Dernier soir pour découvrir Neige de Pauline Bureau au Théâtre de la Cité, un spectacle entre ombres et lumière qui revisite avec finesse et émotion l’univers du conte pour le mettre au service d’un récit contemporain et profondément humain. Avec cette création, l’autrice et metteuse en scène confirme sa capacité à faire résonner des enjeux de société dans une écriture scénique inventive et accessible à tous.
Neige : une héroïne moderne dans un monde glaçant
Inspirée très librement du conte de Blanche-Neige (auquel le titre fait écho), Neige raconte le parcours initiatique d’une jeune fille confrontée à une société brutale, où la violence des rapports humains fait encore loi, jusqu’au sein du foyer. On y suit l’exil de Neige, ses rencontres, ses révoltes et ses rêves d’amour.
La mise en scène mêle habilement vidéo, musique et jeu d’acteurs sensible, créant un univers onirique sans jamais perdre de vue le réel. Nous sommes dans une forêt de conte de fées (le spectacle a reçu en 2024 le Molière de la création visuelle & sonore) et pourtant le récit est bien ancré dans le monde contemporain : une citerne d’eau, une chambre d’adolescente, un restaurant au sommet d’un building… L’esthétique en clair-obscur, les scènes suspendues dans un décor mouvant, ne sont pas sans évoquer les ambiances feutrées et symboliques de Joël Pommerat.
Une réécriture engagée à la manière de Pommerat
Comme dans les spectacles pour la jeunesse de Joël Pommerat, Pauline Bureau propose ici une réécriture où le merveilleux sert de filtre pour regarder notre époque. On pense notamment à Cendrillon ou au Petit Chaperon rouge, où l’auteur donne chair à des figures archétypales tout en les ancrant dans la modernité. Neige procède d’un même geste : faire d’un mythe un miroir.
Le texte, d’une grande justesse, alterne humour, émotion et tension dramatique. Il donne la parole à la jeunesse, mais le discours est loin d’être simpliste et infantile. D’ailleurs, les adultes ressortent aussi enchantés que les enfants de ce conte contemporain.
Neige est un spectacle qui parle de résilience, de transmission, d’amitié, de réconciliation. Il touche autant par sa beauté formelle que par son propos. À l’image du théâtre de Pommerat, celui de Pauline Bureau prend les spectateurs par la main pour mieux les émouvoir – et ressusciter leur enfant intérieur. Une réussite, à ne pas manquer au Théâtre de la Cité ou ailleurs.
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
