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Je n’ai pas aimé Le Chuchoteur de Donato Carrisi [CRITIQUE]

by Julien
Le chuchoteur carrisi avis critique

Je ne vais pas tourner autour du pot : je n’ai pas aimé Le Chuchoteur de Donato Carrisi. Voilà, c’est dit. Pourtant, on m’en avait dit du bien. Beaucoup de bien ! J’avais très envie de découvrir ce polar italien, peut-être justement parce que de la littérature italienne, je n’en lis pas tant que ça et je m’étais dit “ça va me changer“.

Comme vous le savez, je ne suis pas un grand lecteur de polars. La spécialiste sur ce blog, c’est Allychachoo, qui chronique régulièrement ses coups de cœur policiers. C’est grâce à elle que j’ai découvert Pierre Lemaitre dont je suis désormais totalement mordu. Mais bon, un polar de temps en temps, ça ne fait pas de mal, alors j’ai profité de l’été pour lire Le Chuchoteur.

En résumé…

Tout commence par la disparition de cinq petites filles. Puis très peu de temps après, dans une clairière, cinq petites fosses sont découvertes. Au fond de chacune d’entre elles, la police retrouve les cinq bras gauches des enfants disparues. Les bras gauches seulement. Pas de corps. Mila Vasquez, spécialiste en disparitions d’enfants, est alors appelée par la brigade en charge de l’enquête pour découvrir ce qui est arrivé à ces cinq petites filles.

Mon avis…

Sur le papier, le résumé donne envie. D’ailleurs, les premiers chapitres du roman sont assez accrocheurs. On retrouve dans le roman de Donato Carrisi tous les ingrédients essentiels à un polar digne de ce nom : du suspense, de la perversité, des fausses pistes… La particularité de Carrisi, c’est d’utiliser ces grosses ficelles avec un systématisme forcené.

Alors que son intrigue était propice à explorer les méandres de l’âme humaine, il passe totalement à côté de la psychologie de ses personnages. Qu’il s’agisse des enquêteurs ou des criminels, on est franchement dans de la psychologie de comptoir, voire dans Marie-Claire ou Biba. Ce n’est jamais vraiment subtil, et pour tout dire, c’est même souvent très caricatural.

De nombreuses descriptions viennent ponctuer le récit, mais elles sont d’une platitude affligeante. L’impression de lire la copie d’un élève de cinquième n’était jamais très loin : “alors mon personnage, il a les cheveux courts, les yeux noisette et il porte un pull vert très joli“. Bon, ok, je force un peu le trait… mais pour vous montrer que je ne suis pas loin de la vérité, je vous laisse apprécier la description qu’il fait de l’un des personnages féminins :

Son aspect humble, ses cheveux roux attachés en queue-de-cheval et le visage sans une ombre de maquillage n’arrivaient pas à étouffer sa beauté sauvage, qui s’accompagnait d’un charme totalement involontaire.

Le chuchoteur, Donato Carrisi (chapitre 36)

Sérieux ? On a le droit d’écrire ça dans un roman ? Et ça se vend ? Et d’ailleurs, si l’auteur croit bon de préciser que “ses cheveux roux […] n’arrivaient pas à étouffer sa beauté sauvage“, quelqu’un peut-il me dire pourquoi ils auraient dû ? On est d’accord que ça n’a aucun sens… la phrase est jolie, certes, mais totalement absurde quand on y réfléchit 3 secondes.

Ce roman, prometteur par son histoire, est une succession de clichés qui finissent vraiment par devenir fatigants. Par exemple, Donato Carrisi aime bien commencer ses chapitres de manière mystérieuse. Il parle d’un personnage directement avec un article ou un pronom défini, sans dire pour autant de qui il s’agit, ce qui aiguise la curiosité du lecteur. Alors oui, cet effet fonctionne et il a déjà fait ses preuves… mais l’utiliser systématiquement au début de chaque chapitre ? Donc près de 50 fois ? Franchement, y’avait pas d’autres effets de style à trouver, pour varier un peu les attaques ?

Idem pour les conclusions de chapitres. On est dans du page turner parfaitement huilé. Un coup d’éclat toutes les 10 pages. Il ne manquait plus qu’un effet sonore intégré (“Tadam !“) et on se serait cru dans une vraie parodie du genre tellement ces répétitions sont grotesques.

Le pompon intervient après le chapitre 30 où le roman prend carrément un virage fantastique tout à fait invraisemblable. Attention, je n’ai rien contre le fantastique, au contraire, je suis même plutôt fan. Et le mélange des genres, pourquoi pas. Mais au bout de 30 chapitres ? Complètement sorti du chapeau ? On a l’impression qu’à vouloir faire trop de suspense et de mystère, Donato Carrisi n’a pas trouvé d’autre moyen que celui-là pour redonner du souffle à son polar. Et moi, franchement, c’est à ce moment-là que j’ai hésité à refermer le livre et à ne pas poursuivre ma lecture jusqu’au bout. Mais j’avais largement passé la moitié du roman, alors j’ai pris mon mal en patience, d’autant que les chapitres sont courts et que l’ensemble se lit très vite.

J’aurais aussi voulu vous parler des dialogues, mais je ne sais même pas si j’en ai encore le courage. Il y a un adage qui dit que plus il y a de dialogues dans un roman, plus il y a de probabilité que le roman soit mauvais. Dans Le Chuchoteur, il y a des dialogues tout le temps. Et partout. Je vous laisse tirer les conclusions.

Du rififi sur le blog

Bref, je ne vous recommande pas du tout la lecture des polars de Donato Carrisi. Mais comme tous les goûts sont dans la nature, je vous invite à consulter les critiques que ma collègue Allychachoo a faites de L’égarée ici, L’écorchée , et Tenebra Roma, son dernier livre ici. Carrisi est aussi l’auteur de La femme aux fleurs de papier, qui n’est pas un polar, et dont Allychachoo a parlé .

Et vous, que pensez-vous de cet auteur de best-sellers ? Êtes-vous aussi sévères que moi, ou faites-vous partie de la team Allychachoo ?

Qui a écrit cet article ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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4 comments

Allychachoo 9 septembre 2020 - 19 h 32 min

Mais non ! T’as pas le droit de publier un tel article !! Moi qui recommande Le chuchoteur à tout le monde ^^ Comme tu sais, j’ai adoré absolument ce polar, c’est vraiment dans mon top ! J’ai été complètement happée par l’histoire, et notamment par le processus du tueur qui m’a vraiment terrifié quand je l’ai lu. Après niveau style, je ne serais pas en total désaccord avec toi, effectivement c’est parfois un peu plat. Mais l’enchaînement des situations, j’ai vraiment adoré ! Du coup je ne te recommande pas du tout de lire ses autres polars, ça ne te plaira pas du tout, moi j’ai bien aimé mais je les ai tous trouvé un cran en dessous du Chuchoteur donc ^^ Par contre si tu as l’occas, La femme aux fleurs de papier, ça m’intéresserait d’avoir ton avis 🙂

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Julien Augier 9 septembre 2020 - 21 h 38 min

Pour La femme aux fleurs de papier, je le lirai s’il me passe entre les mains, mais je t’avoue que je ne vais pas courir après pour me le procurer 🙂
Après, comme je dis, il en va des lectures comme des goûts et des couleurs. Ça n’a pas été ma came, mais je comprends que ça fonctionne pour d’autres.

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Allychachoo 9 septembre 2020 - 21 h 39 min

Prochaine étape : trouver un truc que tu adores et que je déteste, on fait jamais dans ce sens là ^^

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Julien 10 septembre 2020 - 19 h 03 min

Ça va fighter !

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