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Entre-deux, Bertrand Mathieux [CRITIQUE]

by Julien
Entre deux bertrand mathieux

J’ai récemment été contacté par un auteur de nouvelles, Bertrand Mathieux, afin que je lui donne un avis sur son recueil intitulé Entre-deux et publié chez Prem’Edit. Cette semaine, je me suis donc plongé dans ses étranges histoires qui flirtent avec le fantastique.

Le fil conducteur de ce recueil, ce n’est ni le cadre ni les personnages. Chacune des neuf histoires est indépendante, mais une ambiance commune les anime toutes. Qu’ils soient un peu trop rêveurs, obsédés par un souvenir ou bien plongés dans un état second, ces personnages semblent perdre un peu pied face à la réalité et basculer dans un “entre-deux” auquel le recueil doit son titre. Certaines nouvelles sont vraiment très brèves (2 pages) et d’autres un peu plus étendues (une vingtaine de pages). Mais même lorsque les récits sont très courts, Bertrand Mathieux y insufle un soupçon de poésie et de fantastique.

Un début qui m’a laissé dubitatif

La Cabine, qui inaugure le recueil, n’est clairement pas la nouvelle qui m’a le plus plu. Je pense même que c’est celle qui m’a le moins captivé (tant par ce qu’elle raconte qu’à cause de son style aux descriptions un peu trop précises, ce que j’ai tendance à trouver parfois inutile et lourd). C’est dommage, car par sa position liminaire cette histoire aurait pu me rebuter et m’empêcher de me plonger dans les suivantes, qui sont selon moi d’un meilleur niveau.

Puis des histoires de plus en plus captivantes

Dès la deuxième nouvelle, L’Appartement, j’ai apprécié le goût de ce recueil parce que j’ai cru y reconnaître des sentiments que j’avais déjà éprouvés. Vous la connaissez, vous, cette impression de familiarité bizarre lorsque vous revenez plusieurs années plus tard dans un endroit où vous êtes déjà venus ? C’est précisément ce qui arrive à l’héroïne de cette histoire et j’ai trouvé la description de ses sensations assez fidèle et réaliste psychologiquement. Une émotion teintée de nostalgie et de joie qui nous replonge fugacement dans une autre époque, avec d’autres gens… presque une autre vie.

La disparition mystérieuse d’un frère pour l’héroïne de la nouvelle suivante, Les Flocons, m’a également intrigué. L’avantage avec des textes courts comme ceux-là, c’est que l’on a le sentiment de saisir l’entièreté de l’histoire, même lorsqu’il y a un flash-back comme dans celle-ci. Il n’est pas si aisé de donner de la profondeur (chronologique ou psychologique) lorsqu’on fait un récit aussi court.

Ce que j’ai aimé dans les nouvelles Duo et La femme-bouillotte, c’est l’enchâssement des récits. J’adore quand les narrateurs nous font savoir dans quelles circonstances et par quelle bouche ils ont eux-mêmes eu connaissance de l’histoire qu’ils sont en train de raconter à leur tour. Je trouve cet effet d’autant plus efficace lorsqu’il s’agit d’un récit qui convoque un imaginaire fantastique, où de nombreux indices nous donnent envie de croire à la véracité de l’histoire alors même que plusieurs détails coincent. J’ai cru retrouver, surtout dans Duo, ce sentiment de doute inquiétant et intrigant que l’on a chez des auteurs du XIXeme siècle, comme Théophile Gautier par exemple.

Quant aux deux dernières nouvelles, qui sont les plus courtes, elles s’apparentent presque à deux petits poèmes en prose.

En bref

Vous l’avez compris, ce recueil de nouvelles a été une bonne surprise littéraire de ces vacances. Jamais je n’aurais découvert l’univers de cet auteur s’il n’était venu lui-même vers moi, et c’est le genre de petite découverte qui fait du bien !

En somme, je vous encourage à découvrir à votre tour Entre-deux (promis, je ne touche aucune commission et je ne connais pas personnellement cet auteur), surtout si vous êtes sensible aux atmosphères légèrement fantastiques.

Bertrand Mathieux est également blogueur cinéma, donc si vous voulez découvrir son blog Citizen Poulpe, c’est par là !

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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