Le mois de novembre 2025 s’annonce particulièrement riche sur le plan culturel. Entre les pièces de théâtre, les concerts et les spectacles d’humour, impossible que vous ne trouviez pas chaussure à votre pied. Voici notre sélection des événements à voir ce mois-ci. À vos agendas… Prêts ? Partez !
L’Abolition des privilèges, au Théâtre Garonne
Voilà un solo virtuose où les spectateur·ices sont plongé·es en plein cœur des États généraux de 1789. Hugues Duchêne adapte le roman historique de Bertrand Guillot : L’Abolition des privilèges. Retour sur une époque où l’État connaît un déficit chronique, où les plus riches échappent à l’impôt, le régime à bout de souffle et le peuple à bout de nerfs réclame justice et ne voit rien venir. Un pays riche mais bloqué, en proie aux caprices d’un climat déréglé. Telle est la France à l’été 1789. Jusqu’à la nuit du 4 août, quand tout bascule. Toute ressemblance avec une autre époque n’est absolument pas fortuite…
Joué dans un espace quadrifrontal par un acteur incarnant une dizaine de personnages, L’Abolition des privilèges est un sprint donnant le sentiment que l’Histoire s’est soudainement accélérée.
Du 4 au 8 novembre
Cupidon est malade, au Théâtre du Pavé
Pour sa première mise en scène, Lucie Roth s’est emparée de la pièce de Pauline Sales qui s’était elle-même inspirée du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Le jour du mariage de leurs parents respectifs, Tine et Robin n’ont pas vraiment le cœur à la fête. Habitués aux promesses d’amour éternel qui finissent par s’effriter, les deux enfants n’attendent plus grand-chose de cette journée. Mais une rencontre inattendue va tout bouleverser : celle de Cupidon, devenu locataire dans un HLM et fournisseur de philtres d’amour conditionnés… en pots de confiture !
Déterminés à tester un pari audacieux, Tine et Robin se lancent dans une expérience hors du commun : prouver que l’amour peut surgir n’importe où, même le jour d’un mariage.
Du 12 au 14 novembre
Shirley Valentine, au Théâtre de Poche
Isabelle Matras présente son premier seule en scène avec Shirley Valentine, un texte de Willy Russell, dans une mise en scène de Julie Safon. Elle parle à son mur. De ses enfants, de l’autre, du chien végan de ses patrons, de Freud, du clitoris… Mais elle rêve de vivre vraiment.
Du 12 au 15 novembre
Le Livre de K, au Théâtre de la Cité
Le Livre de K est une fresque onirique sur la résistance face à l’oppression. La fable a lieu dans un pays enneigé où domine le château d’un tyran. Dans la ville en contrebas du château, vit une famille. La mère est sourde. Le père a disparu en mer. Deux jumeaux, Alma et Mathéo, entendant∙es, grandissent auprès de leur mère, bercé∙es par la Langue des Signes. Face à l’autoritarisme, le frère et la sœur vont se déchirer. Alma deviendra une figure de résistance, Mathéo, de collaboration. Ils rencontreront une galerie de personnages dans leurs voyages face à la violence du monde. Le Livre de K est un voyage introspectif dans le labyrinthe de l’écriture. Une entreprise poétique et politique où Simon Falguières tente de parler de notre monde par l’accomplissement d’un récit simple, laissant la part belle aux interprètes et à la magie pauvre et séculaire du théâtre.
Du 12 au 19 novembre
L’Île aux pères, au Centre culturel Bonnefoy
Trois hommes d’une trentaine d’années : un comédien, un circassien et un danseur cherchent une île où se trouveraient les pères victimes de la malédiction d’être toujours soit absents, soit morts. Pour la trouver, ils se lancent des défis, reproduisent des souvenirs, incarnent les super-héros de leur enfance et interrogent la vision qui leur a été transmise de la paternité. L’Île aux pères immerge les spectateur·ices dans l’intimité d’hommes d’hier et d’aujourd’hui pour interroger leur propre héritage. Le spectacle est une vaste quête d’identité où chaque spectateur·ice peut venir déposer son grain de sable. Partant d’une fausse étude sociologique, se construit une vraie quête sur fond de témoignages, films de familles, culture pop et barbes à papa.
Du 14 au 15 novembre
Parler pointu, au Centre culturel Bonnefoy
Benjamin a grandi dans un village du midi, berceau d’Alphonse Daudet. Une terre provençale, latine, truculente. Une terre de corrida. Trivial et sacré s’y mêlent en permanence. Toute sa famille y vit encore, et ils parlent tou·te·s avec l’accent du midi, sauf lui. Impossible de déceler dans son phrasé la moindre intonation méridionale, le moindre mot hérité du patois roman de ses ancêtres. Pour devenir acteur, il a gommé son accent : il parle pointu. C’est-à dire avec l’accent du pouvoir. « Parler pointu » est une expression que les méridionaux utilisent pour désigner l’accent Parisien, en réalité celui du français normatif parlé dans les médias, et sur les scènes de théâtre. Parler Pointu raconte l’abandon progressif des parlers régionaux et des accents, et ce que cette perte revêt d’à la fois intime et politique. Dans cette épopée historique et familiale, Benjamin Tholozan incarne avec fougue, joie et précision les personnages qui ont fait du Français et de l’accent tourangeau le seul parler légitime encore aujourd’hui.
Du 14 au 16 novembre au Petit Théâtre Saint-Exupère (Blagnac) puis les 20 & 21 novembre au Centre culturel Bonnefoy (Toulouse)
Non-lieu, au Sorano
Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, lors d’un rassemblement festif organisé contre le projet controversé du barrage de Sivens, le manifestant écologiste Rémi Fraisse est retrouvé mort. Olivier Coulon-Jablonka & Sima Khatami reviennent sur cette affaire emblématique en croisant théâtre et cinéma documentaire. En utilisant le dossier d’instruction comme matériau, le spectacle décortique le fonctionnement de la machine judiciaire et tous ses rouages. « Il aura fallu plus de dix ans pour que la responsabilité de l’État français dans la mort de Rémi Fraisse soit reconnue [décision du 27 février 2025 de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH)]. Le spectacle est construit à partir de cette absence. Nous souhaitons que le théâtre puisse donner à entendre cette histoire qui a été passée sous silence ».
Du 19 au 22 novembre
Parents, à l’Aria de Cornebarrieu
On en appelle à tous les parents, jeunes parents, parents d’ados, grands-parents, parents d’enfant unique, de famille nombreuse ou recomposée. Darons, daronnes, expérimentés ou en devenir, ce spectacle est fait pour vous ! « Avant on avait des principes, aujourd’hui on a des enfants »… Dans cette création, Mélissa Billard & Fred Menuet parlent de la parentalité sans complexe. Sans langue de bois, ce spectacle retranscrit tout ce qu’on n’ose pas toujours dire à voix haute, vous en ressortirez en vous disant que vous n’ êtes pas tout seuls… Un spectacle hilarant et participatif, écrit par des PARENTS pour des PARENTS !
Le 21 novembre
Le Ring de Katharsy, au Théâtre de la Cité
Le public est invité à assister à un tournoi. De part et d’autre d’un ring, deux joueurs se préparent à l’affront. Au-dessus de la surface de jeu, un gril est suspendu, auquel sont accrochés divers objets. Au début de chaque manche, certains d’entre eux tombent, attisant la convoitise des deux champions. Ceux-ci engagent alors le duel, à travers leurs avatars de chair et d’os qui se battent au centre. La partie peut commencer.
Alice Laloy s’empare de l’univers du jeu vidéo et met en scène une chanteuse cheffe d’orchestre, un porteur, deux acteurs-chanteurs et six interprètes circassiens contorsionnistes, acrobates ou danseurs. Le dispositif scénographique à la plastique impeccable, inspiré par l’œuvre en monochrome gris de Hans Op de Beeck, accueille une aventure en miroir de notre société. Dans cette élaboration dystopique d’un monde sous contrôle, les joueurs sont happés par le gain, les avatars exultent sur commande et, au lointain, l’inquiétante Katharsy tire les ficelles. Et si un grain de sable venait gripper la machine, jusqu’à retourner complètement l’ordre du monde ?
Du 23 au 26 novembre
Sans faire de Bruit, au Sorano
Sans faire de Bruit est un seul en scène, une enquête intime, sur l’onde de choc d’un drame au sein d’une famille. Le spectacle s’inspire de l’histoire personnelle de Louve Reiniche-Larroche, dont la mère est devenue sourde brutalement à l’automne 2017. C’est un portrait incisif et intrigant d’une famille, où chaque personnage apparaît au fil d’enregistrements retransmis sur scène par la comédienne via un minutieux travail de synchronisation labiale. Entre documentaire et enquête intime, Sans faire de Bruit est une expérience sensorielle étonnante, brutale, drôle et touchante, qui met le son au centre pour en évoquer l’absence. La comédienne et la metteuse en scène subliment un drame singulier en histoire universelle.
Les 24 et 25 novembre
Exister, définition. De l’infiniment grand à l’infiniment con, de Yann Marguet, au Casino Barrière
Quel est le sens de la vie ? Qu’est-ce qu’on fout là (bordel) ? On le sait : on n’est pas grand chose. Il suffit de regarder le ciel pour s’en rappeler. Il y a d’abord rien, puis des nuages, puis des satellites, puis des grosses boules qui flottent dans l’espace en tournant sur elles-mêmes, puis l’infini… L’INFINI. Et nous, on est là. On cause. On rigole. On se marie. On divorce. On s’énerve parce que ce p**** de bus est encore en retard. On a mal à une dent. On prend des cours de bachata. On existe. On est chacun et chacune son propre centre de l’Univers.
Pourtant, au moment où vous lisez ces lignes, trois cents personnes se tordent la cheville, douze mille autres cherchent leurs clés (qui sont dans une poche déjà fouillée pour sept-mille d’entre elles) et trois-milliards dorment. Quant à l’infini, il s’étend toujours. Il est peut-être temps de relativiser tout ça sur scène, non ?
Le 26 novembre
C’est un réflexe nerveux on n’y peut rien, au Théâtre Jules-Julien
L’évasion burlesque d’une grande excitée et d’une petite boulimique qui vivent dans une société sous contrôle où tous les désirs féminins sont sévèrement punis. Cloîtrées dans une maison, Thérèse et Palmier répètent inlassablement les mêmes rituels. Chaque jour, elles veillent à être parfaites, sous peine d’être découpées en morceaux. Une nuit, leurs corps se rebiffent et quelque chose se met à gronder en elles : Palmier est en proie à des pensées érotiques et Thérèse rêve de délicieux festins. Que faire de toutes ces envies qui se réveillent quand tout le monde dort bien sagement sur ses deux oreilles ? C’est un réflexe nerveux on n’y peut rien est une fable politique et crue qui s’empare des codes du bouffon et du burlesque pour raconter la violence des injonctions féminines.
Les 26 et 27 novembre
Annette, au Sorano
Écrite à partir de nombreux entretiens entre Annette Baussart & Clémentine Colpin, la pièce convoque 70 années de récits intimes. Elle porte non seulement un autre regard sur la vieillesse, mais aussi un récit alternatif aux représentations dominantes. Indomptable, emplie d’un insatiable désir d’ailleurs et de liberté, Annette, 75 ans, a toujours fini par se défaire des rôles dans lesquels elle était prise (femme, épouse, mère) pour embrasser des territoires nouveaux et s’y réinventer sans cesse. Une impossibilité à rentrer dans le cadre qui dessine le portrait d’une femme puissante, en permanente quête d’émancipation. Entre exploration philosophique et fête de carnaval, entre testament et danse collective, Annette est un hommage aux multitudes que nous sommes.
Les 27 et 28 novembre
RING (Variations du couple), à l’Aria de Cornebarrieu
Dans un corps à corps jubilatoire, Jina Djemba & Amaury de Crayencour nous emmènent dans un voyage poignant et hilarant au pays du couple. De la première rencontre à la dernière rupture, seize rounds amoureux qui oscillent nerveusement entre rire et drame. Amants, parents, étrangers, divorcés, veufs, maris et femmes… tous s’appellent Camille et tous se débattent avec leurs pulsions, leurs éducations, leurs idéaux. D’une étincelle se propage un feu, d’un malentendu éclate une guerre, malgré les efforts surhumains de chacun pour aimer l’autre… et s’aimer soi-même.
Les 28 et 29 novembre
Opening Night, au Théâtre de la Cité
Influencé par le travail cinématographique d’exception de John Cassavetes et les interprétations de Gena Rowlands, Opening Night joue l’excès, mais aussi l’amour et la vulnérabilité. C’est une quête collective d’une nouvelle émotivité dans une société saturée d’émotions. La compagnie DE HOE joue à la vie et la mort en flirtant avec la sentimentalité.
Soir après soir, Opening Night se présente comme un spectacle remis en cause. Pendant qu’ils tentent désespérément de combler le vide laissé par un acteur qui perd ses mots, sept comédien∙nes s’embarquent ensemble dans une recherche fiévreuse et tragicomique de la plus grande authenticité possible.
Du 28 novembre au 2 décembre
Zusammen, à la Grainerie
Zusammen porte un regard nouveau sur la place du cheval au cirque, pour une possible humanimalité. Les circassiens d’EquiNote ne font pas semblant. Ni dans leur rapport direct aux animaux, ni dans l’engagement total des sanglistes, acrobates, machinistes, dresseurs et voltigeurs, ni dans la pratique exigeante de ce cirque-théâtre équestre dont ils se sont faits les apôtres. Dans la foulée du succès rencontré par Avant la nuit d’après, qui a réuni 60 000 spectateurs, la compagnie de Sarah Dreyer & Vincent Welter a confié à Émilie Capliez le soin de mettre en piste son nouveau spectacle. Une fresque sur les trésors de force collective qu’humains et animaux (six chevaux, six artistes et deux chiens) sont capables de déployer quand ils sont libres et complices.
Du 28 novembre au 6 décembre
Don Giovanni, à l’Opéra du Capitole
Agnès Jaoui signe sa première mise en scène à l’Opéra en s’emparant du chef-d’oeuvre de Mozart qui raconte la course à l’abîme du célèbre séducteur. On a hâte de découvrir cette nouvelle production de l’Opéra National du Capitole, malgré l’absence du chef Tarmo Peltokoski qui sera remplacé par Riccardo Bisatti.
Du 20 au 30 novembre
Lamomali, au Zénith
Nous vous avions parlé avec enthousiasme de l’album de Lamomali il y a quelques mois. Nous avons hâte de découvrir la version live de ce spectacle imaginé par M & Fatoumata Diawara ! Le concert a très vite affiché complet et ce n’est pas une surprise.
Le 21 novembre
Tugan Sokhiev & le Münchner Philharmoniker, à la Halle aux Grains
Munich et Sokhiev ! L’une des plus belles phalanges au monde et l’un des chefs les plus en vue de la scène internationale dans une symphonie de Tchaïkovski, brûlante de passions et de drames. Quel contraste avec l’humour du Concerto pour deux pianos de Poulenc ! Patchwork de styles, l’œuvre régale par sa vitalité ébouriffante et le jeu virtuose des pianistes Arthur & Lucas Jussen.
Le 24 novembre
Music-hall Colette, à l’Aria de Cornebarrieu
Libre et scandaleuse, Colette fut géniale à la scène, à la ville et dans ses livres. Capable de tous les bons mots, douée de tous les talents, elle mena une vie d’une indépendance insolente ! Pour l’incarner, il fallait une interprète hors norme et un spectacle qui le soit également. C’est chose faite grâce à la mise en scène de Léna Bréban et à l’interprétation de Cléo Sénia, nommée aux Molières 2024 de la révélation féminine. Splendide spectacle musical entre mime, chant et danse, transformations soudaines et effeuillage érotique, Music-hall Colette nous plonge dans la Belle époque avec une frénésie et une jubilation étourdissantes !
Les 26 et 27 novembre
Alors, qu’irez-vous voir sur les scènes toulousaines en novembre 2025 ?
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
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Don Giovanni pour moi!