Je craignais d’avoir un peu tout oublié depuis la saison 1 — les intrigues tordues, les visages, les pouvoirs improbables. Mais Gen V a ce talent rare : tout revient très vite, comme si le temps entre deux saisons n’avait été qu’une courte respiration. Dès le premier épisode, on replonge tête la première dans cet univers dérivé de The Boys, toujours aussi provocateur, sanglant et, il faut bien le dire, jubilatoire.
Gen V : le grand n’importe quoi maîtrisé
Oui, Gen V reste ce cocktail foutraque de super-pouvoirs absurdes, de situations extrêmes et de dialogues ultra-grossiers. On rit, on grimace, on détourne parfois le regard — un portail quantique en guise de sphincter, sérieusement ? — mais tout cela participe du plaisir un peu coupable que la série assume pleinement. Sous ses airs de teen show sous stéroïdes, elle sait très bien ce qu’elle fait.
Ce qui frappe surtout, c’est la profondeur inattendue de cette deuxième saison. Peu à peu, les personnages gagnent en densité. La série ose s’attarder sur leurs fêlures, leurs troubles, leurs corps malmenés : la boulimie de Little Cricket, les scarifications de Marie Moreau, tout cela est traité avec une sensibilité qu’on n’attendait pas dans un univers aussi dégénéré. Gen V devient alors autre chose qu’un défouloir : une réflexion sur la douleur, la honte et la construction de soi.
À travers la métaphore des superpouvoirs, la série en dit finalement bien plus sur cette période difficile qu’est l’adolescence que l’on ne pourrait le supposer a priori.
Le deuil comme moteur
Et puis, il y a cette belle idée : ne pas effacer les morts. Contrairement à tant de séries qui survolent la disparition d’un personnage le temps d’un épisode larmoyant, Gen V prend le temps d’en explorer les traces. La saison 2 interroge le souvenir, l’héritage, le poids de ceux qui ne sont plus là — sans pathos, mais avec une justesse étonnante. Je crois que je n’avais jamais vu une série donner autant de place en saison 2 à la mémoire d’un personnage secondaire disparu en saison 1.
L’histoire principale en revanche est un peu cousue de fil blanc. On devine facilement le twist final dès la première moitié de la saison, et ça c’est un peu dommage…
Toujours aussi excessive, souvent dérangeante, Gen V réussit pourtant à émouvoir et à faire réfléchir — preuve qu’on peut faire jaillir un peu d’humanité même au milieu d’un programme trash.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.





