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Janvier 2018, le bilan culturel

by Julien
culture deconfiture

Des années qui commencent comme celle-là, sur les chapeaux de roues, j’en redemande ! Quelle effervescence. Le blog a reçu plein de sollicitations et nous avons pu les honorer. Ajoutez à cela quelques défis personnels (les écrits de l’agrégation de lettres modernes) qui m’ont stimulé et redonné confiance en moi, ainsi qu’un retour en enfance lors de la visite du Festival des Lanternes à Gaillac, et vous obtiendrez un mois de janvier sensationnel qui met du baume au cœur ! Allez, c’est parti pour le premier bilan culturel de 2018…

 

 

Starwars VIII, Les derniers Jedi, de Rian Johnson : Comme chaque mois de janvier, je reviens pour faire un bilan sur Starwars. J’ai beaucoup hésité avant de savoir si j’allais mettre du rouge ou du vert sur ce nouveau film de la saga. Le film a d’ailleurs beaucoup divisé la critique et les spectateurs, et l’on peut comprendre pourquoi : on n’est pas loin d’une parodie ! Rian Johnson s’amuse à démolir toutes les bases de la saga et prendre le contrepied de l’épisode VII réalisé par J.-J. Abrams. Mais comme je n’ai jamais réussi à prendre ce space-opéra au sérieux, la surenchère d’effets comiques ne m’a pas dérangé plus que ça. Après tout, les Ewoks dans Le Retour du Jedi, ça n’était pas non plus des plus sérieux, comme les imbéciles de robots et le maître Jedi Yoda qui relevait plus du Muppet Show que du sage guerrier. Je relèverai donc quelques scènes qui m’ont sincèrement fait rire dans ce nouvel opus : Luke Skywalker qui tourne une pub pour les produits laitiers (« … sont nos amis pour la vie… »), Chewbacca qui bouffe un Porg (les nouvelles mascottes de la série), et surtout l’analogie entre un fer-à-repasser et un vaisseau spatial (je n’avais jamais pensé à Dark Vador repassant lui-même ses chemises, c’est quand même bien trouvé). Vous l’aurez compris, ce film c’est du grand n’importe quoi, un peu comme l’emballement médiatique qui l’accompagne d’ailleurs !

 

 

Sales gosses, de Mihaela Michailov par Michel Didym : Pour écrire cette pièce très rock, l’auteure roumaine s’est inspirée d’un fait divers édifiant : dans une école, une enseignante a ligoté une élève, les mains dans le dos, dans sa salle de classe pour la faire tenir en place. Sale gosse ! Les camarades de la gamine ont apprécié l’exemple, si bien que peu de temps après, la jeune fille a été retrouvée attachée dans les toilettes après avoir été sauvagement mutilée. Pour incarner les personnages de cette histoire, Michel Didym (directeur du Théâtre de la Manufacture à Nancy) a fait appel à Alexandra Castellon, qui donne vie tour à tour à la fillette, à son institutrice, mais aussi à ses camarades ou à sa mère. Avec une vitesse déconcertante, les décors et les personnages se transforment pour nous raconter à 100 à l’heure cette terrifiante histoire de sales gosses. Bref, un théâtre engagé qui atteint parfaitement son but et que l’on espère revoir bientôt au TNT, désormais dirigé par Galin Stoev.

Danse « Delhi », d’Ivan Viripaev, par Galin Stoev : Pour son premier spectacle en tant que nouveau directeur du TNT, Galin Stoev a frappé fort ! Mais vraiment très fort ! Une pièce russe qu’il a lui-même traduite en Bulgare et fait jouer par des comédiens de Sofia, sur-titrée en Français. Les habitués des productions de Laurent Pelly (l’ancien directeur du TNT) ont du être déconcertés ! J’y suis quant à moi allé avec beaucoup d’enthousiasme, car Ivan Viripaev est au panthéon de mes auteurs favoris contemporains, depuis que j’ai vu la pièce Illusions (le spectacle le plus bouleversant que j’ai vu en 2015). La mise en scène est déconcertante : les acteurs jouent sur fond vert et la captation en direct de leur jeu est retransmise sur un écran géant au-dessus de la scène avec incrustation de décors de synthèse ou effets visuels. D’abord très « sitcom », le jeu devient de plus en plus nuancé pour atteindre une forme de vérité sur les relations humaines, les faux-semblants et le deuil. En filigrane, le spectacle tend à nous faire imaginer une danse intitulée « Delhi » que nous ne verrons pourtant jamais interprétée sur scène, une chorégraphie bouleversante sur la misère humaine et sa sublimation par l’art (oui oui, je vous avais bien dit que Galin Stoev avait frappé fort !).

Danse “Delhi” (d’Ivan Viripaev par Galin Stoev)

 

Les Liaisons dangereuses, par Davide Bombana : Quatrième incursion toulousaine pour le chorégraphe Italien Davide Bombana, qui mit en scène Carmen il y a 10 ans et sa reprise il y a 7 ans, puis qui créa Les Liaisons dangereuses avec le Ballet du Capitole en 2015 avant de le reprendre ce mois-ci. Le côté un peu descriptif de la chorégraphie m’a parfois semblé un peu trop poussé, au détriment des nuances sur le double-jeu des personnages ou leurs combats intérieurs. La Présidente de Tourvel semble céder un peu vite aux avances de Valmont (avec ses « non » qui semblent vouloir dire « oui ») et Cécile de Volanges semble peu ingénue quand il s’agit de prendre son maître de clavecin pour amant. La musique contemporaine de Walter Fähndrich, en contraste avec les airs célèbres de Rameau, soulignent parfois les tensions du subconscient dans les tableaux qui m’ont paru les plus intéressants de cette adaptation (et donc les moins figuratifs).

Cantata, par Mauro Bigonzetti : Deuxième ballet de la soirée italienne présentée à la Halle aux Grains, Cantata offre un radical changement de style. Après un récit narratif, place à un ballet d’ambiance ; après un langage néoclassique sur les pointes, place aux pieds nus qui martèlent le sol ; après les perruques poudrées évoquant le XVIIIème siècle, place à des cheveux en liberté qui font vivre véritablement la chorégraphie. Cantata impose une énergie folle, pleine de vie, « une explosion du Vésuve » qui s’impose et écrase tout sur son passage. La musique d’ASSURD & Enza Pagliara, (présentes sur scène) fait revivre l’Italie du sud sous nos yeux. Virtuosité, passion, affrontement, et même humour, il y a tout dans la création de Mauro Bigonzetti, qui fait d’emblée son entrée dans mes spectacles préférés de 2018 (et de la décennie).

 

 

Orlando le trio : Petite larme : le trio a fait ses adieux au public toulousain avec ce dernier concert au Bijou ! Après 15 ans de musique endiablée, déjantée et poétique, les musiciens se séparent pour de nouvelles aventures en solo ou dans d’autres groupes. Un dernier mot à leur adresser : MERCI ! C’est ma vie d’enfulte qui s’achève…

Tako Tsubo, par Paris Combo : Paris Combo poursuit sa tournée française pour la promo de son nouvel album Tako-tsubo. Au programme de ce tour de chant : les tubes du groupe (qui a fêté ses vingt ans en 2015 et son sixième album), les inédits, et surtout du swing du swing et du swing ! Avec leur musique au confluent de la variété et du jazz, Paris Combo  nous a fait trémousser notre anatomie. Tako tsubo / Tako Tsubo / Tako tsubo – Tako tsubo !

La Walkyrie, de Richard Wagner, par Nicolas Joel : Le Théatre du Capitole s’est mis à l’heure allemande avec ce chef-d’oeuvre de la musique classique. Alors oui, les Walkyries sont un peu hommasses dans leur manière de se saluer (genre 3eme mi-temps de rugby), mais on y retrouve bien le souffle épique de la saga légendaire, qui a inspiré à Fritz Lang ses Nibelungen et à Tolkien son Seigneur des anneaux. Culte !

 

 

Origine, de Dan Brown : Pas de grande révolution stylistique dans le nouveau roman de Dan Brown. Les mêmes ingrédients : une capitale Européenne, une intrigue scientifico-religieuse, des meurtres en rafale, etc. Dans Origine, la situation initiale se déroule à Bilbao. Robert Langdon, le célèbre professeur en symbologie et iconographie religieuse, arrive au musée Guggenheim pour assister à une conférence historique avec l’annonce d’une découverte scientifique révolutionnaire. L’organisateur de cette soirée n’est autre que le grand futurologue Edmond Kirsch, un milliardaire de quarante ans dont les inventions et les prédictions audacieuses ont fait de lui une célébrité mondiale. Kirsch, qui a été dans sa jeunesse l’étudiant de Langdon à Harvard, est sur le point d’annoncer le résultat de ses recherches et d’apporter enfin une réponse aux deux questions fondamentales de l’humanité : « d’où venons-nous ? » et « où allons-nous ? » La découverte de Kirsch va susciter une controverse bien plus profonde qu’il ne l’avait imaginé, et certaines forces (religieuses, politiques) sont prêtes à tout pour faire taire l’importun. Accompagné d’Ambra Vidal, la directrice du musée qui a préparé avec Kirsch cette soirée explosive, Langdon se lance dans une quête périlleuse. Bref, la recette est déjà éprouvée mais demeure toujours aussi efficace, même si je dois avouer que l’intrigue a un peu perdu de sa saveur dans les 100 dernières interminables pages du roman et que la résolution de cet énième mystère m’a un peu déçu… Mais pour les amoureux du genre, tout y est sans exception !

Rhinocéros, d’Eugène Ionesco : Y a-t-il bien un rhinocéros en ville ou Bérenger devient-il fou ? Quoi, maintenant deux rhinocéros ? Quoi, son voisin est un rhinocéros ? et son ami Jean ? Incroyable ! Telle est la fable absurde inventée par Ionesco où toute une ville est prise de contagion par la rhinocérite (ou serait-ce la contamination des esprits par les idées nauséabondes de l’époque ?). Un grand classique, inoxydable, à lire et à relire surtout en nos temps de doutes où les clivages se radicalisent jusqu’à l’absurde et la cruauté !

 

Voilà. Voilà. Voilà. On a rarement eu un bilan aussi complet, mais ça fait vraiment du bien ! Et vous, sous quels augures culturels l’année 2018 commence-t-elle ?

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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