Home À écouter Мусоргский et le chef d’orchestre qui feule

Мусоргский et le chef d’orchestre qui feule

by Julien
Moussorgski

Mardi soir, je me suis rendu à la Halle aux Grains de Toulouse un peu par hasard pour écouter un concert du Filarmonica Teatro Regio Torino (l’orchestre philarmonique de Turin). Je ne m’étais pas renseigné sur le programme, ni sur le grand interprète que j’allais entendre. En m’installant dans mon fauteuil, j’ai donc parcouru le programme de la soirée : Dallapicola, Liszt, Moussorgski… Rien pour m’inspirer. D’ailleurs, je ne connaissais même pas le premier des trois compositeurs. Aussitôt je me suis dit : si ça ne me plaît pas, je filerai à l’entracte.

Puis le spectacle a commencé. En un instant j’ai été embarqué ! Je crois que, depuis que je vais écouter les concerts organisés par les Grands Interprètes, c’est le programme que j’ai préféré.

Pour jouer Dallapiccola, pas moins de cinq percussionnistes en fond de scène. Les percussions sont, avec les cuivres et les flûtes, mes instruments préférés. Autant dire que j’en ai eu pour mon plaisir ! Je râlais récemment de ne pas entendre assez souvent de xylophone dans les concerts. Cette fois-ci, j’ai été gâté, puisqu’il y en avait un en bois et un en métal ! Ainsi, le Philarmonique nous a fait entendre cinq fragments symphoniques du ballet Marcia de Dallapiccola : une belle découverte pour le bleu que je suis, je dirais même un régal !

 

Bertrand Chamayou

 

Le concert s’est poursuivi avec le Concerto pour piano et orchestre n°2 de Liszt, et Bertrand Chamayou au piano. Le musicien n’est pas un inconnu, puisqu’il a été lauréat des Victoires de la musique classique en 2006 dans la catégorie « Révélation soliste instrumental de l’année », puis deux fois « Soliste instrumental de l’année » en 2011 et 2016. Une prestation ce mardi soir qui a transporté toute le salle !

Enfin, le deuxième acte a été consacré à Moussorgski et ses Tableaux d’une exposition. Un grand moment de musique, ovationné par une Halle aux Grains conquise. Mais ce qui m’a le plus étonné dans ce concert, ce fut le chef d’orchestre Gianandrea Noseda. Il était tellement emporté par sa musique qu’il sautait, pliait ses doigts comme des griffes, avait une bouche grande ouverte comme s’il allait cracher du feu, et surtout il faisait un bruit démentiel en soufflant et feulant en rythme pour diriger ses musiciens. Il faisait à lui tout seul autant de bruit que les violons ! Un instrument à part entière, en quelque sorte. Au début, je ne savais pas d’où venaient ces bruits de bourrasques. Il faut dire que, depuis que je vais entendre des concerts, je n’avais jamais vu ça ! Ma foi, ce fut une direction originale et qui n’a pas manqué de cœur.

Moralité : il faut toujours aller écouter des concerts même quand on n’est pas inspiré a priori, car on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise !

Et vous, avez-vous déjà été subjugué par un spectacle dont vous n’attendiez rien ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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