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Piano aux Jacobins : Fazıl Say joue Fazıl Say

by Julien
Fazil Say Piano aux Jacobins 20250904 © Culture déconfiture

La rentrée culturelle a bel et bien lieu et le cloître des Jacobins de Toulouse vibre à nouveau au rythme des grands claviers ! Ce jeudi 4 septembre a marqué l’ouverture de la 46e édition du Festival Piano aux Jacobins, rendez-vous incontournable de la scène musicale toulousaine & internationale. Chaque année, il attire mélomanes et curieux, séduits par l’alliance unique du cadre patrimonial exceptionnel et de la virtuosité des artistes invités.

Fazıl Say, un retour aux sources pour Piano aux Jacobins

Pour inaugurer cette nouvelle saison, le festival a choisi un invité de marque : Fazıl Say. Le pianiste et compositeur turc n’est pas un inconnu du public toulousain. Déjà, en 1998, il s’était produit aux Jacobins, à l’orée d’une carrière qui allait s’affirmer comme l’une des plus singulières de la scène classique. Vingt-six ans plus tard, son retour a résonné comme un hommage au temps passé et à la fidélité du festival envers les artistes qu’il a contribué à révéler.

Pour cette soirée d’ouverture, Fazıl Say a tout d’abord interprété les célèbres Variations Goldberg de Bach, monument de la littérature pianistique. Cette œuvre, à la fois érudite et d’une inventivité infinie, avait déjà enchanté le public des Jacobins en 2023 grâce à l’interprétation lumineuse de l’Islandais Víkingur Ólafsson. Nous étions présents à ce magnifique concert et vous en avions parlé ici.

Mais chaque musicien apporte sa propre vision, et l’attente était grande autour de la lecture proposée par Fazıl Say, artiste réputé pour son intensité, sa liberté et son approche presque visionnaire du répertoire. Vous vous en doutez, nous n’avons pas été déçus ! Je pense même l’avoir entendu fredonner dans les derniers mouvements tant il était transporté par l’inspiration.

Entre interprétation et création

Fazıl Say ne se limite pas au rôle d’interprète. Compositeur prolifique, il a enrichi ce programme en glissant quelques pages de son propre univers, créant ainsi un dialogue entre Bach et ses inspirations personnelles. Ces pages (inédites pour moi) sont sans doute celles qui m’ont le plus emballé au cours de cette soirée. Yeni Hayar : Sonate pour piano op. 99 m’a permis de voir pour la première fois une utilisation du piano que je ne connaissais pas : il plonge son bras à l’intérieur de l’instrument et manipule directement les cordes avec ses doigts. Cet usage original a totalement modifié ma perception de cet instrument. Frissons garantis, comme vous pouvez le voir et l’entendre dans la vidéo ci-dessous.

J’ai apprécié les mêmes qualités dans le morceau Kara Toprak. En revanche, ses quatre ballades (Nazim, Ses, Kumru et Winter Morning in Istambul), beaucoup plus mélodieuses, m’ont moins convaincu. Mais la dernière partie du concert consacrée aux variations jazz de grands standards fut une véritable apothéose. On a forcément souri en entendant la Marche Turque de Mozart allègrement déstructurée, et eu le ventre rempli de papillons aux notes de Summertime (le fait que Gershwin fasse partie de mes compositeurs préférés n’y est peut-être pas étranger).


Avec ce concert inaugural, le Festival Piano aux Jacobins a donné le ton de cette nouvelle édition : exigence artistique, audace dans la programmation et ouverture sur le monde. Les amateurs de piano peuvent s’attendre à de belles émotions tout au long du mois de septembre dans ce cloître qui, chaque soir, se transforme en écrin sonore d’exception.

En ce qui nous concerne, nous serons présents aux prochains rendez-vous, notamment pour les concerts de Clayton Stephenson le 10 septembre (où il interprètera, entre autres, Rhapsody in Blue de Gershwin) et Vanessa Wagner le 12 septembre (avec l’intégrale des Études pour piano de Philip Glass). Le festival se poursuivra jusqu’à la fin du mois, avec un final très prometteur : le concert d’Elisabeth Leonskaja & Mihály Berecz. Un passage de flambeau entre deux générations qu’il ne faudra pas manquer. Serez-vous au rendez-vous ?

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culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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