Hier soir, Zaho de Sagazan était de passage à la Halle aux Grains de Toulouse pour le premier de ses trois concerts avec l’Orchestre National du Capitole, qui coïncidait avec la sortie de son nouvel album La Symphonie des Éclairs (Orchestral Odyssey). L’occasion pour la jeune artiste de se la jouer à la fois diva et drama queen, devant un public conquis !
Zaho de Sagazan symphonique
Ce n’est pas la première fois que l’ONCT accompagne un·e artiste de variété. En juillet dernier, nous vous parlions avec beaucoup d’enthousiasme du concert que les musiciens avaient donné au Théâtre de la Cité avec Arthur H, événement qui restera longtemps dans les mémoires toulousaines.
Le concert de Zaho de Sagazan fait partie d’un projet plus large de la chanteuse, une tournée française au cours de laquelle elle reprend ses titres dans une version réorchestrée de façon symphonique, grâce aux arrangements de Romain Allender & Rémy Galichet (avec le chef Dylan Corlay à la direction de l’orchestre). La fusion entre les mélodies pop et la musique symphonique fonctionne à merveille. Quelques notes de Vivaldi se font entendre au début du Dernier des Voyages, pour le plus grand plaisir des mélomanes.
Dans la famille de Sagazan, on connaissait déjà Lorraine, la cousine metteure en scène dont on avait aimé Leviathan lors de la dernière saison. Zaho, à l’instar de Lorraine, a vraiment le sens de la scène et du spectacle. Son concert est extrêmement théâtral et la scénographie est particulièrement soignée. Coiffure baroque, tunique drapée, gestuelle stylisée : l’artiste se fait créature. Sur l’écran gris en fond de scène, sa silhouette éclairée de rouge se détache de manière particulièrement graphique, presque expressionniste.
Les éclairages sont extrêmement léchés. Pour la chanson Les Garçons, un faisceau vient tour à tour éclairer les musiciens dont la chanteuse s’amourache. Plus tard, un sport sur roulettes déplacé par un technicien directement sur la scène vient projeter en géant les ombres des musiciens et de la chanteuse sur le grand écran : l’effet est saisissant.
En somme, le concert symphonique de Zaho de Sagazan se déploie comme un conte spleenétique, tissé d’ombres et de lumières. Sa dramaturgie envoûtante conduit l’auditeur d’un vertige à l’autre.
Une découverte totale
Je dois confesser ma grande ignorance : je ne connaissais Zaho de Sagazan que de nom. Les chansons interprétées lors de ce concert étaient pour moi une découverte totale, à part les deux ou trois vers qui forment le refrain de son tube La Symphonie des Éclairs.
Je ne sais pas si j’aurais été aussi sensible à la version électro de ses chansons si j’avais entendu la version originale de son album, mais cette version symphonique a su totalement me captiver. Les textes que j’ai découverts pour la première fois hier soir sont finement ciselés (mais, avouons-le, pas d’une incroyable gaieté).
Tout ça parce que moi je t’aime, je t’aime
Suffisamment, Zaho de Sagazan
Passionnément, tu m’aimes
Suffisamment pour que je reste
Mais pourquoi je reste ?
J’ai particulièrement aimé l’omniprésence de l’onde Martenot, instrument qui a conféré au spectacle une dimension totalement fantastique. Bravo à Nathalie Forget, qui derrière son clavier a donné au spectacle son ADN acoustique.

Zaho de Sagazan interprétera encore 2 fois cette Orchestral Odyssey à Toulouse, aujourd’hui à 16h puis à 21h. Le concert est un peu court (1h15 environ) mais c’est une vraie gourmandise pour les oreilles et pour les yeux. Ne perdez pas l’occasion d’aller découvrir cette chanteuse, que vous soyez déjà fan ou bien que ce soit – comme moi – pour la découvrir enfin.
Le concert sera également diffusé sur Arte le 17 octobre à 22h30, ainsi que sur Arte.tv du 10 octobre au 15 novembre 2025.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
3 comments
Je l’avais vue lors d’un festival, et pourtant, j’ai eu l’impression de redécouvrir les textes. L’orchestration était top. Et sa présence sur scène remarquable, quelque soit le nombre de personnes en face et le nombre de musiciens avec elle. Bref, j’ai adoré aussi!
Oui, elle a vraiment donné une autre dimension à ses chansons. On comprend toute la dramaturgie, tout converge pour mettre en place un univers à la fois personnel et accueillant.
Tout pareil! Je l’ai découverte. Ce fut fort joli et triste en effet…