Un peu tardivement, je suis allé voir Moonlight que beaucoup de monde m’avait recommandé. Je n’ai pas regretté, ce film aux 34 récompenses (dont 3 oscars) vous fait vraiment passer 1h50 pleine d’émotions !
A l’image du visage qui se dessine sur l’affiche, Moonlight se divise en trois chapitres, qui sont trois moments de la vie de son jeune héros : Chiron. Enfant, adolescent, jeune adulte, Chiron se cherche et essaye de trouver sa place dans le monde. Pas facile quand on grandit avec une mère junkie, dans des quartiers difficiles de Miami.
Ce qui va aider Chiron dans sa quête identitaire, c’est d’abord sa rencontre avec Blue, un dealer de crack, alors qu’il n’a encore que 9 ans et est opprimé par ses camarades. Comme un père de substitution, Blue va protéger Chiron et lui donner les clés qui l’aideront à comprendre qui il est. Blue, en réalité, s’appelle Juan. Mais une nuit qu’il courait au clair de lune, une vieille dame lui a dit que la peau des afro-américains, au clair de lune (moonlight), avait l’air bleu. Depuis, il en a gardé ce surnom : Blue. Une belle métaphore sur ce qui forge une identité et sur ce qu’un nom révèle de nous. Ce sont d’ailleurs les noms et surnoms du héros qui servent de titre aux trois chapitres du film : 1. Little ; 2. Chiron ; 3. Black.
Le film reste longtemps à l’esprit après l’avoir vu. Ses interprètes sont extrêmement crédibles et proposent un jeu très nuancé, sans les excès et le grimaces que l’on voit dans les films « à performance ». Cette simplicité a valu à Mahershala Ali l’oscar du meilleur acteur dans un second rôle, selon moi bien mérité. Les regards sont particulièrement forts, et je trouve que le casting a été très réussi pour trouver des interprètes qui jouent les mêmes personnages à 10 puis 20 ans d’intervalle. Ce n’est pas toujours réussi dans ce genre de film qui s’étale sur plusieurs décennies (à moins de faire comme Richard Linklater, réalisateur de Boyhood, et de tourner le film pendant 12 ans avec les mêmes acteurs qui vieillissent en temps réel à l’écran). Dans Moonlight, le casting est impeccable et très naturel. On ne se pose même pas la question du changement d’interprète, sans doute encore grâce à la qualité de travail sur les regards, si profonds.
Si, comme moi, vous avez tardé à voir ce film, ne perdez pas un instant, car il n’est pas garanti qu’il reste à l’affiche encore longtemps !
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Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.