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Avril 2025, le bilan culturel

by Julien
Bilan culturel Avril 2025 © Culture déconfiture

Entre deux crises de boulimie chocolatée, j’ai lu quelques livres et vu quelques films & spectacles ce mois-ci. J’ai notamment rattrapé un certain retard cinématographique (mais les vacances sont faites pour ça, n’est-ce pas ?). Allez, c’est parti pour le bilan culturel du mois d’avril 2025.

cinema

Avec un peu de retard, j’ai découvert ce manga sorti en 2022 qui raconte la quête d’une lycéenne, Suzume, pour sauver le Japon. Accompagnée d’un chat espiègle et d’une chaise vivante, elle tente de refermer des portes entre le monde réel et un univers magique et menaçant. Une histoire très alambiquée pour parler en fait de deuil et de résilience… Côté cinéma d’animation japonais, on a connu mieux.


Un biopic sur Robbie Williams, j’ai beau aimer le chanteur, j’étais sceptique. Déjà parce que les biopics de manière générale ça ne me botte pas plus que ça, et d’autre part parce que je n’étais pas sûr qu’il y ait tant de choses à raconter sur cette starlette de la pop.

Mais finalement, le parti-pris très original m’a embarqué. Robbie est incarné par un chimpanzé et les chansons qui ont jalonné sa carrière servent de bande-son à cette comédie musicale inattendue. Moi qui n’avais jamais vraiment écouté les paroles, j’ai été enchanté de redécouvrir ces tubes dans leur contexte et avec des paroles décryptées. C’est finalement une grande réussite que je recommande (même si le film a été un flop au box-office).


Comme j’avais adoré Le nom des gens, je suis allé voir Le mélange des genres dès sa sortie. Pas le film du siècle, mais une fable malgré tout intéressante qui aborde la guerre des sexes en évitant les clichés. Pas mal de scènes m’ont bien fait marrer et le casting est vraiment au top. Du coup, je recommande !

Le mélange des genres Michel Leclerc
Le mélange des genres – Michel Leclerc

Jolie fable dans laquelle un robot échoue accidentellement sur une île sauvage. Programmé pour servir son propriétaire, le robot cherche une âme qui lui confiera une mission et va finalement s’attacher à une petite oie orpheline. Beaucoup de mignonnerie dans ce conte futuriste et écologique.

J’ai notamment aimé les graphismes, qui sortent des sentiers battus avec un mélange de dessin traditionnel et d’animation 3D. Les gags sont tordants et moins débiles que ceux que l’on voit dans d’autres productions du genre. Il faut dire que Chris Sanders est une valeur sûre : c’est à lui qu’on doit Les Croods mais aussi les scénarios des meilleurs Disney : La Belle et la Bête, Aladdin, Le Roi Lion et Mulan.


J’ai regardé ce film sans conviction. Je ne suis pas un grand fan du premier opus (contrairement à Allychachoo), et j’avais peur que celui-ci soit une resucée uniquement produite pour les fans. Finalement, le scénario est très original et les gags sont très drôles. L’animation semble « à l’ancienne », ce qui lui confère pas mal de charme.


Je ne savais pas à quoi m’attendre en regardant ce film avec Fabrice Éboué et Audrey Lamy, mais le casting me laissait présager une énième comédie française à la con… Finalement, bonne surprise : il s’agit d’un film à sketches, comme une succession de courts-métrages très corrosifs sur le thème des gagnants du loto. Chaque personnage a remporté le jackpot, et les conséquences sont désastreuses : de la famille de cassos au groupe de terroristes, en passant par la jeune fille en mal d’amour et les employés d’une maison de retraite, leurs mésaventures sont loin d’être un long fleuve tranquille. Si vous aimez l’humour caustique, vous devriez apprécier !


Ce nouveau film Marvel est très oubliable. Il s’agit simplement d’un trait d’union entre les anciennes intrigues et le grand final du cycle du multivers prévu pour 2027. Sam Wilson (nouveau Captain America depuis la série Falcon et le Soldat de l’hiver) est un bien triste successeur à Steve Rogers. Seul plaisir du film, l’apparition furtive de Bucky, seul personnage un peu charismatique du métrage (mais qui n’est ici présent que pour le fan-service).


Le personnage de Sarah Bernhardt est suffisamment flamboyant pour justifier ce film, au reste très classique. On y découvre la première star, celle qui fut la plus grand actrice de son époque mais aussi de tous les temps. Sa passion pour les animaux exotiques, son caractère exubérant, sa grande liberté, sa jambe de bois et sa queue de panthère… Ne manque que sa légendaire maison de Belle-Île-en-Mer (dont je vous avais parlé ici), mais à part ça, tout y est !


Suite à la mort du Pape François le lundi de Pâques, le film d’Edward Berger (oscar 2025 du meilleur scénario adapté) est ressorti pour trois jours sur nos écrans. L’occasion pour moi de rattraper mon retard puisque je n’avais pas eu l’occasion de voir ce thriller très réussi dont l’action se déroule au cœur du Vatican. On y retrouve dans le rôle principal Ralph Fiennes (le SS Amon Göth dans La Liste de Schindler, c’était lui, et Lord Voldemor dans la série Harry Potter aussi, entre autres rôles iconiques) qui incarne cette fois un cardinal dont la mission est de superviser le conclave qui verra élire le nouveau Pape.

Le film est un véritable thriller, qui va de complots en secrets et en révélations. Une tension s’installe dès les premières images et dure jusqu’au dernier plan, soutenue par les violoncelles de la BO. Le suspense est digne d’un polar… sauf qu’on ne cherche pas à savoir qui est l’assassin, mais qui finira par être élu. Une grande réussite !


spectacle

Il y a quelques années, Stanislas Nordey avait marqué les esprits avec La Puce à l’oreille. Cette année, il a renoué avec Feydeau en mettant en scène L’Hôtel du Libre-Échange que j’ai vu deux fois. La première fois, je me suis endormi pendant une partie de l’acte II et la totalité de l’acte III. Lorsque je suis allé le revoir la semaine suivante, j’ai réussi à voir l’acte II, mais je me suis à nouveau endormi à l’acte III. Vous aurez donc compris que ce n’est pas vraiment une réussite…

Les costumes sont très beaux, en revanche le jeu des comédiens est vraiment pourrave et le rythme est beaucoup trop lent pour un vaudeville qui exige une mécanique bien mieux huilée. Si ce spectacle passe près de chez vous… allez voir autre chose !


Voilà une pièce difficile à mettre en scène tant elle est peu théâtrale. D’ailleurs, Sarraute l’avait écrite pour la radio et ne pensait pas qu’elle puisse être jouée en public. Le Théâtre de l’Imprévu à choisi de prendre le contre-pied en théâtralisant au maximum la pièce. Pas de décor réaliste ni de mise en situation mimétique, tout est fait pour rappeler que l’on est au théâtre : coulisses à vue, techniciens sur scène, décor qui se casse la gueule, absence de frontière entre la fiction et la réalité…

Un pari osé mais qui fonctionne pour faire ressortir les enjeux de la pièce : la tragédie du langage et les pièges de la représentation. Le tout servi par un quatuor d’artistes très sympathiques.


lecture vignette

C’est la sortie poético-romanesque du mois. Alba Le Brun signe là son premier roman, une sorte d’autobiographie poétique qui retrace la naissance d’un moi-artiste-au-féminin. Jeux de mots, typogrammes, ancrage toulousain… Une grande réussite !

Le corps de ma langue Alba Le Brun © Culture déconfiture
Le corps de ma langue, Alba Le Brun © Culture déconfiture

Voilà une BD sur fond de gastronomie française au début des années 1950. Un grand amour unit le jeune Ulysse et le vieux Cyrano : celui de la cuisine ! Tiraillé entre son devoir (reprendre la cimenterie familiale) et sa passion (devenir cuisinier), Ulysse tente de concilier les deux, mettant en péril sa réussite au baccalauréat.

De très beaux dessins et une histoire très tendre. La BD n’a rien de révolutionnaire ni de remarquable, mais on recommande.


Cela faisait au moins 20 ans que je n’avais pas relu Le Parfum. Et dès les premières pages, tout remonte. Quelle imagination ! Quel récit ! L’histoire de ce meurtrier obsédé par les odeurs est vraiment prenante. Bien sûr, ce n’est pas de la grande littérature, mais il y a quand même un plaisir très basique à suivre les aventures de son héros, Jean-Baptiste Grenouille, un parfumeur on ne peut plus freaky.

Le parfum suskind
Le parfum, de Patrick Süskind

Lu lors de mes années étudiantes, j’avais gardé un souvenir à peu près intact de ce grand classique. Des Grieux est passionnément amoureux de Manon, mais la fidélité et la sincérité de la belle ne sont jamais certaines. C’est larmoyant à souhait et très immoral, mais on se laisse prendre. Le style est néanmoins un peu daté pour des lecteurs contemporains, et les relations amoureuses ont tellement évolué au cours des premières décennies du XXIe siècle que je me demande bien comment des jeunes gens d’aujourd’hui reçoivent et comprennent cette histoire. Si vous en savez quelque chose, éclairez-moi, ça m’intéresse.

Manon Lescaut
Manon Lescaut, de l’Abbé Prévost

Pourquoi Lovecraft fait partie de mes auteurs préférés ? Parce qu’il a transformé la peur en cosmos. Chez lui, l’horreur n’est pas une affaire de monstres tapis dans l’ombre, mais d’indifférence cosmique : l’humain n’est rien face à l’immensité de l’univers. C’est vertigineux, poétique, dérangeant.

La peur qui rode
La peur qui rôde (et autres nouvelles), H.P. Lovecraft

Il ne fait pas seulement peur, il décentre, il détraque les repères, il oblige à penser autrement. Et puis cette langue ! Baroque, fiévreuse, envoûtante. Une prose hallucinée qui dit l’indicible. Lire Lovecraft, c’est comme ouvrir une porte qu’on ne pourra plus refermer. Et j’adore ça.

Ma chronique complète sur La peur qui rôde, c’est par ici.


Et vous, qu’avez-vous lu et vu ce mois-ci ?

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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