Après vous avoir parlé de Littoral, place à Incendies. Incendies que pour le coup j’ai vu joué sur scène il y a des années de ça, avec Julien, une de mes plus grandes claques théâtrales. Fort, bouleversant, j’avais fini en larmes. Je commençais donc la lecture en ayant connaissance de l’histoire.
Nawal, la mère des jumeaux Simon & Jeanne, est décédée. Ils se voient confier par le notaire qui gère sa succession deux lettres, l’une qui doit être donnée à leur frère, et une pour leur père. Sachant qu’ils n’ont connu ni l’un ni l’autre… Sachant que les deux sont Québécois, et qu’ils doivent donc se rendre dans un pays qu’ils ne connaissent pas pour mener à bien leur mission. Face à ce désir étrange d’une mère qu’ils ont toujours connu distante, Simon et Jeanne ne choisisse pas la même voie. Tout d’abord du moins… Impossible de vous en dire beaucoup plus sans vous dévoiler le noeud de l’histoire, tout son drame.
Lire un écrit théâtral est toujours une expérience assez différente que de voir la pièce sur scène. J’avais été bouleversée par l’intrigue, par l’enchaînement inextricable des situations. C’est une histoire de drame, de douleur, de résilience. J’ai été à la lecture d’Incendies plus sensible au rythme de la langue, à la manière dont elle-même est un élément essentiel de l’histoire, sans qu’on s’en rende compte. Et je me suis rendue compte que c’était, aussi, à sa manière, une histoire d’amour. Dimension dont j’étais un peu passée à côté à le voir sur scène. L’écrit met plus de distance et “anesthésie” un peu les situations dramatiques, et au final on ressent mieux la question du lien maternel. Vous dire qu’Incendies est poignant est en-dessous de la réalité. C’est à lire, c’est à voir. Impérativement.
Vous connaissez Incendies ? Je sais qu’un film a été tiré de cette pièce, et il est semble t-il tout aussi bouleversant…
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1 comment
J’ai vu la pièce plusieurs fois, ainsi que le film de Denis Villeneuve. Franchement, ce dernier est très en-dessous du spectacle car l’une des forces du théâtre est de suggérer sans jamais montrer. Ainsi, la pièce est dans une émotion intime là où le film est dans une horreur montrée explicitement (exemple : l’incendie du bus de réfugiés, beaucoup plus édifiant me semble-t-il quand il n’est pas représenté directement). Denis Villeneuve a également du faire des choix narratifs et de personnages pour adapter cette pièce au format film, et le personnage de Sawda (l’amie palestinienne) est pour le coup passé complètement à la trappe… or, c’est un personnage clé dans la réflexion sur la violence, la vengeance, le rôle de l’éducation et de l’art… Le film de Villeneuve est donc totalement édifiant dans l’horreur, mais sans réflexion, ni solution, ni note d’espoir. L’horreur l’horreur l’horreur… Ca fonctionne assez bien dans le genre thriller mais la pièce y perd beaucoup, dommage