Vingt-cinquième album pour Le Chat de Philippe Geluck, et pas une ride sous les moustaches. En 2025, le félin le plus flegmatique de la bande dessinée revient pour un opus un peu particulier : il y raconte ses origines, ses débuts, et surtout cette relation unique qu’il entretient avec son créateur. Vous le savez, sur Culture déconfiture on adore le Chat (Allychachoo vous parlait ici de son expo parisienne et moi de son escale bordelaise là), donc on ne pouvait pas passer à côté de ce nouvel album, paru la semaine dernière et intitulé L’Origine du Chat.
L’origine du Chat : un autoportrait malicieux
Dans ce volume anniversaire, Geluck fait dialoguer son personnage avec lui-même, comme deux vieux complices qui se connaissent par cœur. Entre confidences, clins d’œil et bons mots, Le Chat s’interroge sur sa propre existence dessinée, avec cette même ironie feutrée qui lui sied si bien. L’humour, toujours absurde et tendre à la fois, continue de viser juste : les travers humains, le quotidien et ses petites absurdités.
Les rendez-vous manqués
Et si le Chat état né sous le crayon d’un autre auteur de BD ? Dans ce récit d’origine, Geluck imagine que son personnage ait tenté d’approcher d’autres grands noms de la bande dessinée belge… sans succès. Autant de refus qui, avec le recul, ressemblent à d’heureux accidents. Car sans ces portes closes, peut-être n’aurions-nous jamais connu ce félin philosophe, mi-gourou, mi-farceur, devenu l’un des visages les plus reconnaissables de la bande dessinée francophone.
Ce vingt-cinquième album est aussi l’occasion de revoir la toute première apparence du Chat et ses premiers gags, lorsqu’il n’y avait pas encore d’albums mais de simples apparitions dans les suppléments du journal belge Le Soir en 1983.
Un plaisir intact
Pas de révolution dans ce vingt-cinquième album, mais un plaisir inchangé. On retrouve cette écriture visuelle limpide, ce sens du décalage qui rend chaque planche à la fois légère et réfléchie. Geluck n’a plus rien à prouver, et cela se sent : son trait respire, son humour aussi. Le Chat reste égal à lui-même, imperturbable, observateur du monde comme d’un aquarium géant.
La fin de l’album laisse même déjà espérer un 26ème album car le Chat n’est pas encore prêt à tirer sa révérence, pour notre plus grand plaisir !
Vingt-cinq albums après ses débuts, Le Chat n’a rien perdu de son flegme ni de sa sagesse absurde — et tant mieux, car personne ne le fait ronronner comme Geluck.
Qui a écrit cet article ?
Faire la sieste sous les tropiques, parler littérature, théâtre et cinéma, écouter le craquement du glaçon plongé dans l'eau, frissonner avec Lovecraft, planifier des voyages en Italie... J'adore l'esprit rabelaisien, l'accent du sud-ouest et autres futilités de l'existence.
