prix. Ce n’est pas grave, Clara est prête à attendre !

Voilà le long prologue de La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt. Une fois le dilemme moral posé, toute la pièce va montrer l’attente de la vieille dame et nous allons observer avec elle comment les habitants de Güllen s’arrangent avec leur conscience pour s’extirper de leur misère sans pour autant devenir ouvertement des assassins.

J’adore ce genre d’humour, qui ne se contente pas de divertir mais pose subtilement des questions qui nous poussent dans nos retranchements. Cent milliards pour une vie, c’est moralement inacceptable. Et pourtant, jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour cent milliards ?

Au programme de cette comédie, une panthère lâchée en liberté, un duo d’eunuques aveugles (de vrais Dupond et Dupont) et surtout une vieille dame estropiée bien moins inoffensive qu’elle n’en a l’air.

Si vous ne connaissez pas encore cette comédie de Friedrich Dürrenmatt, je vous encourage vivement à la découvrir, mais attention à ce que vous risquez de découvrir sur vous-mêmes et sur vos propres limites morales !

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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1 comment

Allychachoo 7 novembre 2020 - 12 h 01 min

Alors ça, ça m’intrigue bien comme pièce !

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