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Vania, par le collectif FAR

by Julien

Presque un an jour pour jour après avoir vu Oncle Vania de Tchékhov mis en scène par Pierre Pradinas à Nancy, je suis allé voir cette semaine Vania au théâtre du Pavé à Toulouse, adapté par le collectif FAR. Avec La Cerisaie mise en scène par Christian Benedetti en décembre 2015, c’est le deuxième Tchékhov que je vois cette saison. Et cela confirme mon amour pour le théâtre russe !

 

Vania par le collectif FAR

 

Le collectif FAR est une troupe née en 2012 et qui se propose de créer des spectacles de façon collégiale : tous interprètes et metteurs en scène, les cinq membres du collectif participent à part égale dans la construction des pièces qu’ils montent. Ne me demandez pas ce que signifie le nom de leur troupe, je l’ignore totalement et eux-mêmes n’en ont jamais donné l’interprétation (« Celui qui trouvera pour nous la meilleure définition sera membre d’honneur de l’association à vie ! » a même déclaré l’une des comédiennes ! Le défi est lancé !).

Leur nouvelle création, Vania, est à la fois sobre (presque un espace vide) et d’une justesse de jeu à vous mettre les larmes aux yeux.

Oncle Vania est incontestablement ma pièce préférée de Tchékhov. Contrairement à la Cerisaie, où l’on risque de se perdre entre les nombreux personnages et leurs relations tortueuses, Vania réduit l’intrigue autour de cinq personnages. C’est d’une grande efficacité. Ils sont tous porteurs d’un certain regard sur le monde, d’un art de vivre, qui les rend extrêmement profonds et presque réels, et leurs relations permettent de briser une à une les illusions que sont l’argent et l’amour comme source de bonheur.

 

Vania par le collectif FAR3

 

Ce qu’il y a de particulièrement puissant chez Tchékhov – et en particulier dans Oncle Vania – c’est sa faculté à insuffler un comique grinçant dans le pessimisme de ses observations. Les réactions dans la salle du Pavé étaient d’ailleurs particulièrement variées, puisque j’entendais parfois des éclats de rire aux moments où j’avais pour ma part les poils hérissés par l’émotion et le bouleversement…

Ce qui fait la réussite de la version FAR d’Oncle Vania, ce n’est pas sa scénographie. Epurée à l’extrême, sans fioriture, elle laisse toute la place à l’imagination du spectateur. Non, la puissance de ce spectacle vient de ses interprètes. Sylvie Maury, dans le rôle de la belle mais oisive Hélène, est hypnotisante. Elle a la voix et la sensualité de Julia Roberts, qui sied si bien à ce personnage éthéré et fat. En cela, Sylvie Maury écrase à plate-couture Romane Bohringer (qui tenait le même rôle en 2015 et se dandinait mollement dans de superbes robes tout en se contemplant, au détriment de sa qualité de jeu). Olivier Jeannelle compose quant à lui un docteur qui tient du clown tendre et sensible, et Cécile Carles enfin campe une Sonia ingénue mais résignée des plus émouvantes !

Si vous avez l’occasion de voir ou de lire Oncle Vania, ne la manquez pas ! Néanmoins, vous prendrez soin de ne pas abuser de Tchékhov dans des périodes de vague à l’âme, car son pessimisme pourrait bien vous achever !

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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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