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Octobre 2025, le bilan culturel

by Julien
Bilan Halloween © Culture déconfiture

Joyeux Halloween à tous ! En ce jour maléfique, nous vous proposons une petite rétrospective sur les spectacles, concerts, films, lectures et autres curiosités culturelles découvertes pendant le mois d’octobre 2025 (il y en a 16 ce mois-ci). C’est parti pour l’antépénultième bilan culturel de l’année.


Au cinema

Le film Une bataille après l’autre est aussi captivant visuellement que passionnant dans son écriture et brillant dans son interprétation. Généralement, quand Leonardo DiCaprio est à l’affiche d’un film, on sait qu’il y a peu de chances que ce soit un navet. Une fois de plus, la promesse est tenue. Aux côtés de la jeune Chase Infiniti, il joue un ancien anarchiste révolutionnaire en robe de chambre, un véritable loser à la fois grotesque et sublime.

La première demi-heure amorce une réflexion politique qui se dilue ensuite dans une chasse à l’homme un peu plus conventionnelle. La force du film repose sur le fragile équilibre entre l’action et l’humour. Le film n’a pas peur du ridicule des situations surréalistes qu’il met en scène, qui sont pourtant le reflet glaçant et à peine caricaturé de l’actualité d’une Amérique proto-fasciste et polarisée comme jamais. Paul Thomas Anderson y prolonge ses thèmes fétiches : les dérives sectaires du capitalisme et de la religion, aujourd’hui indissociables. Ceci dit, le scénario ne pousse pas plus loin la comprenette ni l’analyse.

Énième adaptation d’un roman de Stephen King, pas grand chose à dire sur ce film assez violent qui filme 1h45 durant un groupe d’adolescents qui marchent… ou crèvent. En 1979, quand le roman a été écrit, l’idée était géniale. Mais au cinéma ou dans des séries, le concept a depuis été souvent revisité et amélioré, ce qui rend ce film très dispensable.


Au theatre

On ne peut pas dire que le mois ait bien commencé sur le plan théâtral. Avec cette mise en scène et cette distribution sans émotion, Guillaume Séverac-Schmitz a sans doute signé l’une de ses pires adaptations, après un Tartuffe bien plus réussi et un Richard III en demi-teinte. Que nous réserve la suite de son ascension ? On n’est pas tellement pressés de le savoir…

Roméo et Juliette Théâtre de la Cité Guillaume Séverac-Schmitz © Fabien Sans Image
Roméo et Juliette au Théâtre de la Cité, par Guillaume Séverac-Schmitz © Fabien Sans Image

En amont des représentations de «   », Camille Boitel proposait une performance audacieuse à proximité du Théâtre Garonne. Suspendue à un platane par des filins tenus pas les spectateurs, la danseuses prend son envol et se contorsionne au gré des gestes de son public. Une proposition originale et poétique !

20251005 Camille Boitel © Culture déconfiture
Camille Boitel le 05 octobre 2025 © Culture déconfiture

Le premier quart d’heure est totalement déglingo. Je n’avais jamais vu une compagnie mettre un bazar pareil dans un théâtre. Le nettoyage est tout aussi incroyable. La suite du spectacle (entre une danseuses qui échappe à la pesanteur et un danseur irrésistiblement attiré par la gravité) est un peu plus conventionnelle.

Camille Boitel © Laurent Philippe
«   », de Camille Boitel © Laurent Philippe

Dans le cadre du festival Polar du Sud, Roland Gigoi à la lecture et Roman Gigoi-Gary à la clarinette ont mis en voix et en musique des extraits du roman de Nicolas Lebel, Peines perdues, qui raconte le quotidien de détenus dans un centre pénitencière. Il ne pouvait y avoir de cadre plus idoine pour accueillir cette performance que la prison Saint-Michel, qui a ouvert ses portes aux deux artistes, père et fils. Une belle découverte !

Moi qui ne suis pas fan des spectacles de stand-up, j’ai adoré la proposition de Marion Mezadorian qui a imaginé diverses situations dans lesquelles on a envie de craquer. Littéralement. De la mère sous pression à la coiffeuse à deux doigts du burn out, jusqu’aux sujets plus sensibles des migrations et de l’inceste, tout y passe avec humour et intelligence. Je ne connaissais pas cette comédienne, mais ce spectacle m’a donné envie de découvrir un peu plus sous univers.

Marion Mezadorian Craquage
Marion Mezadorian – Craquage

Et si une énième réforme proposait de remettre un peu de poésie dans notre quotidien ? C’est ce qu’a imaginé le groupe Badinger avec cette revisite de L’Illusion Comique de Corneille. Trois « experts » sont chargés par le gouvernement de nous refamiliariser avec l’alexandrin, le vers le plus noble de la langue française. Entre didactique et humour, le spectacle brouille les frontières entre fiction et réalité. Et c’est assez jubilatoire.

Connue pour ses chroniques à la radio, Mahaut Drama est aussi une femme de scène. Dans Drama Queen, elle partage à un rythme effréné ses expériences d’érotomane, de féministe engagée et de jeune fille en mal d’amour, sans filtre ni pudeur. Efficace.

Mahaut Drama Drama Queen
Mahaut Drama – Drama Queen

En concert

Je ne connaissais que très mal cette chanteuse pop, et il a fallu une collaboration avec l’Orchestre National du Capitole pour que je me décide à aller découvrir son répertoire en live. Quel beau spectacle. Des textes à l’interprétation, tout fait mouche ! Je ne sais pas si j’aurais été aussi conquis si j’avais écouté les versions originales (et électro) de sa discographie, mais en tous cas cette version symphonique m’a totalement séduit !

Zaho de Sagazan symphonique © Elizaveta Porodina
Zaho de Sagazan symphonique © Elizaveta Porodina

Voilà un chanteur dont je connaissais une pléiade de chansons sans le savoir. Quand j’ai su que Stephan Eicher avait collaboré avec le metteur en scène François Gremaud (mon chouchouuuu), j’ai tout de suite pris ma place. Entre concert et stand-up, ce spectacle intime retrace le parcours du chanteur suisse des années 80 à nos jours. Comme toujours avec Gremaud, c’est touchant et drôle à la fois. Très belle découverte !

Stephan Eicher 20251012 Théâtre de la Cité Pink Paradize © Culture déconfiture
Stephan Eicher au Théâtre de la Cité le 12 octobre 2025 pour le Pink Paradize © Culture déconfiture

Quelle soirée, avec l’Oiseau Joli, La Baronne du Bronx, David Noir, Mika Rambar, Monsieur K, Carmen Maria Vega et tous les autres… Numéros d’effeuillage, reprise stupéfiante de La Ballade des gens heureux par Hitler, résurrection inattendue d’Edith Piaf, duo sensuel sur un air de Nicole Croisille (« Une femme avec toi » devenu « Une gouine avec toi »), revisite de Cold Song de Purcell avec de nouvelles paroles (« Si moi j’avance et que toi tu recules, comment veux-tu, comment veux-tu ? »)… Énumérer tous les numéros de ces 3 heures de cabaret serait trop long, mais une chose est sûre : je n’ai pas vu le temps passer ! Merci au Théâtre de la Cité de nous proposer des spectacles un peu différents de la programmation habituelle.


Lectures

Le Chat est de retour en 2025 pour un 25e numéro. Cette fois-ci, il nous parle de ses origines, de sa rencontre avec son dessinateur Philippe Geluck (après avoir essuyé le refus d’Hergé), le tout entrecoupé de petites blagues sont lui seul a le secret. Pas vraiment de surprise dans ce nouvel opus, mais un plaisir toujours intact.

L'origine du chat Philippe Geluck
L’Origine du Chat, Philippe Geluck

Je n’avais jamais lu de roman de Bernard Minier, mais j’ai trouvé celui-ci dans une boîte à livres. L’occasion fait le larron, je me suis lancé dans la lecture de ce thriller signé par l’un des plus gros vendeurs du moment… Le style est insipide, l’histoire stupide à souhait, la résolution désolante. Je vous laisse découvrir la critique d’Allychachoo ici, car elle est beaucoup plus calée sur ce type de littérature et s’est montrée plus indulgente que moi avec ce roman-là. À vous de voir si vous vous reconnaissez mieux dans sa critique que dans la mienne.

m le bord de l'abime bernard minier critique avis
Allychachoo parlait de M le bord de l’abîme peu après sa sortie en 2020

Comme l’amour l’herbe manquait par endroits est un recueil de poèmes courts où chaque texte capte dans l’instant un léger déplacement du monde. Une manière pour Aurore Matuchet de photographier le désir dans ce qu’il a de plus quotidien et de plus fragile. Certains textes sont presque des haïkus. La mise en page, comme toujours dans les livres édités par La 21ème saison, met le texte en valeur en lui permettant de respirer. Comme on feuillette un album photo, on devine un lien entre les différents textes, mais il n’y a pas non plus de trame narrative comme dans un roman. Les images, sans êtres hermétiques, sont parfois dans la suggestion et font penser à la poésie d’Eluard.

Comme l'amour l'herbe manquait par endroits © Culture déconfiture
Comme l’amour l’herbe manquait par endroits, d’Aurore Matuchet © Culture déconfiture

Quelle drôle de sensation de relire Indignez-vous ! en 2025, un essai tellement rempli d’espoir mais que les événements des dernières décennies n’ont fait que démentir… Cet appel à une insurrection pacifiste contre les moyens de communication de masse (qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous) est plus que jamais d’actualité. Notamment au Moyen-Orient, dont Hessel parle beaucoup dans ce pamphlet. Rappelons d’ailleurs les termes de l’appel du 8 mars 2004 : « le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et sœurs de la Résistance et des Nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est toujours intacte ». À bon entendeur !


Et vous, qu’avez-vous vu et lu de chouette ce mois-ci ?

Qui a écrit cet article ?

culture déconfiture Julien

Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.

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