Début juin, je me suis rendu à Perpignan pour voir un spectacle de danse au Théâtre de l’Archipel. J’ai profité de ce déplacement pour visiter la ville et aller déambuler au Musée Hyacinthe Rigaud (sis 21, rue Mailly) dont plusieurs panneaux dans la ville faisaient la publicité en arborant un sublime autoportrait du peintre éponyme.
Rénové et agrandi en 2017, le musée d’art Hyacinthe Rigaud est installé dans deux hôtels particuliers du centre-ville : l’hôtel de Lazerme et l’hôtel de Mailly. Sa collection rassemble des œuvres magnifiques de la fin du Moyen-âge à l’époque contemporaine.
La visite commence à l’étage avec les œuvres du Perpignan gothique : bas-reliefs du XVe siècle et peintures sur bois du XIVe sont rassemblés dans un étonnant état de conservation. J’ai été particulièrement impressionné par le Retable de la Trinité (1439), haut de 3 mètres 69, avec ses couleurs vives, son doré et les bijoux des personnages en relief.
Retable de la Trinité, Maître de la Loge de Mer (1489) – Technique mixte sur bois
Le Perpignan baroque est ensuite à l’honneur, avec notamment les œuvres d’Hyacinthe Rigaud qui a donné son nom au musée, car il s’agit d’un peintre virtuose né à Perpignan. J’ai adoré le fait que plusieurs autoportraits de l’artiste se côtoient, permettant de le reconnaître à travers les âges. D’autres portraits (notamment des membres de sa famille) sont exposés dans lesquels Rigaud a déployé tout son talent. Je ne connaissais pas ce peintre auparavant, mais je dois dire que j’ai été très impressionné par son coup de pinceau.
Autoportrait au Turban, Hyacinthe Rigaud (1698)
Une autre partie du musée nous transporte à l’époque moderne, avec des œuvres méridionales de Picasso et les sculptures d’Aristide Maillol comme L’été sans bras (1911), des céramiques, des biscuits, etc. J’ai surtout été surpris par une petite salle du musée qui présente l’étonnante collection de 211 petits formats légués par Maître Rey, vision kaléidoscopique et novatrice d’une création passée au travers du filtre du regard passionné du collectionneur.
211 petits formats de la collection de Maître Rey
Une dernière partie du musée est consacrée aux œuvres contemporaines du Perpignan d’aujourd’hui. Une salle à l’entrée du musée présente d’ailleurs jusqu’au 2 juillet 2018 le travail d’Alexis Gallissaires (né à Perpignan en 1980) et l’on peut y découvrir les dessins de son livre graphique Jour Blanc, une œuvre qui tente de transcrire en mots et en images les visions hallucinées et cacophoniques d’un corps sous l’emprise de la drogue. Sur vingt-cinq mètres fusionnent des textes et des dessins où les souvenirs de l’enfance se mêlent aux cauchemars de l’âge adulte.
La visite s’est terminée au rez-de-chaussée avec une exposition temporaire (visible jusqu’au 12 novembre 2018) consacrée à la Côte Vermeille, qui fait la part belle à l’impressionnisme.
[Les] beautés et [la] lumière si crue [de la Côte Vermeille] en ont fait le berceau du fauvisme et le repère de nombreux artistes tombés amoureux de ses plages et du pittoresque encore préservé des ruelles étroites de ses ports. La présence d’Aristide Maillol à Banyuls n’est pas étrangère à l’attraction qu’a pu exercer ce territoire avant que le développement du tourisme n’en abâtardisse le caractère.
Sans évoquer les personnalités écrasantes d’Henri Matisse, André Derain ou encore Paul Signac, découvrons nombre d’artistes qui ont restitué les fulgurances chromatiques de la Côte Vermeille.
L’exposition fait escale dans trois ports aux identités affirmées qui scandent cette côte : Collioure, Port-Vendres et Banyuls.
Alors, envie de faire également un tour au Musée Hyacinthe Rigaud de Perpignan ?
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
